«La classe politique doit se ressaisir»
«Le changement vers quoi? Le peuple répondra-t-il à l’appel lancé? Ce sont des questions majeures posées par cet homme politique»
Les partis islamistes, toutes catégories confondues, prédominent la Cltd. Les dirigeants du FIS dissous tentent de camper sur l’initiative de l’opposition pour revenir sur la scène politique. Dans ce contexte, Mokrane Aït Larbi, avocat, homme politique et militant des droits de l’homme, a émis un certain nombre de remarques sur la conférence nationale de transition démocratique. «Il y a une tentative du retour au Sant’Egidio malgré que l’un des signataires de cette plate-forme a revendiqué l’attentat terroriste commis au boulevard Amirouche et ayant occasionné la mort de dizaines de victimes civiles.»
M.Aït Larbi précise que «ces tentatives qui font partie de la crise ne pourront, en aucun cas, constituer des éléments de la solution. Et si l’on persiste sur cette voie, on s’acheminera inexorablement vers une impasse insurmontable», a-t-il fait remarquer.
«La coordination a été sous la prédominance des partis islamistes», est-il également relevé. Ainsi, pour mettre cette initiative sur les rails vers le changement, pacifique et ordonné «du système qui respectera les libertés publiques, les droits de l’homme et sa dignité, la justice sociale dans le cadre d’un Etat de droit régi par des lois humaines, il est impératif d’équilibrer cette fédération par son renforcement par d’autres partis et parties d’obédience démocratiques», a-t-il noté.
Si les partis politiques sont cloisonnés jusqu’ici en partis islamistes, nationalistes et laïcs, en revanche, la réalité démontre, que ces partis se trouvent, aussi bien au pouvoir que dans l’opposition. «De ce fait, il serait plus judicieux de les classer en fonction de la continuité du système (adeptes de la démocratie de façade) et forces de changement pacifique», propose-t-il. Le changement vers quoi? C’est la question majeure que pose Mokrane Aït Larbi.
Il rappelle que «dans la démocratie de façade, l’obtention de la majorité au terme d’une élection libre et transparente soit-elle, n’est pas suffisante pour changer le projet de société, toucher à l’ordre républicain comme consigné dans l’appel du 1er Novembre 1954 et les décisions de la plate-forme du Congrès de la Soummam».
La majorité donne la possibilité de constituer le gouvernement et appliquer le programme proposé lors de la campagne électorale «sans porter atteinte aux principes et fondements de la société qui sont l’amazighité, l’arabité, le système républicain et l’Etat de droit humain», relève-t-il.
«Aucune majorité et ce quelles que soient sa nature et sa force ne pourra exiger au peuple algérien de changer ses habitudes alimentaires et vestimentaires comme ce fut le cas lorsque le FIS dissous a obtenu la majorité à l’issue des élections de décembre 1991.»
Le rôle que doit jouer l’armée dans la situation actuelle demeure posé dans la mesure où cette institution constitue le principal centre de décision depuis l’indépendance vu l’échec voulu ou pas de la classe politique. Cela, souligne-t-il «appelle l’armée à s’impliquer pour assurer ce processus démocratique avant de se consacrer à ses missions constitutionnelles classiques qui sont le propre de toutes les armées dans les sociétés démocratiques».
Le peuple répondra-t-il à l’appel lancé par les acteurs politiques de la coordination? C’est la question qui s’impose d’elle-même selon M.Aït Larbi.
«Cette question est tributaire de la clarté des objectifs tracés et la capacité de l’opposition à poursuivre son travail de mobilisation avec efficacité pour donner la crédibilité à cette initiative», indique-t-il.
«Autant que le fossé se creuse davantage entre l’opposition et le pouvoir, d’un côté, et entre les partis et la population, d’un autre, «autant le travail à accomplir pour convaincre et construire le rapport de force sera de longue haleine», soutient-il encore.
Car, poursuit-il «le peuple sait par expérience que l’objectif des partis politiques n’a pas dépassé la course ou l’alternance au pouvoir».
Dans ce contexte, il estime que «la classe politique doit se ressaisir, faire son mea culpa ouvertement et, notamment écouter le peuple avant de parler en son nom».
M.Aït Larbi s’engage à soutenir toutes les résolutions de ladite conférence et la faire participer aux préparatifs de la deuxième conférence qui sera consacrée à la levée de toute équivoque et clarifier les questions restées en suspens.