A l’approche de cette nuit du 27e jour du ramadan, traditionnellement réservée aux circoncisions, le ministère de la Santé prend les devants en rappelant les règles à respecter. On se souvient tous des véritables drames qui ont marqué à vie des enfants circoncis dans des conditions où les règles d’hygiène et de stérilisation du matériel n’ont pas été respectées, notamment à El-Khroub, Oran et Béchar où la fête s’est transformée en tragédie.
C’est ce qu’a indiqué hier mercredi le communiqué diffusé par ministère de la Santé qui rappelle que ces dispositions «exclusives» procèdent du souci de préserver la santé et l’intégrité des enfants concernés. Ces mesures sont aussi dictées par «la nécessité d’œuvrer à éviter que ne se renouvellent des accidents douloureux qui ont transformé en deuil un acte de foi et de joie», ajoute le communiqué. Qu’il soit individuel ou pratiqué dans le cadre d’une campagne collective, l’acte de circoncision est «soumis aux dispositions réglementaires en vigueur», insiste le ministère de la Santé. Les parents sont appelés dans ce cadre à prendre leurs responsabilités et comprendre que la circoncision n’est pas une opération anodine et doit être menée par un spécialiste et non un «hajjam». Le risque de ces interventions pratiquées en dehors des établissements sanitaires est certain.
Rien à voir avec l’intervention pratiquée dans une structure sanitaire où l’enfant est soumis à des examens préopératoires bien avant le jour «J», le milieu est stérilisé et une anesthésie générale ou locale selon les cas est assurée. Le corps médical chargé de réaliser cet acte devrait même refuser de le faire s’il ne réunit pas toutes les conditions de sécurité requises, selon le ministère.
Cette mise en garde intervient alors que des campagnes de circoncision collectives ciblant les enfants issus de familles démunies viennent d’être lancées à travers l’ensemble du territoire national. Cette action devenue depuis une vingtaine d’années une tradition est actuellement dénoncée par les spécialistes. Pour eux, c’est lors des campagnes de circoncisions collectives que ces drames sont le plus souvent enregistrés. Car «même si le médecin est qualifié, il ne pourra pas procéder à la circoncision de vingt, trente, voire plus d’enfants à la fois !», dénoncent-ils.
On se souvient tous du drame survenu lors d’une campagne de circoncisions collectives à El-Khroub (Constantine) qui a entraîné des lésions dangereuses et des handicaps permanents à plusieurs enfants.
Cette affaire dramatique remonte au 30 octobre 2005, un jour qui devait être celui de la fête et de la joie, s’est transformé en tragédie pour une dizaine de familles. L’opération a été organisée par l’APC d’El-Khroub et le «recrutement» des enfants s’est effectué au sein de la mosquée. Ainsi 87 enfants seront circoncis collectivement dans une école, juste après la prière des «tarawih» par deux chirurgiens assistés par une équipe paramédicale. Le lendemain, certains enfants commenceront à présenter des signes de complication avec des difficultés à uriner. Le 3e jour, avec les changements de pansement, le doute s’installe chez beaucoup de parents. Jusqu’à aujourd’hui neuf enfants souffrent encore de cet acte non maîtrisé dont trois cas graves alors que deux ont perdu complètement leurs verges. Et pour cause, le geste s’est déroulé dans une pagaille et désordre incroyables, racontent les parents désemparés. Certains ont même parlé de boucherie. Ce ne fut pas le seul drame. Il ne se passe pas une année sans que des handicaps sérieux soient relevés à l’issue des cérémonies de circoncision.
A.B
