Deux poids lourds du paysage politique français plaident pour une reconnaissance officielle de la répression du 17 octobre. Michel Rocard, ancien Premier ministre (PS), et Alain Joxe, ancien ministre de l’Intérieur et de la Défense (PS) sous Mitterrand estiment «venu» le temps d’une reconnaissance officielle de «cette tragédie dont la mémoire est aussi bien française qu’algérienne».
Michel Rocard et Pierre Joxe apposent leurs signatures au bas d’un appel destiné aux autorités françaises. Ils figurent aux côtés d’autres figures de proue de la résistance et de l’anticolonialisme. Y figurent, entre autres, les résistants Raymond Aubrac, Stéphane Hessel et Edgar Morin, l’ancien président de la Ligue (française) des droits de l’homme Me Henri Leclerc, le fondateur du Nouvel Observateur Jean Daniel, le directeur des Temps Modernes (et compagnon de Jean-Paul Sartre) Claude Lanzmann, l’écrivain et ancien éditeur François Maspéro, les historiens Gilles Manceron, Benjamin Stora et Jean-Luc Einaudi, etc.
«La répression policière de cette protestation non violente est une des pages les plus sombres de notre histoire, s’émeuvent les signataires. Longtemps dissimulée à l’opinion et désormais établie par les historiens, elle fut féroce».
En témoigne son bilan : onze mille arrestations, des dizaines d’assassinats, «dont de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balle, frappés à mort». Les victimes «oubliées» du couvre-feu «raciste» décrété par Maurice Papon «travaillaient, habitaient et vivaient» en France. «Nous leur devons cette justice élémentaire, celle du souvenir».
Pour les signataires de l’appel, reconnaître les crimes du 17 octobre 1961, «c’est aussi ouvrir les pages d’une histoire apaisée entre les deux rives de la Méditerranée». En 2012, l’Algérie fêtera cinquante ans d’une indépendance qui «fut aussi une déchirure française». A l’orée de cette commémoration, estiment les personnalités signataires, «seule la vérité est gage de réconciliation» entre les deux pays et les deux peuples.
«Ni vengeance, ni repentance, mais justice de la vérité et réconciliation des peuples : c’est ainsi que nous construirons une nouvelle fraternité franco-algérienne».
S. K.