L’absence de promptitude “chez les instances habilitées” à mettre en œuvre les changements à chaque fois que nécessaire résulte de la sclérose qui a rongé les institutions du fait de la maladie et de la convalescence prolongée du chef de l’État.
Dimanche matin, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui présidait le premier Conseil des ministres de l’année 2015, a ordonné d’opérer sans délai des changements à la tête de certaines institutions financières publiques et entreprises publiques économiques.
La proximité de l’ordre ainsi intimé avec le remaniement ministériel intervenu en deux actes quelques jours auparavant peut aisément faire penser à une redéfinition d’une lettre de mission pour le gouvernement.
Or, à y regarder de plus près les changements effectués, il apparaît clairement qu’il ne s’agit rien de plus que d’un léger mouvement dans le statu quo général. Même s’il y a assurément matière à s’interroger sur le mode de communication qui a prévalu pour ces changements, il reste que, en elles-mêmes, les nominations décidées sont des actes de gouvernance ordinaires, rendus, toutefois, impératifs par des situations durables d’intérims, de maladie ou de longévité au poste.
Hormis, peut-être, le remplacement du P-DG d’Air Algérie, Mohamed-Salah Boultif, par le DG des douanes, Mohamed-Abdou Bouderbala, qui pourrait répondre de considérations autres, le reste des nominations-permutations est venu mettre fin à une situation d’atonie dans la gestion des institutions financières et des entreprises publiques économiques. Le P-DG de la BDL relevé, Mohamed Arslan Bechtarzi, était à la tête de la banque depuis près de 15 ans. Il a largement dépassé l’âge de départ à la retraite.
Le P-DG de la Cnep, Djamel Bessa, était malade et n’assumait plus la direction de sa banque. Les P-DG du CPA et de la BNA étaient des intérimaires. Tout comme était intérimaire, depuis plusieurs mois, le P-DG de Sonatrach, M. Sahnoun, qui vient d’être remplacé par Amine Mazouzi.
Si l’injonction du chef de l’État a pris le caractère d’urgence, c’est parce que les confirmations aux postes ont tardé à intervenir. Paradoxalement d’ailleurs, puisque la conjoncture politique et économique exige chez les responsables un sens affirmé de la décision. Ce à quoi ne peut se rendre évidemment un responsable intérimaire.
Cependant, il faut dire que de telles situations n’auraient pas pu exister si les institutions politiques fonctionnaient normalement. L’absence de promptitude “chez les instances habilitées” à mettre en œuvre les changements à chaque fois que nécessaire résulte de la sclérose qui a rongé les institutions du fait de la maladie et de la convalescence prolongée du chef de l’État. Le ralenti dans la cadence de travail du président de la République a fini, au fil des ans, par déteindre sur le rythme de la vie institutionnelle, caractérisée par un manque de réactivité face à des situations qui appellent à des décisions diligentes. La torpeur institutionnelle est cependant loin d’être finie avec “l’ordre” de Bouteflika aux instances habilitées à procéder à des changements.
Un ordre qui a fait, faut-il le souligner, l’objet d’une communication appropriée. Il y a certainement un lien entre le procédé, inédit, auquel a recouru le chef de l’État pour instruire les changements et les commentaires ayant concerné le remaniement ministériel et son correctif, quatre jours après. La question de savoir si Bouteflika avait réellement une maîtrise sur le processus a été effectivement posée, à juste tire. D’aucuns ont osé répondre par la négative, arguant que le chef de l’État n’était intervenu que pour corriger une incongruité commise par ceux, autres, qui avaient configuré le nouveau gouvernement.
Sa sortie de dimanche matin serait alors une façon de démentir les
assertions qui mettent à mal sa présidence.
S. A .I