De toute évidence, Chakib Khelil tente de garder son aplomb et de répliquer, mais il y a le fait certain, et prouvé, que loin de l’Algérie, ce sont des sociétés multinationales et des juridictions étrangères qui lui portent aujourd’hui l’estocade, le citant nommément et l’incriminant personnellement…
L’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, prépare la riposte. En tout cas, il donne l’impression de gérer son dossier, en répondant pratiquement à toutes les sollicitations des chaînes de télévision américaines depuis cinq jours.
On apprend ainsi que l’ancien patron de Sonatrach et de la Banque mondiale est en train de constituer son collectif d’avocats, dont 90% seront des Algériens, et que c’est sur la base de l’épluchement de ce collectif de son dossier qu’il prendra la décision de rentrer ou non en Algérie.
Il promet en outre de faire un déballage public de la gestion de Sonatrach avant lui, précisant que c’est lui qui avait instauré le système du recours aux avis d’appel d’offres internationaux, et les contrats sont octroyés en amont et en aval, et qu’il avait juste un droit de regard sur les contrats paraphés par les directeurs centraux.
A aucun moment Chakib Khelil n’a cité un nom ou incriminé un autre responsable, faisant rejeter la balle toujours loin de son camp. Dernière chaîne en date à l’interviewer, la chaîne américaine Bloomberg a diffusé jeudi des réponses sur le sujet des dossiers de corruption dont il est soupçonné d’être une des clés de voûte. Très à l’aise jeudi dernier, face aux questions posées par Bloomberg, Chakib Khelil : « Je n’ai pas reçu de mandat d’arrêt, et je voudrais faire une déclaration pour remédier aux graves allégations en ce qui concerne ma personne. D’abord, je n’ai rien fait de mal dans l’exercice de mes fonctions de gestionnaire au cours de la période 1999-2010; plutôt, je suis très fier de ma réussite dans toutes les activités que j’ai menées pour mon pays. J’ai exercé dans les hydrocarbures, l’énergie et les mines, et même l’eau et le dessalement. J’ai évidemment eu des contacts avec des chefs d’entreprises étrangères quand il était nécessaire de le faire. Vous savez, pour résoudre les questions en suspens avec ces sociétés, il n’y a jamais eu aucun intermédiaire entre moi et toute autre entreprise, et les allégations selon lesquelles j’ai bénéficié matériellement de mes contacts avec les sociétés étrangères sont vraiment de pures inventions ! En tant que ministre aussi, je tiens à souligner que je n’avais aucune prérogative envers tout contrat pour l’équipement matériel et des services. Toute allégation a contrario est une pure invention et une intention de semer le doute dans l’esprit des gens. Seules les directions des entreprises et des secteurs comme Sonatrach, Sonelgaz, etc., ont la prérogative de mener et de finaliser le contrat après assurance de l’application de la procédure d’appel d’offres. Au cours de mes dix ans comme ministre, à ma connaissance, tous les contrats sont attribués conformément aux procédures d’appel d’offres établies par les entreprises… ».
Sur le mandat d’arrêt international lancé contre lui, il précise : « Je n’ai pas été contacté officiellement. J’ai été contacté uniquement par la presse locale en Algérie, par des journaux locaux, contacts auxquels j’ai évidemment répondu. Je n’ai pas été contacté par les autorités concernant l’accusation. Donc je ne sais pas quelles sont les charges, qui constituent évidemment une grande surprise pour moi ». A quand son retour en Algérie ? Il répond : « A ce stade, je ne sais pas, mais, je suis un citoyen algérien, alors, je suis prêt à rentrer et à faire face à l’accusation ».
De toute évidence, Chakib Khelil tente de garder son aplomb et de répliquer, mais il y a le fait certain, et prouvé, que loin de l’Algérie, ce sont des sociétés multinationales et des juridictions étrangères qui lui portent aujourd’hui l’estocade, le citant nommément et l’incriminant personnellement…
Fayçal Oukaci