Cancers d’origine professionnelle: Qu’en est-il en Algérie?

Cancers d’origine professionnelle: Qu’en est-il en Algérie?

Le mésothéliome est un cancer dont 85% des cas sont engendrés par la forte exposition à l’amiante.

L’auditorium du Centre hospitalo-universitaire Nédir-Mohamed de la ville de Tizi Ouzou abritera demain les premières Journées nationales sur la médecine du travail. Cette rencontre éminemment scientifique se penchera sur un thème encore méconnu dans notre pays.

Des médecins et chercheurs interviendront donc durant cette journée autour du thème des cancers d’origine professionnelle.

En effet, même si le programme des conférences n’est pas encore connu, il n’en demeure pas moins que ce thème, choisi par les responsables du CHU, est une suite logique de la démarche scientifique impulsée à cet établissement qui a pleinement retrouvé sa vocation universitaire ces dernières années. Les maladies professionnelles ont longtemps été un tabou dans plusieurs secteurs d’activité. Encore plus les cancers d’origine professionnelle qui demeurent méconnus dans les milieux des salariés, voire des entreprises.

En effet, la liste des cancers d’origine professionnelle est très longue. La majeure partie reste encore hélas non reconnue comme maladie professionnelle. Cette non-reconnaissance laisse le malade sans aucune couverture sociale en cas de décès. En tête de ces cancers, les scientifiques pointent du doigt le cancer des poumons dont l’origine professionnelle est derrière 10% à 20% des cas.

Les principaux agents déclencheurs auxquels le travailleur est exposé sont entre autres l’amiante, l’arsenic, l’éther et le cadmium. D’autres composants sont également derrière la maladie, à savoir le goudron, le chrome, la suie et quelques dérivés du charbon, le nickel, certaines poussières et produits radioactifs ainsi que le silice. Les médecins affirment que les travailleurs de certains secteurs d’activité sont les plus exposés. L’on retrouve le Btph, l’industrie chimique, l’imprimerie, la métallurgie, les mines et les carrières, le nucléaire, le textile, le cuir, le verre et la sidérurgie.

L’on cite aussi le mésothéliome qui est un cancer dont 85% des cas sont engendrés par la forte exposition à l’amiante. Les cancers de la vessie et des voies urinaires sont à 14% d’origine professionnelle alors que les cancers du sang engendrés par le milieu professionnel sont de l’ordre de 5 à 18%. L’on retrouve également les cancers concernant l’ORL avec 7 à 40% d’origine professionnelle. Les cancers du foie et de la peau peuvent également être des facteurs déclencheurs sur les lieux de travail.

C’est pourquoi donc, la démarche du CHU de Tizi Ouzou est novatrice à maints égards. Connaître les origines des maladies ne permet pas uniquement de prévenir mais aussi de permettre aux malades de recouvrer des droits qu’ils n’auraient pas eu sans la reconnaissance scientifique préalable. La vulgarisation permet également de mieux identifier les maladies afin de pouvoir les diagnostiquer et les traiter à l’avance. Jusqu’à présent, la majeure partie des cas sont diagnostiqués avec un retard qui conduit souvent au décès du patient.

Enfin, notons que ces journées qui se tiennent au CHU sont l’occasion pour les médecins en quête de nouvelles innovations scientifiques dans le domaine de la médecine du travail. La recherche scientifique est la clé du développement de la médecine avant les financements et les infrastructures.