Après les meetings, place au suspense
Place désormais au suspense. Parmi les inconnues de ce scrutin figure en bonne place le spectre de l’abstention.
Trois questions au moins (le taux de participation, le score des islamistes et la performance du Front de libération nationale) passionnent les observateurs avertis qui scrutent à la loupe l’issue de ce rendez-vous électoral qui pourrait amorcer un tournant décisif dans la vie politique en Algérie. Certains leaders politiques y voient la naissance de la seconde République (Le Front des forces socialistes, le Parti des travailleurs…) qui se dessinera à travers la révision de la Constitution…
Place désormais au suspense. Parmi les inconnues de ce scrutin figure en bonne place le spectre de l’abstention qui doit donner des cauchemars et des sueurs froides aux quarante-quatre formations politiques en lice pour ce rendez-vous électoral qualifié d’historique. Les leaders des partis politiques qui, il faut le reconnaître, ont mouillé leur chemise pour tenter de ramener les récalcitrants à de meilleurs sentiments, ils seraient nombreux, et à se rendre en masse aux urnes, ont-ils atteint pour autant leur objectif? Ils ne pourront le savoir que le jour «J»: le 10 mai.
Le Premier ministre en a souligné l’enjeu. «Seule la participation massive au vote pourra nous prémunir de l’ingérence des ennemis de l’Algérie dans nos affaires internes au nom de la démocratie…Avec la participation de tous au vote, l’Algérie aura son indépendance pour la seconde fois…», a indiqué Ahmed Ouyahia lors du meeting qu’il a tenu samedi dans une salle Harcha qui lui était entièrement acquise. La préoccupation du SG du Rassemblement national démocratique est aussi partagée par les autres leaders politiques, à l’instar de la SG du Parti des travailleurs qui a appelé les citoyens à se constituer en force de mobilisation pour «barrer la route aux partisans du statu quo et du boycott… Voter, c’est aussi défendre les acquis du peuple et poursuivre le processus de réformes engagées dans le pays», a souligné Louisa Hanoune lors d’un meeting populaire, qu’elle a animé, samedi, à Gué de Constantine (Alger). La bataille pour faire échec à l’abstention s’est poursuivie jusqu’aux ultimes minutes de la campagne électorale pour convaincre les citoyens à exprimer massivement leurs suffrages le 10 mai 2012.
Les formations politiques, qui n’ont pas de recette miracle, pour juguler ce phénomène tant redouté par eux, n’avaient pour seule alternative que d’enchaîner les meetings à un rythme de plus en plus soutenu. C’est désormais chose faite. Il ne reste plus qu’à attendre ce qu’auront décidé les Algériennes et les Algériens.
Quand bien même l’Alliance pour l’Algérie verte annonce d’ores et déjà qu’elle sera la première force politique au lendemain du 10 mai, la surprise pourrait venir du flanc gauche de ce triumvirat constitué du MSP de Bouguerra Soltani, d’En Nahda de Fateh Rebaï, et d’El Islah de Hamlaoui Akouchi.
En effet, le Front pour la justice et le développement (FJD) de Abdallah Djaballah, pourrait sérieusement rogner un électorat que se disputent ces formations politiques d’obédience islamiste. Tribun attesté? le patron du FJD avait déjà supplanté le Mouvement de la société pour la paix en faisant d’ El Islah la troisième force politique du pays en remportant 43 sièges lors des élections législatives de 2002, avant d’être contraint de le quitter. Combien pèse aujourd’hui l’Alliance pour l’Algérie verte pour prétendre accéder à la plus haute marche du podium pour gouverner le pays? Les partis qui forment cette coalition totalisent, à eux trois, à peine 60 sièges au sein de l’APN. Ce qui serait insuffisant pour espérer constituer et diriger le futur Exécutif si les choses venaient à en rester là. Aucun indice sérieux ne montre que l’on se dirige vers un raz-de-marée vert. Il faut rappeler que tous les pronostics donnaient le Front de libération nationale favori, avant qu’il ne soit secoué par un mouvement de redressement. C’est donc tout à fait naturellement que les regards soient focalisés sur sa performance le 10 mai. Si l’ex-parti unique sort laminé de ce scrutin, il y a de fortes chances pour qu’il trace un boulevard pour le Rassemblement national démocratique, son concurrent le plus sérieux. Ahmed Ouyahia pourrait alors se succéder à lui-même. La partie n’est pas encore gagnée. Le secrétaire général du FLN, qui fait l’objet d’une fronde au sein de son parti, croît encore dur comme fer à la victoire. «Vu la réalité du terrain, et la fidélité affichée au FLN par nos bastions traditionnels, je pense que nous serons la première force politique du pays en 2012», avait affirmé Abdelaziz Belkhadem, au mois de décembre 2011, lors d’une conférence de presse qu’il avait tenue au siège du parti à Hydra (Alger). Arrivera-t-il à conserver cette majorité même relative le 10 mai? Si l’on se réfère aux statistiques, le FLN se situe sur une courbe descendante. Après avoir raflé 199 sièges en 2002, il n’a réussi à en conserver que 136 en 2007. Ce qui lui a suffi cependant à demeurer la première force politique du pays. Si cette tendance se confirme, la descente aux enfers sera assurée. On n’en est pas encore là… mais la conjoncture ne lui est pas favorable. Le rideau sur la campagne électorale est tombé. Les paris sont ouverts.