L’on n’aura pas mis beaucoup de temps pour savoir la trame des entrevues répétées entre le Président Bouteflika et le binôme composé du Premier ministre Abdelmalek Sellal et du chef d’état-major de l’ANP, Gaïd Salah. Ce dernier, reçu en audience autant de fois que Sellal, était destiné à hériter de la fonction de vice-ministre de la Défense nationale, charge qu’il devra cumuler avec sa fonction de chef d’état-major de l’ANP.
La nomination du chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armées Ahmed Gaïd Salah en qualité de vice-ministre de la Défense nationale reste de loin le fait saillant dans le remaniement ministériel opéré hier par le président de la République.
En ce que, d’abord, nul n’a pronostiqué de cette éventualité et parce qu’ensuite, le chef de l’Etat, malade mais toujours accroché au pouvoir, confie, pour la première fois, deux charges importantes au même homme.
Jusqu’ici les tâches à ce niveau de la hiérarchie militaire étaient partagées, Gaïd Salah officiant en tant que chef d’état-major de l’ANP et Abdelmalek Guenaïzia assumant la charge de viceministre de la Défense nationale.
En plus d’être l’expression publique d’une confiance éprouvée entre les deux hommes, «l’ajout» au grade de Gaïd Salah en ce moment précis de la vie politique nationale situe, à tout le moins, les nouveaux points d’appui aux futures actions présidentielles, notamment dans les deux perspectives non exclusives : la révision de la Constitution et l’élection présidentielle d’avril 2014.
Commandant des forces terrestres sous l’état-major de feu Mohamed Lamari, Ahmed Gaïd Salah était quasiment déclaré bon pour la retraite en 2002, disait-on.
Le Président Bouteflika, réinvesti dans ses fonctions en 2004, l’a non seulement maintenu dans le circuit mais a surtout fait sa promotion. Il le nomma chef d’état-major de l’ANP, en remplacement du général de corps d’armées Mohamed Lamari ayant, officiellement, fait valoir son droit à la retraite.
De cela, Ahmed Gaïd Salah en est redevable. Du fait, il vouera à Bouteflika une fidélité qui n’a jamais été démentie, profil déterminant pour qui voudrait rester dans les bonnes grâces d’un président que la crainte du complot tient toujours en alerte.
Surpris par la maladie qui le contraint à une convalescence durable, le Président Bouteflika, qui avait retenu de rempiler pour un quatrième mandat de suite, devait, à mesure qu’approche l’échéance d’avril 2014, consolider les vecteurs sur lesquels s’articulera la perspective qu’il s’est fixée.
Aussi a-t-il fait de blinder son homme de confiance qu’il nomme vice-ministre de la Défense nationale, tout en le maintenant à la tête de l’état-major de l’ANP et non sans avoir pris soin au préalable de lui rattacher les services les plus névralgiques du DRS, en l’occurrence la sécurité de l’armée, le service de la police judiciaire et département de la communication et de la presse.
S. A. I.