Bezzaz : «Meghni a été bien pris en charge par la FAF, pas moi»

Bezzaz : «Meghni a été bien pris en charge par la FAF, pas moi»

Quel est votre sentiment en étant parmi les vôtres ?

Cela faisait 6 mois que je n’avais pas revu ma famille. C’est très long comparativement aux années précédentes où j’avais pour habitude de venir en Algérie à intervalles réguliers, surtout qu’il y avait plusieurs regroupements avec la sélection nationale. Je suis rentré de France hier seulement (entretien réalisé jeudi, ndlr). Il est évident que je suis heureux d’être parmi les membres de ma famille. Je le suis à chaque fois que je peux venir.

Que signifie pour vous Grarem-Gouga ?

C’est la ville de mon enfance. Tous mes amis y vivent encore. A chaque fois que j’y reviens, je ressens un bonheur indescriptible. Je revois avec grand plaisir mes amis d’enfance que je n’ai jamais oubliés, comme je n’oublierai pas Grarem-Gouga et le mérite de son club de football dans le parcours professionnel que j’ai eu.

Parlons football, justement. Comment est le moral sachant que vous jouez peu ces derniers temps avec le FC Troyes ?

Le moral est très bon, à 100 % même. Après la grave blessure que j’ai contractée, le plus urgent était de guérir et de recouvrer tous mes moyens. C’est le cas à présent et je ne peux que m’en réjouir. Il ne faut pas oublier que je n’avais plus joué depuis 6 mois. Rendez-vous compte : 6 mois sans compétition ! Avant de signer à Troyes, j’avais discuté avec l’entraîneur, Furlan et nous avons convenu d’un objectif : que je sois compétitif au mois de janvier, à l’entame de la phase retour. J’estime que l’objectif a été réalisé. Certes, il y a deux matches auxquels je n’ai pas participé, mais cela ne m’a nullement perturbé, car le coach a insisté surtout pour que je sois prêt moralement et physiquement pour la phase retour. Je suis à présent fin prêt. Les douleurs à mon genou se sont complètement estompées et je ne crains plus les contacts avec les joueurs adverses. Je fais entièrement confiance à mon entraineur car c’est lui qui m’a recruté et il connaît très bien ma valeur. Ne pas jouer deux matches ne m’inquiète nullement car, par expérience, je sais que cela ne veut absolument rien dire.

Il paraît que vous n’avez pas joué contre Laval à cause d’une autre blessure. Qu’en est-il au juste ?

C’est une blessure très légère. J’étais capable de jouer, mais le coach craignait que la blessure ne s’aggrave et il a donc préféré me dispenser de ce match par précaution. De plus, la trêve commençait après ce match et, dans le cas où il y aurait eu aggravation, je n’aurais même pas pu bénéficier d’un suivi médical. Voilà donc pourquoi je n’ai pas joué.

D’aucuns ont interprété votre non-participation aux derniers matchs comme un message de l’entraîneur Forlan signifiant qu’il n’a pas besoin de vos services…

Il n’y a que deux matches auxquels je n’ai pas participé : un match de Coupe de France contre un adversaire modeste, et c’est le genre de matches où les entraîneurs font appel généralement aux remplaçants, et un match à domicile contre Evian où celui qui m’avait remplacé devait faire ses preuves pour gagner sa place dans le groupe. Pour ce qui est du dernier match contre Laval, comme je vous l’ai expliqué, j’avais contracté une légère blessure et le coach ne voulait pas prendre de risques. Voilà tout. Le but est d’être présent pour le début de la phase retour en janvier.

Visiblement, vos rapports sont très bons avec votre entraîneur…

Cela ne date pas d’aujourd’hui. C’est lui qui m’avait ramené à Strasbourg, puis à Troyes. Il me fait confiance et cela constitue une responsabilité pour moi, car je me dois de justifier cette confiance au cours de la phase retour. Je me rappelle qu’au mois de juin, j’étais marginalisé, oublié, car je relevais d’une grave blessure et c’était le seul entraîneur au monde à avoir cru en moi, a pris ses responsabilités et m’a imposé dans son équipe.

Vous n’aviez pas d’offres à cette époque ?

Quand vous êtes à l’arrêt durant 7 mois et que tout le monde sait que vous avez été gravement blessé, qui vous ferait des offres ? Seul Furlan a pensé à moi et a convaincu la direction du FC Troyes de me prendre. C’est pour ça que je me sens redevable envers lui.

Durant la phase aller, vous avez été titulaire lors de 3 matchs et remplaçant durant 9 autres, cumulant 367 minutes de jeu. Comment évaluez-vous ce bilan ?

Personnellement, je ne m’attendais pas à jouer beaucoup, car une blessure comme celle que j’ai eue requiert un retour graduel, au fil des matches et de la compétition. Si j’avais été titularisé dès la 3e ou 4e journée, j’aurais peut-être rechuté aujourd’hui car je manquais de rythme et je n’aurais pas pu soutenir la cadence des matches. Peut-être aurais-je été blessé ailleurs qu’au genou. L’entraîneur m’a préparé pour être d’attaque en janvier. Je sais qu’il comptera sur moi durant la deuxième moitié de la saison.

En toute franchise, vous attendiez-vous à rester absent des terrains aussi longtemps et à ne plus rejouer qu’après une année ?

Sincèrement, j’aurais aimé être compétitif bien plus tôt, mais nous, footballeurs, sommes égoïstes et voulons rejouer très vite. J’ai bien réfléchi à la question et j’ai conclu que ma blessure était délicate et avait besoin de temps pour complètement guérir.

Comment sont vos rapports avec les dirigeants du club ?

Je suis conscient qu’ils attendaient plus de moi, mais la saison n’est pas encore terminée. Inch’Allah, ils ne regretteront pas de m’avoir fait confiance, tout comme l’entraîneur. Ils savent que 6 mois d’arrêt nécessitent 6 autres mois pour un retour optimal.

Est-ce qu’ils vous parlent ?

Dans les clubs professionnels, les joueurs n’ont pas à parler aux dirigeants, mais seulement à l’entraîneur. Les choses sont claires, car chacun connaît son rôle et ses prérogatives.

Les supporters, en revanche, ne semblent pas tout à fait satisfaits. Est-ce vrai ?

Au début, les relations n’étaient pas très bonnes car les supporters veulent de tout nouveau joueur qu’il donne le maximum dès le premier match. Les supporters avaient eu une mauvaise réaction à mon encontre, car ils ignoraient ma situation. Cependant, je sais qu’on peut mettre le public dans son camp en un seul match. Je compte bien le satisfaire à la première occasion au cours de la phase retour.

Ont-ils été vexants à votre encontre ?

Je considère les réactions des supporters comme ordinaires dans le football. Quand vous n’êtes pas dans votre jour, ils sont en colère contre vous. Ce n’est pas nouveau pour moi. J’ai joué deux matches où je n’avais pas convaincu, mais les choses ne peuvent pas en rester là. Je sais qu’avec une ou deux belles prestations de suite, je réussirai à conquérir leur cœur.

Cela vous a-t-il affecté ?

Je suis arrivé à un âge où je m’attends à tout et je me prépare à tout. Cela ne constitue pas une grosse pression pour moi, car j’ai joué sous des pressions autrement plus grandes. Le public de Troyes n’est pas très nombreux. Il y a 3 000 supporters au stade les jours de match, alors que j’ai déjà joué régulièrement devant 80 000. Déjà, à l’âge de 18 ans, je jouais au CSC en présence de 60 000 supporters. Donc, 3 000 n’est pas un nombre effrayant pour moi.

Durant l’an 2010, vous avez contracté une grave blessure au genou, Strasbourg a été rétrogradé et vous n’avez pas participé à la Coupe du monde. Est-ce une année sombre pour vous ?

Pourquoi donc ? De janvier à décembre, ce n’était que joies et succès (il a dit cela sur le ton de l’humour) ! C’était très dur, en vérité. Je n’ai pas pu aller à la Coupe d’Afrique des nations, puis j’ai raté le Mondial dans lequel l’Algérie revenait après 24 ans d’absence, j’ai contracté une blessure, la plus grave de toute ma carrière, qui m’a privé d’une partie de la CAN et de Coupe du monde. C’était très difficile à digérer.

Votre convalescence fut tellement longue que Saâdane avait proposé qu’on vous organise un match jubilé…

Franchement, ça m’a écœuré de lire ça. Je ne veux plus en parler. Il a l’âge de mon père, je ne veux, par conséquent, pas polémiquer avec lui.

Quels rapports entreteniez-vous ?

C’est un coach que j’ai connu au CSC. On se connaît depuis plus de dix ans.

Qui vous a pris en charge après votre blessure ?

Mon club, la plupart du temps. Je m’attendais à une meilleure prise en charge de la part des responsables de la FAF. Mais cela n’a plus d’importance aujourd’hui, du moment que je jouais pour le pays et non pour X ou Y.

Pourquoi n’êtes-vous pas parti vous faire soigner à Aspetar comme l’ont fait plusieurs joueurs de la sélection ?

Bah, tout simplement parce qu’on ne me l’a pas proposé. Je voulais partir à Saint-Raphaël du moment que mon équipe se préparait non loin de là, mais on me l’a refusé. Enfin, cela est de l’histoire ancienne. Ça n’a plus d’importance à mes yeux.

Qui a pris en charge vos soins alors ?

Mon club, Strasbourg. Ils ont tout payé. La FAF s’est contentée de me proposer de me payer l’hôtel pour que je sois prêt du centre, c’est tout.

Qu’avez-vous perdu après la blessure ?

J’ai envie de dire tout ! (rires). Je n’ai pas terminé la CAN. Je voulais tellement m’imposer avec l’espoir de décrocher un contrat en Ligue 1, ça ne s’est pas fait malheureusement. J’ai perdu aussi trois mensualités, du fait qu’en France, les joueurs blessés ne perçoivent pas tous leurs salaires durant leurs périodes de convalescence.

C’est à croire que la Fédération vous a déçu ?

Plus que vous pourrez l’imaginer. Je ne suis pas un nouveau débarqué en sélection. Ce maillot, je l’ai porté durant dix ans. Je m’attendais franchement à plus d’égards de leur part.

Avez-vous été indemnisé par l’assurance ?

Je n’ai encore rien reçu. Je verrai plus tard avec la Fédération.

Votre cas ressemble beaucoup à celui de Meghni, non ?

La blessure de Meghni est plus délicate, mais contrairement à moi, il a été bien pris en charge.

Par qui ?

A vous de me le dire !

Par la Fédération ?

No comment ! Meghni est un garçon très sympa que j’apprécie énormément. Je lui souhaite un prompt rétablissement. Pour le reste, je ne veux pas polémiquer.