Les banques Algériennes: Le gouvernement tire la sonnette d’alarme

Les banques Algériennes: Le gouvernement tire la sonnette d’alarme

Mercredi 17 janvier, lors d’une rencontre tenue à Alger, le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, appelait les banques à se mobiliser “de manière résolue” dans le but d’assurer « la bancarisation de la liquidité monétaire thésaurisée et de sa canalisation vers les objectifs de financement de l’économie et de sa diversification ».

Les banques d’Algérie montrent d’inquiétants signes de faiblesse, Le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mouhamed Loukal tire la sonnette d’alarme et appel les banques à se mobiliser « de manière résolue » dans le but d’assurer « la bancarisation de la liquidité monétaire thésaurisée et de sa canalisation vers les objectifs de financement de l’économie et de sa diversification ».

Abderrahmane Raouya, ministre de la finance a exhorté en décembre dernier les banque publiques et privées a faire preuve d’innovation en commercialisant notamment des produits financiers participatifs afin de capter l’épargne bancaire.

Les banques algériennes ont noté, au cours des dernières années une véritable régression en matière de collecte de l’épargne, ce qui a alarmé le gouvernement. Après une période dite « dorée » en matière des dépôts bancaire, qui ont atteint, en 2014, une croissance de +11,5%, l’année 2015 quant à elle, a marqué le début de la chute, les dépôts bancaires liés au secteur des hydrocarbures ont baissé d’un taux de -41%.

Bien qu’on ignore encore les chiffres pour l’année 2017, mais la tendance semble etre maintenue, ou pire encore, s’accelérer au cours de la dernière année. Si on suit les derniers chiffres connus, le montant total de l’épargne collectée par les banques est redescendu à 9.079 milliards de dinars à fin 2016 après avoir atteint un peu plus de 9.200 milliards de dinars en 2015. Dans la période la plus récente, environ 65% des dépôts bancaires sont réalisés par des entreprises et 35% par des particuliers, les banques publiques ont recueilli 87% des dépôts et les privées les 13% restants.

Réduction de la capacité de financement des banques:

cette diminution sensible de la collecte de l’épargne a affécté la capacité de financement des banques, par conséquent le ratio des crédits bancaires par rapport aux dépôts est passé de 74% à fin 2014 à 92% à fin 2016, indiquant la saturation de la capacité des banques nationales à financer les investissements des entreprises, ce qui a amené la Banque d’Algérie à réduire, à deux reprises depuis 2015, le taux de réserves obligatoires libérant ainsi d’importantes liquidités, estimées au total à près de 700 milliards de dinars en faveur des banques.

Une meilleure rémunération de l’épargne:

Face à cette situation, la principale démarche des banques commerciales a consisté à améliorer d’une manière significative la rémunération de l’épargne depuis 2014. Tandis que Les livrets d’épargne des banques publiques proposent des rémunérations, pour une épargne à vue, qui se situe actuellement au-dessus de 2%, Les banques privées développent une démarche d’attraction de l’épargne plus « agressive » que celle de leurs consœurs privées avec des taux qui atteignent, par exemple, 3,25% pour le livret d’épargne de Natexis, voire 4% dans le cas de celui d’Algeria Gulf Bank. Cette démarche, qui n’a enrayé que partiellement la chute des dépôts, a eu pour principale conséquence de modifier leur structure en faveur des dépôts à terme.

La croissance inquiétante de la circulation fiduciaire:

une autre source d’inquiétude pour les autorités monétaires, il s’agit de la croissance accélérée de la circulation fiduciaire hors banque. Alors que la quantité de billets de banque en circulation était estimée à 3.206 milliards de dinars en 2013, soit 19,5% du PIB, elle était déjà mesurée, très officiellement, à 4.018 milliards de dinars, soit 25% du PIB, par la Banque d’Algérie à fin 2015.

Les chiffres pour 2016 et 2017 devraient être, de ce fait, encore plus élevés et la décision du gouvernement, annoncée en septembre 2017, de recourir au financement monétaire du déficit public va logiquement amplifier ce phénomène en faisant planer le risque d’un emballement de l’inflation.

À la fin de la semaine dernière, Mohamed Loukal, faisant écho à ces évolutions, affirmait que le système bancaire était « interpellé » pour canaliser toute épargne potentielle « aux fins de réduire la liquidité monétaire en circulation, notamment informelle, et d’instaurer la confiance avec la clientèle épargnante ». Il invitait dans cet esprit le secteur financier et bancaire à « une plus grande diversification de ses services et produits bancaires et un élargissement de la gamme des produits financiers ».

La finance islamique à la rescousse:

Adresser une invitation très ferme aux banques publiques afin de se lancer dans la finance islamique, etait la démarch adoptée par les pouvoirs publics pour réduire la circulation monétaires

Fin décembre, Abderrahmane Raouya revenait à la charge en affirmant que “la finance islamique, ou participative, est très importante actuellement vu l’état de notre économie. Il faut absolument que les banques adoptent une approche nouvelle qui puisse répondre à toutes les demandes, y compris celles de la clientèle qui veut avoir une rémunération autre que les intérêts”.