Des dizaines d’étudiants se sont déplacés pour protester contre la non-disponibilité des postes d’emploi qui devaient logiquement être créés après leurs études.
Le ministre des Affaires religieuses s’est montré très fragile face aux revendications des 5 000 étudiants des zaouias, lors d’une réunion tenue hier au siège du ministère, à Hydra, devant un panel composé de 36 étudiants, qui sont depuis deux jours à Alger.
Il se sont en effet déplacés pour protester contre la non-disponibilité des postes d’emploi qui devaient logiquement être créés après leurs études. Mais contre toute attente, le ministre a rejeté les revendications de ces milliers d’étudiants. Plus surprenant, Ghlamallah a proposé aux étudiants d’aller vers la formation professionnelle, selon lui, aujourd’hui beaucoup plus prometteuse pour eux.
«C’est un scandale», déclarent les étudiants que nous avons rencontrés hier devant le siège de la tutelle, là où le sit-in a eu lieu. L’un des étudiants, venu de Tiaret, dira : «Durant ces deux heures de réunion, le ministre n’a pas cessé de nous dire d’aller vers la formation professionnelle, et de laisser tomber la formation qu’on a accomplie depuis des années. Au lieu de trouver une solution, il est en train de fuir ses responsabilités». En effet, venus des quatre coins du pays, ces trente-six étudiants des zaouias, représentant 5 000 autres, se sont adressés à Ghlamallah afin de trouver une solution à leur situation. Ils exigent de la tutelle un poste d’emploi, un diplôme du Saint Coran reconnaissant leurs études et l’équivalence au baccalauréat.
Au total, dix revendications ont été présentées à la tutelle et les étudiants sont déterminés à aller jusqu’au bout mais de manière pacifique. «Nous sommes à Alger depuis deux jours, et nous comptons y rester, tant que nos revendications ne sont pas satisfaites. Toutefois, nous nous sommes engagés dans une voie pacifique, car avant tout, nous représentons l’Islam et la tolérance, nous ne sommes pas ici pour la violence», déclare un jeune étudiant de la zaouïa de Aïn Defla. Son collègue ajoute : «J’ai fait des études pendant sept ans à la zaouia de Mascara. Une fois mes études terminées, je n’ai reçu aucun diplôme du ministère des Affaires religieuses. Cela dit, depuis 1997 je suis au chômage alors que j’ai le droit d’exercer comme imam pendant trois ans, dans le cadre d’un essai à partir duquel la tutelle décidera ou pas de m’engager». En colère, les dizaines d’étudiants présents ont décidé de rester à Alger et de persister jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites. Sur les quatre personnes qui ont discuté avec le ministre, un étudiant de la zaouïa de Tissemsilt avait le moral très bas. «Le ministre nous a dit qu’il était impossible pour lui d’honorer nos revendications. Pis, il nous a proposé de nous orienter vers la formation professionnelle, c’est plus pratique pour les étudiants.
Voyez-vous, au bout de tant d’années d’études, au lieu d’être engagés dans le secteur, d’autant que nous avons été recrutés pour devenir de futurs imams, Ghlamallah nous oblige aujourd’hui à aller vers un autre secteur. Cela veut dire que durant toutes ces années sont perdues, nos études ne servent plus à rien. Toutefois, apprendre la ‘’chari’a’’ et le Coran, est un devoir puur nous, mais on s’attendait à ce que nous soyions engagés comme imam, afin de subvenir aux besoins de nos familles et avoir un poste d’emploi comme tous les Algériens. Mais l’analyse du ministre est un vrai scandale pour nous», dira ce jeune étudiant de Tissemsilt, marié sans enfant.
Par Sofiane Abi