ANNABA ,A quand le lancement du tramway?

ANNABA ,A quand le lancement du tramway?

Pendant que le tramway de Constantine a commencé ses rotations et que celui d’Oran a pris forme, celui de Annaba affiche des retards répétés.

Encore une fois, les travaux du tramway de Annaba ne seront pas engagés au cours du deuxième trimestre de l’année en cours, comme prévu en 2012, date de la dernière réunion ayant regroupé les acteurs en charge de sa réalisation. Aux dernières nouvelles, il semblerait que le projet phare, qui tient en haleine les habitants de Annaba n’est pas près d’être concrétisé de sitôt. Il est même possible que le projet ne sera lancé qu’en 2014. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Transports, M. Amar Tou, en marge de sa dernière visite à Annaba dans le cadre de la délégation accompagnant le Premier ministre, Abdelmalek Sellal.

Revoir le tracé

du tramway A l’origine de ce retard, des problèmes d’ordre technique, mais surtout la divergence de vues quant à l’itinéraire que le tramway doit emprunter. Une situation qui, selon le ministre des Transports, nécessite le passage du tramway par le centre-ville de la commune de Annaba, d’où la nécessité du maintien du passage du tracé par le Cours de la Révolution, première vitrine de toute la wilaya de Annaba. Une déclaration qui s’est répandue telle une traînée de poudre suscitant la grogne de la population. Notons que Amar Tou a estimé que la réalisation de ce projet, répondant à un programme national, doit être similaire à celui de Constantine et Oran, où le tracé du tramway pour les deux villes passe par le centre-ville. oubliant que la superficie de celui-ci à Annaba ne permet pas un pareil itinéraire. Ce qui reviendrait à vouloir défigurer, coûte que coûte, l’aspect urbain de cette ville qui souffre suffisamment de l’incompétence, du laxisme et de l’indifférence de ses gestionnaires. Cela fait 13 ans que le projet du tramway trébuche sur les marches d’une étude. En effet, la dernière a débouché sur cette thèse, permettant ainsi la sauvegarde de l’aspect urbain, mais surtout architectural de la ville de Annaba. Plusieurs séances de travail ont été organisées par la commission de l’urbanisme de la commune de Annaba, pour étudier l’avant- projet détaillé de la première ligne de tramway émanant de l’entreprise du Métro d’Alger, maître de l’ouvrage.

Plusieurs propositions pour mieux comprendre le circuit qui prend le départ de la commune d’El Bouni vers la cité Kouba, ont été faites. Pour l’ex-maire, M. Bensaïd Nabil, «ce tracé présentait deux points noirs dans l’avant-port et le rond-point de l’hôtel Seybouse où la circulation est très dense, d’où la nécessité de faire des variantes.

Les participants à la première présentation de ce projet ont souligné son importance pour la ville, sans omettre de mettre en relief l’impérative préservation de l’aspect architectural de certains sites de la ville, citant en exemple, le Cours de la Révolution.

Sur ce point précis, il convient de rappeler que le premier tracé du tramway devait passer par le Cours de la Révolution. Une proposition qui avait à l’époque, suscité l’indignation, voire même la révolte de la population, de la société civile et de différentes associations dans la wilaya de Annaba, estimant, à l’unanimité que le passage du tramway par le Cours de la Révolution, symbole de Annaba, est une atteinte à l’identité de cette ville.

Depuis, le projet de transport urbain par tramway concernant la ville de Annaba, qui en son temps, avait fait réagir la population, entre autres, est passé aux oubliettes. On n’en parle plus. Pourquoi? On ne le sait pas et on n’en connaît pas les raisons. C’est dire que la réalisation d’un tel projet, loin du respect de l’aspect architectural de la ville de Annaba, le Cours de la Révolution en l’occurrence, avait contraint les chargés de ce projet à revoir le tracé du tramway. En somme, ce dernier s’était avéré plus compliqué, de par la configuration du centre-ville qui, selon la première étude, ne s’y prêtait pas au tramway. La seule possibilité était de raser littéralement certains quartiers de Annaba, tel l’ex-Cours Bartania pour rendre possible l’installation et le passage de ce moyen de transport. En fait, c’est un projet titanesque, non pas qu’il exige de grands travaux, mais parce qu’il empièterait sur des trottoirs qui collent littéralement aux immeubles.

Dans ce cas, quel trajet empruntera ce tramway? Ira-t-il jusqu’en ville ou la contournera-t-il? Concernera-t-il uniquement la périphérie? Autant de questions qui avaient lors de la visite du ministre des Transports, en 2008 dans la wilaya de Annaba, fortement recommandé la préservation du Cours de la Révolution.

Un plan revu et corrigé

Depuis, des corrections avaient été portées à la trajectoire de ce moyen de transport. Cette dernière avait été prolongée jusqu’à El Bouni, la commune la plus peuplée après Annaba. Prenant son départ depuis le boulevard Rizzi-Amor qui surplombe la plage, il reviendra à son terminus à la station de bus Kouche, en passant par le centre-ville, avant de desservir les cités périphériques comme la Plaine Ouest, Hay Erym, jusqu’à El Bouni pour la première ligne. La seconde prendra le relais d’El Bouni-centre jusqu’au terminus. Ce projet d’envergure pour la ville de Annaba sera inscrit au cours de l’année 2009, sur un trajet long de 21, 200 km, comprenant 33 stations. 13 ans après, les études se sont succédé, pour que le projet utopique, devienne une réalité, avec un tracé revu et corrigé. Une opération retenue l’année dernière. En effet, en date du 27 septembre 2012 le tracé détaillé de la première ligne du projet de tramway de Annaba avait été présenté lors d’une rencontre tenue au siège de l’APW et à laquelle étaient présents tous les responsables concernés. Au cours de l’exposé, le bureau d’études sud-coréen avait proposé cinq variantes avec des modifications du tracé, particulièrement au niveau du Cours de la Révolution pour garder son aspect architectural et la place Victor-Hugo.

Un projet qui demeure utopique

Lors de cette même séance de travail, il avait été révélé que l’étude relative à la réalisation du tramway était en cours d’élaboration. Confiée à un groupement sud-coréen pour un montant de 1,32 milliard de dinars, elle devra prendre en considération le projet de la nouvelle gare routière, en cours de réalisation au niveau de la cite du 1er Mai, à El Bouni, et l’intégrer dans le tracé de la première ligne du tramway. Le délai de réalisation de l’étude est fixé à 16 mois et celui des travaux à 39 mois, soit un total de 55 mois pour prétendre à la mise enservice du projet, en 2016. Notons que cette dernière réunion était une préphase, pour le lancement du projet après les dernières analyses et confrontation d’idées pour que ces derniers soient surpris par la décision du ministre des Transports, Amar Tou, lors de la visite de maintenir le passage du tramway par le Cours de la Révolution. Une telle décision pourrait compromettre le lancement du projet.

La population refuse catégoriquement le passage de cette machine sur le Cours de la Révolution. «Des propos allant dans le sens de la contestation, si situation oblige» ont affirmé des habitants de Annaba qui se sont dits «prêts à mobiliser les forces s’il le faut pour faire face à ce qu’ils qualifient de massacre programmé de la ville de Annaba».

En attendant son lancement en 2014, le tramway demeure un projet utopique, qui depuis 13 ans n’a pas cessé de faire couler beaucoup d’encre. Par ailleurs, il est à noter que cet ouvrage d’envergure trouvera ses pièces d’assemblement et de maintenance dans la première usine algérienne d’assemblage et de maintenance de tramways de Annaba. Cette dernière sera livrée au cours du 2e trimestre 2013, avons-nous appris d’un responsable de la société Alstom-Algérie, implantée à Oran, partenaire dans cette opération aux côtés des entreprises publiques, Métro d’Alger (EMA) et Ferrovial.

Ainsi, cette usine, appelée Cital, est le fruit d’un joint-venture entre Alstom et les deux sociétés algériennes EMA et Ferrovial de Annaba, avait fait savoir M. Nadjib Bahbah, directeur des ressources humaines à Alstom-Algérie, en marge de sa participation au Salon du recrutement «Talents et emploi». La sortie de la première rame de tramway est prévue avant la fin 2013.

Dans ce contexte, l’usine de Annaba sera pourvue d’une capacité de production à même de couvrir «la totalité des besoins du marché algérien».

Le responsable avait rappelé qu’en plus des tramways d’Alger, d’Oran, de Constantine et de Annaba, cette entreprise est appelée à réaliser 14 autres projets similaires inscrits au profit de différentes villes du pays. L’entreprise Cital, abréviation composée du nom de la rame (Citadis) et d’Algérie, assurera l’assemblage et la maintenance des rames de tramway citadis qui circuleront sur l’ensemble du territoire national.