Ambiance ramadhnesque : Virée nocturne aux sablettes

Ambiance ramadhnesque : Virée nocturne aux sablettes

Les familles attendaient avec impatience l’approche du mois du Ramadhan avec l’idée de rééditer le «rituel» ramadhanesque de l’année précédente, un mois qui a vu une véritable ruée de familles et de jeunes vers des lieux fraîchement érigés et aménagés pour la circonstance.

Le Ramadhan de l’année 2018 s’est distingué pour la première fois par la chute continuelle des pluies, parfois torrentielles provoquant même des inondations et des dégâts matériels surtout dans les régions éminemment agricoles. Le Ramadhan de cette année est venu durant la saison d’été, c’est ce qui donnait un présage d’un Ramadhan charriant des promesses de moments festifs et de nuits foncièrement houleuses et marquées par des vacarmes nocturnes et de «bruits» sur un fond ludique.

Ce n’est pas un présage de bon augure, pour beaucoup d’amateurs des veillées et des balades nocturnes durant le mois d’abstinence et le changement des habitudes durant la période diurne. Les veillées ont tardé à s’exprimer, les balades n’ont pas pu saisir une brèche pour enclencher l’amorce d’un spectacle nocturne et d’une vie «folle» sur le rythme des déplacements et des amusements multiformes. Le Ramadhan est sur le point de s’achever, mais les sorties et les balades nocturnes n’ont pas eu leur part de lion en matière d’expression relevant d’attractions et de spectacles multiples ne serait-ce qu’une petite sortie pour profiter de l’air balsamique de la mer et les secrets que dégage le climat nocturne et sa symbolique mêlée de sérénité et d’esprit limpide. Ne dit-on pas que la nuit porte conseil?

Les familles attendaient avec impatience l’approche du mois de Ramadhan avec l’idée de rééditer le «rituel» ramadhanesque de l’année précédente, un mois qui a vu une véritable ruée de familles et des jeunes vers des lieux fraîchement érigés et aménagés pour la circonstance. Le cas de la promenade «Les Sablettes» et le long du littoral qui a été réaménagé et revu de fond en comble en le réhabilitant dans le but de convoiter et capter le plus grand nombre possible des amoureux des promenades côtières et de l’animation nocturne.

Un regain perceptible de l’animation

C’était une parenthèse qui vient d’être fermée, ce n’est plus «Les Sablettes» de l’année précédente et ni le littoral où pullulait un nombre impressionnant de promeneurs et des amoureux de la balade nocturne. Ce n’est pas le fait que la promenade «Les Sablettes» vient de perdre de sa force attractive ou de sa position de choix en termes de lieu de promenade et d’animation par excellence, bien au contraire, «Les Sablettes» offre ce spectacle envoûtant et enivrant d’une ambiance nocturne qui s’arrime avec le rythme ensorcelant d’un endroit racontant des histoires ressemblant à celles des «Mille et Une Nuits», mais avec une spécificité typiquement algérienne avec une mer dépositaire des rencontres, voire constituant un carrefour des civilisations et aussi un lieu où le corsaire faisait sa symphonie en l’adossant d’une suprématie sur les mers de la façon la plus tonitruante. La promenade «Les Sablettes» emmagasine quelques histoires et mythes de cette période à la saveur méditerranéenne et aux événements tumultueux et joyeux en parfaite synergie et osmose.

A chaque fois, la passion nous guettait pour sortir, voir et vivre l’atmosphère et le climat ramadhanesque dans tous ses états en pleine nuit qui se substitue aux jours lourds et moroses. Mais chaque fois aussi la pluie venait nous jouer des tours pour ne pas dire les trouble-fêtes. Les amoureux de l’animation nocturne venaient souvent aux endroits traditionnellement destinés pour les choses d’attraction et de loisirs et de la gaieté d’esprit. Mais à partir de la dernière décade du mois de jeûne, la nature a repris ses droits, le climat s’est stabilisé, le ciel à retrouvé sa limpidité et sa clarté, c’est le grand retour d’une ambiance tant attendue, c’est le moment de la «délivrance» nocturne et l’instant d’une halte festive qui casse avec la routine stressante de la journée faite d’abstinence et la grisaille qui imprimait le ciel et le temps lourd qui corroborait tout le décor ramadhanesque au rythme lugubre et insipide.

Pour ainsi dire, ce jour est vu comme étant la première nuit ramadhanesque qui a signé l’instant inaugurateur de l’animation nocturne et la balade de nuit même si cette animation était un peu mitigée et que le regain des habitudes nocturnes se faisait sentir timidement.

Cet instant a été incarné par des groupes et des cohortes qui prenaient le tramway en choisissant la destination côtière départagée entre «Les Sablettes» et «Le Lido», une plage qui offre un spectacle féerique durant la nuit où Alger prend la forme d’une baie imposante caressant le ciel lumineux et traversé par des rayons lunaires entrecoupés par une synergie multicolore. Alger-Est est devenue une destination très prisée par un nombre important de gens qui découvrent la facilité et l’efficacité des moyens de transport à la fois modernes et rapides et s’insèrent dans l’esprit de la promenade incitant à ce genre de passion, à savoir la vie nocturne et ses charmes incommensurables.

Tant bien que mal, les familles sortaient et se déplaçaient aux endroits et aux lieux d’antan qui étaient chargés d’émotion et de joie mêlées de nostalgie qui se répète autrement, mais vêtus de la même ambiance et de la même symbolique à savoir la saveur ramadhanesque.

Nous constations les sourires qui dominaient les visages féminins même si ce sourire s’exprimait de manière feutrée et timide. La gaieté imposait sa présence après une demi-journée faite de privations et d’abstinence offrant une image taciturne. La destination choisie était «Les Sablettes», de par ce qu’elle contient comme structures à la fois ludiques et de plaisance et aussi comme endroit servant de relais commerciaux pluridisciplinaires ajoutant à cela la position de ce lieu qui fait la diagonale avec la beauté côtière et ce qu’elle dégage comme sentiments et sensations conjugués au temps nocturne.

Le mouvement était à son comble autour de l’espace attractif où la grande roue faisait convoiter un nombre impressionnant à travers des queues leu leu massives dans le but d’accéder à un moment en haut lieu de l’endroit pour superviser Alger dans toute sa plénitude et sa beauté en surplombant toute la surface maritime et les jetées qui constituent des formes géométriques donnant des interprétations en fonction de l’état d’âme du moment.

Les enfants prenaient tout leur temps en se promenant dans les espaces conçus pour la circonstance, les femmes appréciaient les moments de dégustation du thé des jeunes venant de notre Sahara, de Timimoune en l’occurrence, pour refléter le tableau nocturne, «Les Sablettes était livré à un jeu de plaisir et d’ambiance à la hauteur de la dizaine de jours caractérisés par les orages, les pluies et les perturbations climatiques rarement observées depuis plusieurs années durant la saison d’été. A notre demande, une dame qui a la quarantaine à peine, nous a livré ses impressions sur ce moment tant attendu et qui a été hypothéqué par les perturbations climatiques.

La dame use d’un accent propre aux habitants de l’Atlas blidéen, elle est venue avec son fils et ses deux filles passer quelques moments ressemblant à une bouffée d’oxygène et une manière de se distraire et casser avec le rythme très chargé et fatigant du Ramadhan. La dame blidéenne s’est lâchée en disant que «certes, on n’a pas eu de jours ensoleillés depuis le début du «Ramadhan», mais tout de même, on a assisté à un mois de jeûne des plus cléments par rapport aux années précédentes. Mais en ce qui concerne les sorties et les balades durant la nuit, c’est vrai que cette année on n’a pas profité suffisamment à cause de la pluie sans arrêt et les perturbations climatiques. Mais comme dit l’adage: «Vaut mieux tard que jamais», a tonné cette dame à l’aspect très affable. Effectivement, le mouvement et l’animation n’ont pris leur sens et leur charme que depuis l’achèvement de ces derniers jours du Ramadhan, date où il a cessé de pleuvoir et le climat a rompu avec les perturbations météorologiques et l’atmosphère monotone.

Le long de l’espace qu’occupe «Les Sablettes» et toute sa plate-forme réservée au divertissement et à l’attraction s’exprime à travers l’envie qui est manifestée par le nombre de visiteurs nocturnes venant savourer le jour idoine et adéquat quant à la jovialité nocturne et ses charmes magiques. La nuit s’est transformée en jour à cause des lampadaires qui prédominent tout le lieu et les endroits environnants. «Les Sablettes» donne l’impression à celui qui la visite d’avoir hâte de vêtir l’habit lumineux d’un croissant qui résistait à la grisaille du ciel et aux changements du climat.

L’animation commençait à se faire sentir à parti de 23h00, où tout le monde vaquait à ses plaisirs et à ses habitudes. La jetée «des Sablettes» offrait une vue autre, celle d’un monde qui s’agrippait aux bordures faites de roches en direction d’un large marin qui agissait au rythme de la Lune engendrant des scènes spectaculaires et fabuleuses.

On peut dire que l’ambiance de l’année précédente n’a pas encore été présente lors de notre déplacement récent, mais ce début de sorties et de balades nocturnes annonce et augure d’une bonne saison estivale version nocturne, surtout que la place qui est baptisée

«la promenade d’Alger» est en train de connaître des extensions et de l’aménagement avec une dynamique très profonde et efficace, qui va permettre aux amoureux de la vie nocturne d’en profiter davantage et tirer un bénéfice moral de cette ambiance prometteuse.

D’ailleurs, il est connu chez beaucoup d’amateurs de la vie nocturne et ses plaisirs que «la nuit porte conseil…», pour ainsi résumer le tableau d’Alger-est by night.

Un phénomène qui se fait remarquer avec insistance sur le littoral de «la promenade d’Alger» qui couvre «Les Sablettes» en passant par «Les Pins maritimes» et en arrivant au «Lido», c’est celui des enfants dont l’âge ne dépasse pas les 14 ans, qui font le commerce traditionnel à l’image de la vente des cacahuètes, les pistaches, et des bouteilles d’eau minérale. Ce phénomène prend de l’ampleur, il s’étend massivement.

Cette activité était réservée surtout aux jeunes de 20 ans et plus, mais aujourd’hui, elle est devenue une activité où l’enfant court le risque de passer des heures tardives de la nuit en faisant face à tous les dangers rien que pour avoir une rentrée d’argent en mesure de répondre au besoin de sa famille qui se débat dans le dénuement et la pauvreté.

La scène la plus frappante est celle d’un bambin tout souriant portant un survêtement bleu, les cheveux frisés et des yeux qui brillent, arborant un carton où l’on trouve plusieurs produits destinés à la vente. Il y a même des cocas et les «m’hadjeb» bien chauds et les canettes de jus.

La nuit est une source de rentrée d’argent pour les enfants

Ce chérubin s’appelle Kamel, il a à peine 13 ans, habite non loin «des Sablettes», il habite à la cité «La glacière» plus précisément. Sa réponse était spontanée et sans détour, il considère que «c’est normal que je fasse ce commerce, on est une famille nombreuse, le père est décédé depuis plus de 4 ans, notre mère n’est pas dans la possibilité de nous faire vivre tous avec un petit salaire.

Il n’y a pas que moi, il y a aussi deux de mes frères qui font ça, autrement on ne pourra pas s’en sortir», a asséné le petit Kamel comme un vrai adulte avec cette réponse qui coupe court avec une enfance censée être entourée d’affection parentale et de bonheur. Les enfants comme Kamel se font remarquer y compris durant la nuit qui était réservée dans le temps uniquement pour les soirées et les animations nocturnes faites de plaisir et de joie.

Entre cette scène qui renseigne sur une génération de nouveaux Gavroche qui pullulent les espaces destinés à l’attraction et l’animation nocturne, et l’autre scène d’une Algérie qui vit, qui danse et qui apprécie la quiétude nocturne, il y a la nuit et ses secrets qui en disent long sur le mystère de l’homme, de sa vie et ses ambitions.

Tout compte fait, la nuit porte conseil…

Par Hocine NEFFAH