La crise des lubrifiants pour les voitures et les machines a pris une nouvelle tournure, ces derniers jours. En effet, la pénurie de ces huiles a pris de l’ampleur jusqu’à devenir indisponibles dans les stations-services étatiques ou privées au niveau de la wilaya d’Oran.
Un fax, en prévenance de la direction de la société Naftal à Cheraga (Alger), il y a dix jours, a fait part d’un arrêt d’approvisionnement des revendeurs des huiles, qui sont pourtant agréés par l’État.
Ces derniers se sont sentis mis en cause par cette pénurie alors que, depuis leur mise à l’écart, rien n’a été réglé et que la pénurie est de plus en plus aigue. Afin de voir plus clair, nous nous sommes rapprochés de l’un de ces revendeurs, qui nous a fait part du mécontentement de la corporation.
«Nous sommes, depuis plus de dix jours, sans travail car nous n’avons plus le droit de nous approvisionner en huiles. Nous avons même écrit à la direction générale Naftal à Alger et régionale à Sidi Bel-Abbès. Mais, aucune réponse ne nous a été faite». Notre interlocuteur n’est pas le seul dans ce cas. Ces revendeurs sont plus d’une centaine à être privés de travail, en ce mois de ramadhan.

Ces derniers ont même décidé d’observer un sit-in devant le centre de distribution situé à Petit Lac. Cette crise, nous l’avons, nous-mêmes, constatée, lors d’une virée à travers plusieurs stations-services notamment à Es-Sénia, où l’huile est indisponible que ce soit chez des stations gérées par Naftal ou en gérance privée ou même les points de vente agréés (PVA).
L’huile est introuvable, au grand dam des clients et des industriels, qui sont les premières victimes de ce conflit, qui perdure depuis déjà plusieurs semaines. Résultat, la spéculation est la seule explication chez les gérants des stations-services qui, selon nos interlocuteurs, profitent de cette crise pour augmenter les prix, qui ont doublé.
La spéculation et les assurances données
A titre d’exemple, l’huile, qui était auparavant proposé à 280 Da maximum, est désormais cédée à plus de 550 Da, si elle est disponible bien sûr. Pis encore, des investisseurs étrangers, qui utilisent presque le même produit, le livrent sous son label à des prix très élevés.
Certaines stations ne laissent même pas la marchandise parvenir au magasin. Elles vendent tout simplement leurs produits sur facture, leurs clients préférés viennent d’autres wilayas du pays.
Ces derniers acceptent tous les prix proposés. Ce qui en dit long sur l’anarchie, qui règne au sein de ce secteur puisque nous assistons à une monopolisation du marché, qui s’accentue de jours en jour, déploreront nos interlocuteurs. Interrogés sur les vrais prétextes de cette crise et la cause de la mise à l’arrêt de ces revendeurs, des agents au niveau du centre de distribution nous ont affirmé que cette crise est en voie de dénouement et que ces revendeurs vont très prochainement, de nouveau être approvisionnés en huiles, mais en quantités déterminées (réduites).
Ces responsables affirment attendre un fax de la tutelle. Ils ajoutent que tout va rentrer dans l’ordre dans les prochains jours. «Naftal devrait s’assurer, en plus de la livraison de ces huiles, que ces produits sont, bel et bien, destinés aux clients particuliers et non pas à un tel ou tel industriel, qui vient de loin pour s’approvisionner ici à Oran car ces stations sont censés servir le citoyen et vendre en détail, pas en gros, comme le font actuellement ces gérants. Cette situation a engendré une totale anarchie et un certain laisser-aller.
Ce qui explique l’attitude de ces gens, qui exploitent ce climat malsain pour satisfaire leurs intérêts, au moment où nous, revendeurs, faisons les frais de cette crise, comme si c’est nous, qui avons fait augmenter les prix», dira Hadj Ali, distributeur agréé.
En dépit des assurances, ces revendeurs estiment que la gérance doit être faite autrement et ce, pour faire face à ces pportunistes, qui saisissent la moindre occasion pour faire entrer le citoyen dans une crise alors qu’il ne peut plus soutenir d’autres pénuries, notamment en ce mois de ramadhan, où il ne sait plus où donner de la tête, à cause de la multitude de problèmes autour de lui.
Jalil Mehnane