Pour Ali Benflis, l’Algérie est désormais à la confluence de trois impasses d’une exceptionnelle gravité, à savoir politique, économique et sociale.
Le président de Talaiou El-Houriyet (avant-garde des libertés), qui a présidé, hier à Constantine, le congrès régional en prévision du congrès national constitutif, a qualifié la situation actuelle du pays de “tragique” à cause de la “crise politique” qui menace la sécurité nationale. “Cette crise est dans l’esprit, dans les constats et dans les discussions de toutes les Algériennes et les Algériens”, a-t-il affirmé.
Il a mis en exergue l’échec du régime actuel qui, selon lui, essaye “désespérément” de convaincre que le pouvoir n’est pas vacant, que les institutions républicaines assument leurs missions constitutionnelles et que l’administration publique n’est pas livrée à elle-même sans orientations et sans directives.
En présence de plus de 400 militants, venus de 14 wilayas de l’Est, le président du parti a accusé le système de chercher un bouc émissaire et d’anesthésier l’opinion publique par des vœux pieux et des promesses creuses. “Ils détournent les regards de l’opinion publique de leurs échecs politiques, économiques et sociaux”, explique-t-il. Et d’argumenter : “Des wilayas comme Annaba et Relizane sont sans wali, des cadres supérieurs qui exercent à titre intérimaire à défaut de Conseil des ministres qui ne s’est pas réuni depuis une année.”
Dans les circonstances actuelles, l’action politique du parti de l’ex-candidat à la présidentielle de 2014 se situe dans le cadre de l’opposition qualifiée, selon lui, d’“opposition légale, pacifique et attachée à la recherche de consensus dans la gestion des affaires vitales pour la nation”. Pour Ali Benflis, cette opposition est acquise en vertu de l’ordre et du gradualisme dans le changement de notre système politique devenu archaïque et inadapté aux nouveaux besoins de notre peuple. Et de rappeler que “l’’opposition est un droit constitutionnel, un droit constitutionnel impératif et inaliénable”.
“L’opposition politique cesse d’être un simple droit pour se transformer et devenir un devoir national sacré dès lors que l’État national est en danger et que la nation est menacée”, a-t-il ajouté. Il a établi, ce disant, un constat accablant sur la situation des institutions, ne manquant pas de rappeler avec force que le pouvoir est vacant. “Oui, le pouvoir est vacant tout comme le centre de la décision nationale est déserté, et dans ces conditions comment s’étonner que des cercles occultes se soient emparés de pouvoirs que leur titulaire constitutionnel n’exerce plus ?”, a-t-il martelé. Il donne également la preuve de “ce désordre” à travers le Conseil des ministres devenu une activité rare et le comble atteint avec “le mystère” du dernier remaniement ministériel. “Ne relevez-vous pas tout comme moi que l’improvisation débridée, la légèreté dans la gestion des affaires de l’État sont une vacance du pouvoir devenue incontrôlée et incontournable ?” s’est-il demandé en prenant à témoin l’assistance.
Il a, enfin, plaidé pour “une voie réformatrice et novatrice, rassembleuse, consensuelle et apaisée”. Ce qu’il appelle “le Pacte de la transition démocratique”, un projet de refondation consensuelle en trois étapes.
S’adressant aux délégués de son parti présents au congrès, Benflis les a appelés à œuvrer pour la concrétisation du projet de société qui se base sur un programme politique, économique et social, qui a pour objectif le redressement patriotique et qui sera soumis à l’appréciation et au jugement du peuple.
S.B.