« Algérie, ma liberté » ou la guerre d’indépendance par la grâce et la beauté

« Algérie, ma liberté » ou la guerre d’indépendance par la grâce et la beauté

« Algérie, ma liberté », un spectacle inédit de danse relatant les grandes étapes de la lutte des Algériens pour leur émancipation de la domination coloniale française, a été présenté mercredi au TNA par le Ballet national.

Oeuvre de Fatma Zohra Namous —aidée à l’écriture par Mourad Snoussi et à la mise en scène par Konstantin Iliev, Belhadi Saghira et Dradela Nadia— le spectacle, une fresque de 1h15, retrace par la grâce, la beauté du geste et la couleur, un pan douloureux de l’histoire de l’Algérie fait d’exactions, de douleur, mais aussi d’héroïsme pour se libérer du joug colonial.

Belhadi Saghira, incarnant la mémoire, donne le ton de la représentation en étalant son contenu qui rappelle, d’abord, la condition des Algériens subissant les affres du colonialisme en focalisant sur l’enfance et la jeunesse.

Après l’explosion d’une bombe dans une école, les évènements, présentés avec toute l’élégance d’une chorégraphie complexe, s’emballent pour montrer l’acharnement de l’occupant dans ses pratiques infâmes, et l’apparition d’une rébellion qui allait aboutir à un mouvement armé.

Sofiane Drici et Wissem Maâzouz, les deux solistes, ont brillé dans un « pas de deux » remarquable décrivant dans la grâce du mouvement la douleur de la séparation pour répondre à l’appel du devoir, dans un tableau ouvert, offrant l’ensemble de l’espace scénique à l’expression des corps meurtris.

Faisant parler les blessures physiques à travers une gestuelle qui incarne la douleur, les 19 danseurs et les 15 ballerines (entre stagiaires et confirmés), ont dressé un véritable tableau de dénonciation de la torture et de ses atrocités.

L’organisation militaire sur le terrain a également été mise en valeur dans une chorégraphie de groupe synchronisée où une embuscade savamment préparée par des combattants finit par anéantir l’ennemi.

La lecture d’un texte proclamant l’indépendance du pays par une voix imitant le célèbre Aissa Messaoudi et sa voix radiophonique mobilisatrice a conclu le spectacle par un tableau final où la joie et l’euphorie s’expriment dans la liesse par des danses exécutées sur fond de chants patriotiques.

Dans un spectacle où la troupe du ballet national s’est bien investie, les danseurs ont porté une trame livrée au premier degré et ne laissant hélas aucune place à la suggestion artistique dans une scénographie de situation démunie de toute symbolique.

La présentation, par la vidéo-projection, d’extraits de films documentaires a permis d’apporter un plus à la représentation, également enrichie par une composition musicale réussie et un éclairage adapté à différentes situations.

« Couronnant une existence permanente dans le spectacle folklorique à travers les tournées, « Algérie, ma liberté », marque le retour du Ballet national dans la création artistique après « El Badil » en 2009, indique Dalila Hamoudi, ancienne ballerine et régisseur du Ballet national.

Fatma Zohra Namous, également directrice du Ballet national depuis mars 2012, est un ancien professeur à l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel (Ismas) et a toujours accompagné le Ballet national dans la formation des danseurs.