Le tourisme en Algérie, fortement mis à mal par le terrorisme et le manque d’infrastructures, ne devrait pas tirer profit des révoltes arabes qui ont contraint les Européens à renoncer à leurs destinations préférées, notamment l’ Egypte et la Tunisie, estiment des professionnels.
« Le pays n’est pas prêt à accueillir un nombre important de touristes en raison du manque d’infrastructures hôtelières », a déclaré à l’AFP le responsable de Dam Tour, un tour-opérateur du pays, Mohamed Mellah.
Il existe actuellement en Algérie dix hôtels « cinq étoiles » et 1.170 autres établissements parmi lesquels 1.100 hôtels non-classés appartenant à des privés.
« La plupart veulent tirer profit des troubles en Tunisie et de la situation au Maroc pour attirer un les touristes étrangers. Mais on ne peut pas construire du jour au lendemain des hôtels avec une baguette magique », ajoute M. Mellah.
Selon lui, le tourisme est plombé par le manque d’infrastructures sur le littoral et la situation sécuritaire dans le Sahara où Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) miltiplie les rapts d’Occidentaux.
Une touriste italienne Maria Sandra Mariani, 53 ans, enlevée en février dans le Sahara par des hommes d’Aqmi, est toujours entre les mains de ses ravisseurs. Aqmi, qui a ses racines en Algérie, dispose de plusieurs bases au Mali d’où la nébuleuse opère dans plusieurs pays du Sahel (Niger et Mauritanie en particulier). Outre l’Italienne, le groupe détient depuis la mi-septembre 2010, quatre Français enlevés dans le nord du Niger.
Le ministre algérien du Tourisme Smaïl Mimoune a indiqué que le gouvernement « n’a aucun moment envisagé de tirer profit de la situation générée par les troubles en Tunisie et en Egypte ».
Secteur vital, le tourisme assure près de 7% du PIB tunisien et emploie jusqu’à 400.000 personnes, sur une population totale de 10 millions. Pour cet été, l’Office national du tourisme tunisien fait état d’un recul des réservations de 55%.
En Egypte, le manque à gagner est de 2,27 milliards de dollars depuis le début de l’année. Le nombre de touristes a connu un baisse de 60% en mars par rapport au même mois de 2010.
« Nous ne comptons pas sur les défaillances des Marocains ou des Tunisiens. Nous avons une politique tracée à l’horizon 2030 », a dit pour sa part le directeur de l’Office national du Tourisme Mohamed Amine Hadj Saïd.
L’Algérie a lancé en 2008 un plan de développement du tourisme, s’appuyant sur le développement du tourisme balnéaire et saharien. Le gouvernement souhaite que le tourisme puisse à terme faire contrepoids aux hydrocarbures, source quasi-unique de revenus en devises à l’heure actuelle.
« Depuis 1997, les ministres se sont succédé à la tête du secteur du tourisme. Chacun y est allé de son plan de développement mais rien n’a changé. La stratégie officielle reste floue à nos yeux », affirme M. Mellah.
Pour lui, la probabilité de voir des touristes européens échanger leurs réservations en Tunisie ou en Egypte pour des séjours en Algérie reste mince, Mais les Algériens établis à l’étranger, principalement en France, qui séjournaient traditionnellement pendant l’été en Tunisie, ont décidé de revenir dans leur pays, selon le directeur de l’hôtel de Zeralda, une station balnéaire à l’ouest d’Alger.
« Nous avaons enregistré une hausse de 14% des réservations par rapport à l’été 2010 », a-t-il précisé. « Je ne crois pas que la situation en Tunisie aura un impact sur le tourisme algérien. L’amélioration de la situation sécuritaire a en revanche encouragé le retour de certains Européens, qui avaient déserté le pays en raison des violences armées » notamment les pieds-noirs, a-t-il ajouté.
Les violences impliquant des islamistes armés ont considérablement baissé d’intensité ces dernières années, mais certaines régions , notamment Boumerdès et Tizi Ouzou, en Kabylie, à l’est de la capitale, continuent toutefois d’enregister des attaques attribuées à des groupes se réclamant d’Aqmi.