Algérie-France,La chute du petit César

Algérie-France,La chute du petit César

Le petit César a fini par tomber de son trône comme une pomme pourrie. Et la France voit poindre une aube nouvelle avec une présidence «normale». Le quinquennat de Sarkozy a réveillé les vieux démons de la xénophobie, du racisme, voire du colonialisme avec le tragique épisode libyen.

Ce «petit» Français de sang mêlé s’est avéré un désastre pour le prestige de la France. La présidence de Nicolas Sarkozy aura déçu pas mal de monde, y compris en Algérie.

Au terme d’une confrontation violente à laquelle n’a même pas été épargné du sang sur les murs lorsqu’on songe aux funestes conséquences de la guerre que Sarkozy a menée contre la Libye, voilà que François Hollande, le représentant de l’autre France, celle que nous connaissons et aimons, est parvenu, quand bien même, à sauver ce qui pouvait encore l’être, d’une présidence que certains comparent volontiers au passage d’un cyclone destructeur.

La France métissée, diversifiée est enfin reconnue? Out Sarkozy, Brice Hortefeux, Guéant et leurs prêches racistes ciblant les communautés arabe et africaine. Jamais dans l’Histoire de la Ve République, l’on n’a vu sombrer les chefs de tout un parti politique – pourtant gaulliste – dans ce que certaines élites françaises qualifient volontiers d’indignité nationale.

Disons-le franchement, les Algériens ont souffert de la présidence Sarkozy. Nous avons découvert, stupéfaits, avec quelle facilité il pratiquait le retournement de veste. Bouteflika en avait fini par tirer, en tant qu’homme d’Etat expérimenté, le sentiment que Sarkozy n’avait pas la carrure requise pour diriger la France.

Dès qu’il avait mis le pied à l’étrier en 2007, le nouveau locataire de l’Elysée avait surpris nombre de dirigeants dans le monde par son style et ses déclarations intempestives.

Du discours de Dakar à la guerre contre El Gueddafi, cela avait été une période riche en événements qui ont fini par nous renseigner sur la vraie nature du personnage. Jamais chef d’Etat n’a été aussi détesté en Algérie que Nicolas Sarkozy.

De son intrusion maladroite dans l’affaire du Sahara occidental à la veille de sa visite à Alger, en 2007, à l’affaire de l’arrestation du diplomate algérien Hasseni jusqu’aux petites provocations tendant à dévaloriser l’influence de l’Algérie dans la région avec, par exemple, la mobilisation de tout l’arsenal militaire de l’Otan et de la machine diplomatique onusienne pour guerroyer en Libye et faire main basse sur ses richesses, Sarkozy n’avait pas cessé de jeter des pierres dans notre jardin.

S’il a fini par reconnaître, lors de son face-à-face avec Hollande, que «l’Algérie est la puissance régionale» sur le versant Sud de la Méditerranée, que ce soit pour les affaires du Maghreb ou la situation au Sahel, pourquoi n’avait-il pas pris le soin de venir nous consulter avant d’aller jouer au va-t-en-guerre en Libye, un pays voisin avec lequel nous partageons une frontière de près de 1000 km?

Une telle initiative, si elle avait été prise à temps, aurait épargné au peuple libyen bien des souffrances et lui éviter de tomber dans les rets de l’islamisme politique.

Aujourd’hui, Sarkozy s’est calmé. Il est entré dans la niche.

Mais n’est-on pas en droit de s’interroger, après coup, sur toutes ses oeillades à l’extrême droite? Patrick Buisson, son âme damnée et conseiller morganatique, lui a inspiré ses discours de haine contre les musulmans dans le secret espoir de liposuccer le Front national d’une partie de son électorat. Il n’est un secret pour personne que la classe politique française a toujours fonctionné selon le mode des comptes d’apothicaire qui font et défont les alliances.

L’Islam a été malmené. Avec une violence inouïe durant toute la campagne électorale par la bande à Sarkozy. Cette dérive, sans précédent, a été dénoncée par François Hollande. N’est-on pas allé jusqu’à inventer un nouvel ennemi pour le peuple de France, celui de la viande halal?

On a diabolisé l’immigré parce qu’il est simplement arabe ou africain. Et comme point d’orgue, Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, proclame à tout vent que «les civilisations ne se valent pas». Tous les beaux esprits que compte la France se sont révoltés contre les tenants de cette idéologie raciste.

Avec l’arrivée de François Hollande au pouvoir, nous fondons de nouveaux espoirs de voir les relations algéro-françaises emprunter un cours… NORMAL avec enfin un président normal débarrassé des miasmes du passé.

A un mois et demi à peine de la célébration du Cinquantenaire de l’Indépendance nationale, voilà arrivé le temps de procéder à un inventaire de l’état de nos relations pour mieux envisager cet avenir commun auquel n’ont pas cessé d’aspirer les nouvelles générations. L’Algérie est le partenaire idéal pour une relation d’exception. Algériens et Français, réalisons donc ce rêve ensemble.