Écrit par Adlène Badis
Les relations algéro-françaises passent-elles par de nouveaux soubresauts comme il est désormais de coutume ? Certains commentaires le laissent entendre depuis quelque temps.
Les déclarations critiques de l’ancien ambassadeur de France en Algérie et ex-patron de la DGSE, Bernard Bajolet, avaient suscité une polémique, mais aussi un certain embarras. Des propos que l’ambassadeur de France actuel à Alger, Xavier Driencourt, s’était empressé de récuser, les situant dans leurs limites : l’ex-patron de la DGSE «s’exprime à titre personnel, à titre privé. Il n’engage en aucun cas, je dis bien en aucun cas, le gouvernement, le président et l’administration française. Il s’exprime en son nom personnel».
Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a mis fin samedi à Alger à cette controverse en rappelant qu’il n’y avait aucune crise dans les relations algéro-françaises et que ces relations étaient guidées par les intérêts des deux pays qui sont importants. Le principe de réciprocité entre les deux pays est évoqué par le Premier ministre, un principe que l’Algérie applique avec tous ses partenaires sans exception.
«La partie française a pris une décision concernant la surveillance du siège de l’ambassade (d’Algérie), et nous avons agi par la réciprocité. Ils observent une certaine politique concernant la question des visas, et si cela continue, nous ferons prévaloir la réciprocité», affirmera Ouyahia. La politique des visas reste un dossier particulièrement sensible entre les deux pays partenaires.
Une tendance à la restriction a été particulièrement remarquée depuis plus d’une année de la part des services consulaires français.
Une tendance imputée aux mesures économiques prises par Alger, considérées comme restrictives par certains partenaires commerciaux du nord de la Méditerranée. Les représentants français à Alger jurent pourtant qu’aucune limitation n’est pas à l’ordre du jour. Et qu’il n’y a aucune instruction particulière pour réduire le nombre de visas accordés aux Algériens. «Ni le consul général, dont c’est le métier de délivrer des visas, ni moi, dont ce n’est pas le métier de délivrer les visas, nous n’avons d’instructions en ce sens. Personne, à ma connaissance, ne nous demande de réduire le nombre de visas en réaction à la limitation des importations en provenance de France. Je peux vous assurer que nous n’avons pas de telles instructions. Donc, il faut être très clair là-dessus», avait confié en août dernier l’ambassadeur au notre confrère le «Quotidien d’Oran».
Des rapports denses
Les relations entre les deux pays restent trop denses pour se permettre une crise, notamment en cette période délicate. M. Ouayhia a rappelé à ce propos la «normalité» des relations par la tenue, il y a une semaine, de la commission d’experts des deux pays, l’organisation d’une rencontre bilatérale au niveau des ministres fin octobre et la haute commission bilatérale, co-présidée par les deux Premiers ministres, prévue en décembre prochain à Alger.
Les rapports bilatéraux semblent au beau fixe et les échanges vont bon train. «Le climat est normal et les relations bilatérales n’ont jamais étaient des rapports de cadeaux. L’Algérie gère ses intérêts et la France également», a tenu à préciser Ouyahia, insinuant que les intérêts entre les deux pays sont trop importants et mutuels.
Sur le cas Bajolet, Ahmed Ouyahia a estimé qu’il serait intéressant que les analystes algériens lisent en entier le livre de l’ex-ambassadeur aux propos controversés, précisant que dans cet ouvrage, où l’auteur évoque «des stations de sa carrière diplomatique en Syrie, en Irak et en Afghanistan, il a consacré à l’Algérie 30 pages, qui ne sont ni plus ni moins, qu’un torrent de haine».
Estimant que «Bajolet a déversé son fiel», y compris au sujet de la question de changement de générations en Algérie, le SG du RND a déclaré qu’«il existe en France des parties qui veulent édifier des relations avec l’Algérie, mais aussi, des haineux qui veulent les détruire, et Bajolet en fait partie».