A la reconquête des salles de cinéma

A la reconquête des salles de cinéma

Au début des années 1990 dans un pathétique appel à la sauvegarde de l’activité cinématographique en Algérie de l’ex-directeur de la Cinémathèque algérienne, c’était le constat amer d’une situation qui ne cessait de se dégrader au point d’atteindre le degré zéro sans que personne ne détecte une quelconque volonté d’y remédier.

C’est un peu dans cette logique que Boudjemaâ Karèche a insisté pour évoquer le travail de pionnier qu’il fallait entreprendre. Tout reprendre à zéro comme si rien n’avait existé avant. En réalité ce qui était perdu, c’était l’envie des Algériens à se rendre dans des salles de cinéma pour voir un film. Le cinéma ne faisait plus partie de leurs loisirs. Effectivement quand il y a une rupture qui dure plus d’une dizaine d’années, c’est une habitude qui se perd.

Et il aura fallu attendre le début des années 2000 pour revoir les Algériens reprendre le chemin des salles de cinéma à la faveur des festivals qui sont organisés dans le pays. L’intérêt pour le cinéma demeure donc et il n’y a lieu que de le ressusciter avec des offres alléchantes, des films récents vus dans des conditions agréables. Le DCP, fait son intrusion, il offre des commodités insoupçonnables.

Une entreprise privée, loue son matériel aux salles qui le demandent. C’est une solution momentanée mais la voie est tracée. Il faut acheter ces fameux DCP et aujourd’hui cela s’est concrétisé avec l’Office national de la culture et de l’information qui s’est vu apparemment confier la gestion des salles de cinéma par le ministère de la Culture.

Le partenariat, public-privé fonctionne à merveille aujourd’hui à la salle Ibn Khaldoun avec la programmation des films à peine sortis des studios américains. Et c’est la grande affluence en dépit du prix du ticket. Tant mieux et cela semble avoir donné des idées aux gestionnaires.

Le tout-puissant DG de l’Onci, Lakhdar Bentorki avec sa riche expérience des grandes manifestations artistiques, surtout dans le domaine de la chanson, semble optimiste quant à ce projet de la reconquête du public des salles de cinéma. Il l’affirme dans un entretien qu’il a accordé à notre confrère El Watan Wenk-end.

Le vieux routier reste réaliste quand il dit qu’il faut au moins une année pour réussir cette mission. Pour ce faire, il table sur quatre séances jour, de bons films récents et de très bonnes conditions de projection.

Ainsi, parfois, il faut donner le temps au temps et les moyens nécessaires aux projets qui se démarquent par une gestion particulière, ici celle des salles de cinéma.

Il faut noter qu’il y a un abandon en la matière ou alors pas de persévérance au point de baisser les bras au moindre obstacle. Pour preuve, à voir l’image désolante des salles comme l’Afrique, Le Debussy et L’Algeria, pourtant réhabilitées à coup de budgets conséquents, on est convaincu que cela s’est fait à la hâte sans penser qu’une salle de cinéma doit être alimentée constamment en films.

C’est une vérité facile à vérifier là où la recette bonnes conditions de projection, bons films récents, donne des résultats inespérés en Algérie où effectivement on a presque oublié qu’un film se voit dans une salle obscure.