À Khenchela, des dizaines de blessés dans des affrontements tribaux entre Babar et Chechar

À Khenchela, des dizaines de blessés dans des affrontements tribaux entre Babar et Chechar

Deux tribus en viennent aux armes pour régler un différend foncier. Ce n’est pas un épisode de la fameuse et légendairement absurde guerre de Dahis et El Ghabra, cela ne se passe pas dans la peninsule arabique au temps de “El Jahiliya”.

Cela se passe dans le territoire de la République algérienne démocratique et populaire, en février 2016, précisément dans la wilaya de Khenchela. Entre les Algériens des communes de Babar et de Chechar, rien ne va plus.

Dans le lieudit Seffih, aux “frontières” entre ces deux communes au sud de la wilaya de Khenchela, de violents affrontements ont eu lieu le 10 février entre les Beni Maâfa et les Nemamcha, deux “arouchs” de Chechar et Babar respectivement, sur fond de conflit foncier.

A l’origine des hostilités, des terrains agricoles situés à la frontière entre les deux localités. Chacun des deux “arouchs” affirmant en être le propriétaire.

Les services de sécurité ont mis fin aux violences par leurs moyens. Les élus locaux, eux, ont échoué à résoudre définitivement le conflit.

La tension reste vive. Des habitants de Babar ont organisé dimanche 14 février 2016 une marche pour demander leur “indépendance” de Chechar. Ils ont réclamé même de nouvelles routes, qui ne traversent pas la localité “ennemie”, pour accéder à leurs terres agricoles.

Des dizaines de blessés, rapporte le journal El Khabar, sont à déplorer suite à cette “guerre” dans laquelle ont été utilisées des armes à feu ainsi que des armes blanches et des pierres. Les gendarmes sont ensuite intervenus en grand nombre, utilisant même des bombes lacrymogènes, pour mettre fin aux violences.

Les habitants de la région, selon le même quotidien, ont précédemment fait appel aux autorités locales pour délimiter clairement les deux localités et mettre fin au conflit, mais en vain.

Suite aux violences, le wali de Khenchela Hamou Bekkouche a demandé aux deux maires de Chechar et Babar de trouver une solution définitive au différend.

Même si selon le maire de Babar, le problème du foncier a été définitivement réglé, les terrains en question appartenant administrativement à sa commune, les habitants de cette localité ont manifesté dimanche pour revendiquer leur “indépendance” administrative.

Ces derniers effectuent des visites médicales et des opérations chirurgicales à l’hôpital Saadi Maamar de Chechar. Ils payent également leurs factures d’électricité dans des bureaux situés dans cette commune.

Des habitants de Chechar refusent à leur tour que des résidents de Babar traversent leur commune pour rejoindre leurs terrains agricoles, la première localité étant entourée de trois côtés par la seconde (voir carte).

 Des dizaines de blessés, selon El Khabar, reçoivent toujours des soins dans des hôpitaux à l’heure où des forces de sécurité restent déployés dans la région.

Les conflits fonciers à coloration tribale ont été à l’origine de violences ailleurs dans le pays, notamment à Ghardaïa où 23 personnes ont été tuées dans des affrontements en juillet 2015.

Des observateurs et des acteurs de la société civile ont mis en cause la “défaillance” de l’Etat et des modalités de représentation sociale dans la prévention et la résolution de ces conflits, laissant le champ libre aux sensibilités intercommunautaires de prendre le dessus.