Il s’est passé beaucoup de choses à Bordj El-Fateh ces derniers jours. Les 5 candidats qui se disputent les deux sièges du comité exécutif de la FIFA joueront aujourd’hui et demain leurs dernières cartes avant le jour de vérité.
Cela,…..même si dans les couloirs de ce luxueux complexe, on a commencé à parler avec certitude d’une victoire de l’Ivoirien Jack Anouma et de l’Algérien Mohamed Raouraoua
On raconte aussi que le président de la FAF aurait réussi à convaincre 26 des 53 représentants pour voter pour lui. Il serait, selon les rumeurs à Bordj El-Fateh, devancé de quelques voix par le candidat sortant, l’Ivoirien Jack Anouma, qui aurait assuré le vote de 31 nations. Si ces informations se confirment le jour J, ces deux candidats totaliserons 59 voix (en plus des leurs), soit plus de 50%, ce qui leur assurerait une victoire certaine. On signale que chaque représentant de fédération aura à donner deux noms. Donc, c’est comme si chacun d’eux votera deux fois.
La zone, l’ethnie, la religion, la langue, les promesses et les intérêts…
Nous avons expliqué dans l’une de nos précédentes éditions que ces élections étaient surtout une guerre zonale. C’est-à-dire que chaque candidat devait assurer les votes de sa zone (il y a 6 zones), puis utiliser ses contacts et ses relations pour essayer de «voler» des voix d’autres zones à ses candidats. C’est un exercice très difficile, surtout quand on sait que ce combat est aussi régional, ethnique et religieux. La langue aussi joue un rôle déterminant et décisif dans ce genre de compétition. Une seule chose peut éliminer ces différences, ce sont les intérêts.
C’est-à-dire ce qu’a à offrir ou à promettre chaque candidat à ses électeurs. Raouraoua, dans ce jeu, n’est pas très avantagé parce que d’un coté, sa zone ne contient que 5 nations (la Libye, la Tunisie, le Maroc et l’Egypte), alors qu’il y a des zones qui contiennent 16 nations, mais surtout parce qu’il y a déjà l’Egyptien Mustapha Fahmi qui est Arabe, qui siège à la FIFA. Avec Raouraoua en plus, cela fera deux Arabes et trois musulmans en tout pour représenter le continent africain dans cette instance. C’est vrai que normalement, des considérations pareilles ne doivent en aucun cas peser sur le vote, mais en Afrique et aussi en Asie, on donne beaucoup d’importance à ces paramètres.
Ce qui a joué en sa faveur
Si l’ivoirien Anouma était donné gagnant à l’avance du fait qu’il est déjà à la FIFA et que son poids en Afrique le lui permettrait, Mohamed Raouraoua, lui, devait faire appel à ses relations, sa diplomatie, et surtout sur son passé et son vécu en tant que responsable à la CAF. Il a donc, dès qu’il a pris la décision de présenter sa candidature, commencé sa campagne.
Il faut dire que l’Algérien a une très bonne réputation en Afrique qui lui a permis de gagner la confiance et l’estime de plusieurs «hommes forts et puissants» qui ont leur mot à dire dans ces élections. Il faut savoir aussi que chaque zone a un leader. Ce dernier a souvent le pouvoir de convaincre les autres de le suivre. C’était le plan de bataille de Raouraoua.
On dit d’ailleurs que c’est grâce à cela que Raouraoua a pu avoir la majorité des voix de la zone Ouest A qui contient Le Cap-Vert, la Gambie, la Mauritanie, le Sahara Occidental, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée-Bissau, la Guinée, la Gambie et le Sénégal. Raouraoua a ciblé cette zone parce qu’elle n’avait pas de candidat, mais aussi parce qu’il avait de très bonnes relations avec la plupart des dirigeants du football dans ces nations. L’Algérien était le meilleur des cinq candidats pour les représenter à la FIFA.
Toujours selon ce qui se dit en ce moment à Bordj El-Fateh, Raouraoua aurait, en plus de cette zone, assuré le vote de plusieurs autres fédérations, notamment de la zone Centre-Est où l’on trouve l’Ethiopie, le Soudan, la Somalie, l’Erythrée, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, la Tanzanie, le Burundi et Djibouti. Ajoutant à cela les voix de la zone Ouest B qui contient la Côte d’Ivoire qui a un candidat, Anouma en l’occurrence, et qui à elle seule totalise 9 voix, on pourra, si on fait un petit calcul, en prenant en considération les aspects cités plus haut qui détermineraient le choix des votants, tomber sur le nombre de 27 qui circule actuellement autour de Bordj El-Fateh.
Qu’en est-il de l’alliance secrète Raouraoua-Anouma ?
Comme expliqué auparavant, chaque pays devra choisir deux candidats. Pour s’assurer d’avoir le maximum de voix, Raouraoua aurait décidé de se faire un allié de taille et de poids. L’Ivoirien Jack Anouma. Ce pacte arrange les deux candidats. Chacun d’eux assurerait à l’autre les voix de sa zone ainsi que celle de ses alliés dans les autres zones (le principe du vote sur deux candidats). Mathématiquement, ces deux réunis ne pourront être inquiétés par aucun autre candidat. Même pas par Jordan, le Sud-Africain.
Cette alliance dont on parle est basée sur des intérêts en commun. Chacun a besoin de l’autre lors de ces élections. La complexité de ce «jeu» et le jeu des coulisses étaient tellement intenses qu’aucun ne voulait prendre le risque de faire cavalier seul. Ça aurait été un suicide. Cependant, Jordan, qui était donné comme l’un des favoris de cette course, a fini par se rendre compte que cette élection repose sur le travail effectué pendant plusieurs années, les relations qu’on s’est faites pendant qu’on était à la CAF et responsable dans son pays et, surtout, et c’est le plus important, des amis et des ennemis qu’on s’est faits pendant tout ce temps. Raouraoua s’est fait plus d’amis que d’ennemis, Jordan, lui, aurait fait le contraire.
«Aidez-nous pour la FIFA et on vous aidera pour la CAF»
Les zonnes, qui n’ont pas de candidats pour la FIFA, en ont pour la CAF. Lors de cet assemblée générale ordinaire, il serait question aussi d’élire les candidats au comité exécutif de la CAF. C’est un double jeu qui a un poids considérable et qui lui aussi pourrait déterminer les heureux élus au CE de la FIFA. La question est simple. «Donnez-nous vos voix pour nos candidats à la FIFA et on vous assurera nos votes pour les vôtres à la CAF». C’est en fait du donnant-donnant. Bien sûr, ces choses-là se passent en off, en privé dans les coulisses de Bordj El-Fateh. Ce n’est pas la première fois que cela se fait, et ce ne sera certainement pas la dernière. D’ailleurs, même en Europe, on utilise cette formule pour passer et pour assurer les votes des autres zones. Raouraoua et Anouma ont certainement recouru à cette méthode, comme Jordan et les autres d’ailleurs. Cela rend le vote plus complexe.
Raouraoua très décontracté…
Depuis qu’on est ici à Khartoum, on n’a jamais vu le président de la FAF crispé ou pressé. On ne dirait pas qu’il est candidat au CE de la FIFA. Souriant, heureux, décontracté, très gentil avec la presse… El-Hadj est confiant, c’est sûr. Cela confirmerait toutes les rumeurs qui courent à Bordj El-Fateh ces derniers jours. Le meilleur exemple était sa présence lors du dernier match Algérie-Afrique du Sud dans les tribunes du Stade Khartoum aux côtés d’Aïssa Hayatou, président de la CAF et aussi du président de la Fédération soudanaise Moetassim Djafar (un autre signe) et l’absence du Sud- Africain Jordan. Il y a aussi le petit incident survenu à Bordj El-Fateh entre Raouraoua et Patel, le Seychellois.
Ce dernier a surpris Raouraoua en train de discuter avec quelques journalistes algériens, alors il lui a dit : «Tu parles à des journalistes ?» Et Raouraoua de lui répondre : «Bien sûr, ce sont mes compatriotes.»
Et Patel répliqua : «Vous les Algériens, vous aimez Eddie Mallet.» Après, Raouraoua est allé boire un café, discuter et rigoler avec des amis, pendant ce temps-là, Patel est resté seul, comme si personne ne le connaissait, ce qui est relativement vrai. Bien sûr, tout cela reste officieux, puisque, et comme l’a dit Raouraoua : «Rien n’est encore joué.» Les choses peuvent changer d’un moment à l’autre. La jubilation sera le jour où Josef Seep Blatter, président de la FIFA, annoncera les heureux élus.