5+5,Alger et Washington = pas d’intervention militaire au Sahel,Mali : La Valette entre le triomphe d’Alger et l’embarras de Paris

5+5,Alger et Washington = pas d’intervention militaire au Sahel,Mali : La Valette entre le triomphe d’Alger et l’embarras de Paris

La Valette consacrera, les 5 et 6 octobre prochains, le triomphe de la démarche algérienne concernant la situation au Mali et par extension dans tout le Sahel.

Les Nord-Africains et les riverains sud de la Méditerranée n’organisent pas, c’est certain, d’expédition punitive contre Aqmi ou le Mujao à partir de Malte. Ils diront leur «préoccupation », leur «inquiétude», leur «disponibilité à» et leur «entière solidarité avec les populations maliennes», mais n’iront pas plus. La raison et les lois du désert dictent cela. Telle a toujours été la position de l’Algérie, grande experte en lutte antiterroriste et principal acteur géographique dans la région dite du Sahel. Rusés, les Algériens ont dès l’entame de l’affaire malienne senti le piège, le complot, la manipulation à l’échelle planétaire. Alger, poussé dans le dos par de multiples pressions tant africaines que françaises pour s’en aller en guerre, a su raison garder. Selon le principe connu selon lequel on sait comment commencer une guerre mais jamais comment la finir. Au Sahel, et au Nord-Mali, guerroyer où, comment, quelles positions prendre et quelles stratégies adopter dans cette immensité désertique à côté de laquelle les montagnes afghanes passeraient pour des haltes enneigées pour touristes en mal d’exotisme. Même le tragique enlèvement de ses diplomates à Gao n’a pas fait tourner la tête à l’Algérie et notre pays n’est pas allé tête baissée, comme un taureau nîmois, vers l’inconnu, vers le sang, le carnage. La stratégie algérienne est validée par l’Union européenne (le cas français est à part), la Russie, la Chine et les Etats-Unis. Le commandant de l’Africom l’a confirmé la semaine dernière à Alger même en déclarant que Washington privilégiait la solution politique. En Union européenne, depuis le départ de N. Sarkosy, va-t-en guerre, ayant toujours cherché sans l’obtenir de détrôner Londres dans le cœur des Américains, d’être en définitive l’adjoint attitré des Etats-Unis, Paris, contrairement aux apparences et aux subtilités diplomatiques, ne semble plus privilégier l’option militaire. Il est vrai, cependant, que sans un engagement ferme d’Alger soutenant l’intervention armée, la France se trouverait en première ligne, directement en guerre en Afrique, dans sa chère et protégée «Françafrique». Mettre dans l’affaire et lancer dans le bain la Cédéao ? L’Afrique de l’Ouest sans une présence physique et quotidienne des troupes françaises à ses côtés, ne pourra pas assumer le rôle, trop dur, trop compliqué et les pays qui s’y engageront y laisseront plus que des plumes, sans doute même leur peau. N’est pas anti-terroristes qui veut. En paroles, oui, dans les actes, c’est autre chose. A Malte, les 5+5 tenteront de trouver une solution médiane entre la position algérienne triomphante et les exigences guerrières de la France et de la Cédéao. Paris et Alger peuvent, toutefois, trouver non pas le compromis, mais des compromis, des arrangements acceptables. Le président français n’étant pas, à vrai dire, un faucon, la Valette ne sera pas la capitale de la rupture entre Alger et Paris. Les 5+5 continueront d’exercer sous l’œil vigilant de l’Amérique sans qui rien n’est possible. Ni au Mali ni ailleurs.

A. M.