Tel un feuilleton lugubre et macabre, les saisies de drogue continuent de rythmer le quotidien des Algériens. La réalité est amère, mais elle impose son évidence à notre esprit : notre pays vit actuellement à l’heure d’une guerre féroce que les services de sécurité livrent sans merci aux narcotrafiquants. Pour preuve, il ne se passe plus un jour sans qu’on signale la saisie d’une dizaine de kilogrammes de kif traité.
Du nord au sud, de l’est à l’ouest, toutes les régions du pays sont envahies par des réseaux criminels qui cherchent à faire commerce de leurs substances illicites. C’est dire que le danger est juste à nos portes. La menace est comme une épée de Damoclès qui pèse sur l’avenir de toute notre jeunesse en proie à la toxicomanie car l’Algérie n’est plus une simple zone de transit mais un pays touché de plein fouet par le phénomène de la consommation de drogue.
C’est dans ce contexte que des saisies record de drogue ont été enregistrées depuis le début de cette année 2009. Mais, ces dernières semaines, force est de constater que ce ne sont plus des grammes ou des kilogrammes qu’il s’agit, mais de quintaux et de tonnes qui tombent presque chaque jour dans les filets de la Gendarmerie nationale.
Ainsi, dimanche dernier encore, plus de 33 kilogrammes de kif traité ont été récupérés par les gendarmes dans la wilaya d’Aïn Témouchent, a-t-on appris auprès du commandement de la Gendarmerie nationale. Dans cette wilaya, les gendarmes ont récupéré un sac contenant 33 kg de cette drogue, rejeté par les vagues à la plage Rachgoune, commune de Beni Saf, nous a-t-on précisé. Cette nouvelle prise vient s’ajouter aux cinq quintaux de kif traité qui ont été découverts et saisis par les éléments de la Gendarmerie nationale, samedi, sur le même littoral de cette wilaya, assurément le carrefour privilégié des narcotrafiquants.
Ces stupéfiants qui portent les mêmes caractéristiques que les 26 quintaux de kif traité saisis le 12 avril à bord d’un semi rigide (KS 2009), ont été découverts au niveau des plages de Sassel (Ouled Boujemaa), Sbiaat (Bouzedjar) et El Aïn (Terga), indique-t-on. D’une saisie à une autre, le bilan de la lutte contre les narcotrafiquants de ces dernières semaines donne réellement le tournis. Et pour cause, durant la période allant du 8 au 19 avril, 3 546 kg de cette substance ont été récupérés sur le tronçon du littoral incluant seulement les wilayas d’Aïn Témouchent, d’Oran et de Mostaganem, révèle à ce propos la Gendarmerie nationale. Soit plus de 3 tonnes et demie de kif traité en l’espace de dix jours ! Du jamais-vu dans l’histoire de l’Algérie.
En 2008, durant toute une année, à peine 809 kg de cannabis rejetés par la mer avaient été récupérés par les gendarmes sur tout le littoral du pays. Pour 2009, il a suffi donc de dix jours pour battre le record et ce, sur les côtes de trois wilayas seulement. «Ceci révèle un nouveau mode opératoire» que les narcotrafiquants utilisent pour introduire la drogue en Algérie. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Un dispositif de surveillance renforcé du littoral témouchentois (80 km) mobilisant d’importants moyens humains et matériels a été mis en place ces derniers jours, a-t-on appris auprès des services de la Gendarmerie nationale.
La situation est tellement critique que même des appels à la vigilance sont quotidiennement lancés sur la radio locale par le groupement de Aïn Témouchent en direction des habitants des communes côtières et des pêcheurs pour l’informer de toute découverte de stupéfiants. «Cela pour éviter toute propagation de cette drogue par des mains malsaines», prévient-on. Mais en attendant, les saisies effectuées durant cette période poursuivent leur hausse vertigineuse. Une hausse estimée par les services de sécurité à 213% par rapport à la même période de 2008.