Son usine a été inaugurée à Tanger,Renault ne s’installera pas à Alger!

Son usine a été inaugurée à Tanger,Renault ne s’installera pas à Alger!

P120211-12.jpgUne usine de montage de Renault

La marque au losange n’a pas l’intention de construire une usine en Algérie mais elle entretient l’illusion pour empêcher les autres marques de s’y installer et concurrencer sa nouvelle usine marocaine.

Ce n’est pas demain la veille que Renault fabriquera des voitures en Algérie. L’ouverture de son usine marocaine a créé une grosse polémique en France. Elle a été critiquée à droite comme à gauche dans un contexte marqué par un débat sur les délocalisations des entreprises françaises à l’étranger.

Politiques, syndicats ou citoyens lamda tombent à bras raccourcis sur la marque au losange. Ils lui reprochent sa politique de délocalisation qui va, selon eux, au détriment des intérêts des Français. Au pays des 4,2 millions de chômeurs (9,5% de la population active) les citoyens s’insurgent contre cette délocalisation qu’ils estiment indécente. Ils voient cette politique de délocalisation comme un couperet qui menace leurs emplois, eux qui se noient déjà dans un chômage hallucinant. Ils voient en l’usine de Tanger celle de tous les dangers… Les Français, particulièrement les syndicats, craignent que la production du site de Melloussa, exportée à 85%, ne fasse concurrence à deux modèles fabriqués dans l’Hexagone, le monospace Scenic et l’utilitaire Kangoo. «On considère que c’est l’usine de tous les dangers», commente Fabien Gache, délégué syndical central CGT chez Renault. Le journal l’Humanité démontre, chiffres à l’appui, ces dangers. Il rappelle dans ce sens que «depuis 2008, le nombre de salariés est passé de 6000 à 2000 à l’usine de Sandouville (Seine-Maritime) et de 5800 à 3000 à Douai (Nord)», alors même que «Renault s’était engagée à maintenir l’emploi en France lorsqu’elle avait reçu trois milliards d’euros de prêts de l’Etat en 2009 pour amortir les effets de la crise». On voit donc la controverse qu’a provoquée l’usine de Tanger! De ce fait, on imagine mal le constructeur français enfler cette polémique en annonçant, comme il l», a promis, la construction d’une autre usine en Algérie.

Melloussa a donc montré au grand jour la mauvaise foi du constructeur automobile français. D’ailleurs, cette mauvaise foi se fait ressentir dans la conférence de presse qu’a animée ce jeudi à Tanger le P-DG de Renault, Carlos Ghosn, à l’inauguration de l’usine marocaine. Alors que le gouvernement algérien annonçait, il y a quelques jours, qu’il était «sur le point de signer» un protocole d’accord avec le groupe français Renault relatif à la construction d’une usine de montage automobile en Algérie, Carlos Ghosn affirme le contraire. Le P-DG de Renault explique que l’entreprise qu’il dirige est toujours intéressée par son projet algérien, mais qu’aucun calendrier ne se précise. «Je ne fais pas de secret que nous sommes en discussions avec les autorités algériennes sur un projet d’usine en Algérie. Les discussions sont en cours (…) mais pour l’instant, c’est un projet, il n’y a pas de décision, pas d’aboutissement», a-t-il lancé à la face des autorités algériennes.

La marque au losange défie donc les autorités algériennes en désavouant encore une fois le ministre de l’Industrie, Mohamed Benmeradi. Les propos du P-DG de Renault viennent une nouvelle fois démentir «ses» prévisions optimistes. Un nouveau «revers» pour Benmeradi. La preuve de cette mauvaise foi ressot dans une autre déclaration de M.Ghosn: «Renault est la première marque en Algérie, il n’est pas question de laisser qui que ce soit venir construire en Algérie une usine. Si le gouvernement algérien souhaite une usine en Algérie, nous préférons que ce soit une Renault», a-t-il ajouté en allusion sans doute au projet concurrent présenté par Volkswagen. Renault n’a pas l’intention de construire une usine en Algérie, mais elle entretient l’illusion pour empêcher les autres marques de s’installer en Algérie et concurrencer sa nouvelle usine marocaine.

Si Volkswagen par exemple s’installait en Algérie, elle concurrencerait largement l’usine marocaine de Renault, sachant que le Smig algérien qui est à peu près de 190 euros, alors que le Smig marocain équivaut à 240 euros, les coûts seront indubitablement moindres en Algérie.