Les chaînes privées ont été créées dans un contexte dépourvu d’un cadre juridique.
«Les chaînes de télévision privées, y compris celles disposant des autorisations d’activer en Algérie, ne sont pas légales. Les autorisations dont elles disposent ne sont pas définitives et ne peuvent en aucun cas remplacer les autorisations officielles», c’est ce qu’a déclaré hier le président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel(Arav) Zouaoui Benamadi dans un entretien qu’il a accordé au journal arabophone El Khabar. «Ces chaînes ne sont pas légales aussi, car le contexte dans lequel elles ont vu le jour(2013) a été complètement dépourvu d’un cadre juridique», a-t-il ajouté.
«Les pouvoirs publics ont autorisé la création des chaînes privées à cette époque-là faute de choix», a laissé entendre plus loin dans ses réponses le président de l’Arav, écartant toute responsabilité de l’Arav dans ce qui caractérise actuellement le paysage médiatique, et ce, pour la simple raison que l’Arav n’a été créée que depuis une année. Répondant par la suite sur la question concernant la partie qui est habilitée à autoriser la création des chaînes maintenant après la création de l’Arav, Benamadi a indiqué que la décision finale revient au gouvernement représenté par le ministère de la Communication. «L’Arav n’est là que pour veiller sur le respect du principe de la concurrence entre les chaînes, en étudiant les demandes des postulants et en veillant par la suite sur le respect du cahier des charges que le propriétaire de la chaîne autorisée aura signé», a-t-il précisé.
S’exprimant par ailleurs sur les dérapages médiatiques que certaines chaînes privées ont commis, notamment pendant ce mois sacré, Zouaoui Benamadi a souligné que l’Arav a fait un travail de sensibilisation auprès de ces chaînes avant le début de Ramadhan, mais ces dernières n’ont pas respecté leurs engagements. Sur la question de savoir pourquoi l’Arav n’a pas réagi contre ces dérives, Benamadi a avoué que «l’Autorité de régulation de l’audiovisuel ne dispose pas pour l’heure des moyens capables de lui permettre d’intervenir conformément à la loi». Benamadi, qui n’a pas caché sa colère face à cette situation, s’est dit toutefois confiant par rapport au futur, particulièrement après sa récente réception par le nouveau ministre de la Communication. «Les chaînes de télévision privées, pour Benamadi, ne doivent pas être critiquées sur toute la ligne, car il faut reconnaître qu’avant leur création les Algériens regardaient des chaînes étrangères véhiculant des idées et programmes contre l’Algérie», a-t-il nuancé. Poursuivant ses réponses, le président de l’Arav a exprimé son refus quant aux accusations contre celle-ci s’agissant de plusieurs autres questions.
«L’Arav n’a rien à voir avec l’affaire de Benagoun, ex-ministre du Tourisme. Amara Benyounès s’est lourdement trompé en s’attaquant à l’Arav», a indiqué Benamadi, en ajoutant que cette affaire doit être réglée au niveau de la justice. «C’est le cas aussi par rapport aux programmes incitant à la violence contre les femmes présentés durant ce mois sacré par certaines chaînes de télévision», a-t-il fait observer. «Le Conseil des droits de l’homme ne devait pas accabler l’Arav. Il aurait dû s’informer avant par rapport au cadre juridique régissant les prérogatives de l’Arav», a-t-il tranché. S’exprimant en dernier sur la question de la création prochainement de 10 chaînes, telle que l’ex-ministre de la Communication Hamid Grine l’avait annoncé, le président de l’Arav a affirmé que ces propos n’engagent que celui qui les a exprimés. «La création de nouvelles chaînes et l’accréditation d’autres ne doivent pas se faire comme c’était le cas en 2013. Elles doivent se faire en tenant compte de plusieurs paramètres», a-t-il conclu.