Zone d’exclusion aérienne en Libye,Les Arabes donnent leur quitus

Zone d’exclusion aérienne en Libye,Les Arabes donnent leur quitus
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Les Arabes, pour une fois se sont entendus sur un sujet. Il est vrai, à deux voix près. La Ligue des États arabes invite le Conseil de sécurité de l’Onu à donner l’autorisation à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne. L’argument paraît imparable.

Les forces pro-Kadhafi regagnent le terrain perdu incontestablement. Les positions aux mains des insurgés tombent les unes après les autres. Les révolutionnaires font face à des forces armées suréquipées et disposant d’une arme redoutable : l’aviation et qui par ailleurs pose un grand problème à l’Union européenne, l’Otan, la Russie et la Chine qui cherchent un moyen pour la contrer.

La communauté internationale, elle, peine à se prononcer d’une seule voix sur cette question. Les Arabes, par contre, pour une fois se sont entendus sur un sujet. Il est vrai, à deux voix près. La Ligue des États arabes invite le Conseil de sécurité de l’Onu à donner l’autorisation à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne. L’argument paraît imparable. Clouer l’aviation au sol, une arme utilisée par le numéro 1 libyen pour reconquérir ces derniers jours des villes aux mains des rebelles.

La répression sanglante de la révolte par les forces fidèles au guide de la Jamahiria a fait, selon des estimations, des centaines de morts et poussé à la fuite plus de 250.000 personnes. Cela est suffisant pour la Ligue arabe réunie, samedi, au Caire, pour estimer que le régime libyen avait « perdu sa légitimité » du fait des « violations dangereuses » commises contre son peuple. La Ligue arabe est en faveur d’une zone d’exclusion aérienne en Libye et de contacts avec le Conseil national de transition regroupant l’opposition libyenne, ont indiqué samedi des diplomates participant à la réunion extraordinaire de l’organisation au Caire.

Enfin, les Arabes parlent d’une seule voix

Les ministres arabes des Affaires étrangères « se sont mis d’accord pour inviter le Conseil de sécurité (de l’Onu) à assumer ses responsabilités et à imposer une zone d’exclusion aérienne pour protéger le peuple libyen », a affirmé à l’AFP l’un de ces diplomates sous le couvert de l’anonymat. « La décision de la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne a été acceptée par les ministres arabes à l’exception de ceux d’Algérie et de Syrie », a-t-il ajouté. La Ligue arabe compte 22 membres mais la Libye a été exclue des réunions après la répression de l’insurrection dans le sang.

Les réserves algérienne et syrienne n’empêchent pas l’adoption de la résolution arabe. Elle a par conséquent appelé le Conseil de sécurité de l’Onu à autoriser la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne pour protéger le peuple. Elle a aussi décidé de « coopérer » avec le Conseil national de transition (CNT), créé par l’opposition et basé à Benghazi. Pour Amr Moussa, son secrétaire général, cette « coopération » équivaut à une reconnaissance de l’opposition qui réclame le départ de Mouammar Kadhafi du pouvoir après plus de quatre décennies de règne sans partage. Cet appel à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne, est salué par les Etats-Unis, qui estiment-ils, renforce la pression internationale sur Kadhafi, soulignant que la communauté internationale était « unie » dans son appel à l’arrêt des violences. La Grande-Bretagne s’en est aussi félicité, mais les Affaires étrangères de l’UE ont affirmé que la création d’une telle zone n’était pour le moment qu’une option. Londres et Paris travaillent actuellement à un projet de résolution soutenant l’idée de faire de la Libye une zone de survol interdite, qu’ils entendent soumettre au Conseil de sécurité.

Les Européens divisés

Jusqu’à présent les Européens, divisés entre eux, hésitent à instaurer une telle zone, même s’ils ont souligné la possibilité d’utiliser « toutes les options » contre Mouammar Kadhafi, qui reste sourd aux appels à arrêter la répression. La question n’en finit pas de susciter des débats. Il est prévu que la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et ses homologues européens, réunis aujourd’hui, pour une rencontre ministérielle du G8 devront se pencher à Paris sur la question et se concerter avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, la position de Moscou restant également floue.

Hésitation et attentisme des pays occidentaux et crainte de l’aventure des militaires américains. Le ministre américain de la Défense Robert Gates a déclaré qu’il n’était pas sûr qu’imposer une telle zone soit une décision « sage », même si l’armée américaine et ses alliées ont la capacité de le faire. Une option qu’appellent de tous leurs vœux, les insurgés de Benghazi.

« Nous ne voulons pas d’intervention étrangère, nous voulons juste une zone d’exclusion aérienne, et nos garçons vont faire le reste », a déclaré une manifestante dans cette ville, bastion de l’insurrection et siège du Conseil national de transition.

La reconquête de l’Ouest

Sur le théâtre des opérations, la révolution libyenne vit des jours sombres. Les bombardements de l’aviation se sont intensifiés. De nouveaux raids sont lancés sur les positions tenues par les rebelles. Un poste de contrôle des insurgés à Al-Uqaila, sur la ligne de front à quelques dizaines de kilomètres à l’est de la ville pétrolière de Ras Lanouf, ancienne base avancée de l’insurrection reconquise par les pro-Kadhafi est évacué, après des raids intenses. A l’ouest de la ligne de front, les forces pro-Kadhafi ont fêté la reconquête de Ras Lanouf et de la bourgade de Ben Jawad, à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest, où les destructions témoignaient de la violence des combats, selon un journaliste de l’AFP. A l’est du front, des dizaines de véhicules transportant des rebelles ont fui Al-Uqaila vers Brega, à 40 km plus à l’est.

Autre site pétrolier stratégique, Brega ressemblait à une ville fantôme et rien ne permettait de dire qui la contrôlait, même si les insurgés semblaient se concentrer sur ce nouveau front. Zawiyah, qui fut le bastion rebelle le plus proche de la capitale, est tombée aux mains des pro-Kadhafi qui ont fêté la « victoire » après plus de deux semaines de résistance acharnée. Des témoins ont parlé de violents combats et certains de « massacre ».

D’autres ont évoqué des vagues d’arrestations. En revanche, les rebelles contrôlaient toujours Misrata (150 km à l’est de Tripoli) et plusieurs villes du Nord-Ouest, en particulier dans la région montagneuse du Jabal Al-Gharbi, selon des témoins. Les forces du numéro 1 libyen progressaient, hier, vers le siège de la rébellion dans l’est de la Libye après avoir reconquis les villes aux mains des insurgés à coups d’obus et de raids aériens. Mouammar Kadhafi qui s’est dit déterminé, plus que jamais, à venir à bout de l’insurrection malgré les protestations et sanctions internationales attend de voir ce que décidera la communauté internationale dans les jours à venir.Le temps joue en sa faveur. Chaque jour d’attentisme et d’hésitation de cette communauté lui permet de grignoter du terrain et d’asseoir ses bases sur une éventuelle négociation pour toutes les options.