Invitée comme, »personnalité nationale » à participer aux consultations politique sur le projet de révision constitutionnelle, en sa qualité de Moudjahida, Zohra Drif a dressé un véritable réquisitoire contre la démarche du pouvoir.
La réponse de la « Combattante de la guerre de libération nationale, Zone autonome d’Alger », c’est ainsi qu’elle a signé sa réponse à Ahmed Ouyahia, prend d’autant plus de relief qu’elle émane d’une sénatrice faisant partie du tiers présidentiel, c’est-à-dire choisie par le président Bouteflika.
Dans le point numéro huit de sa déclaration Mme Zohra Drif note que »en lisant et relisant les documents que vous avez eu l’amabilité de m’envoyer , je n’ai cessé de me demander ce qu’en aurait pensé le grand Benmhidi que j’ai eu la chance de côtoyer sous la direction duquel j’ai eu l’immense privilège de travailler jusqu’à son lâche assassinat par l’ennemi français ».
Car Zohra Drif , a mis en avant « la sincérité » de son cœur et « la fidélité à la rigueur morale hors du commun de Ben M’Hidi »pour dire ses vérités sur les consultations initiées par la présidence.
« En dehors de quelques dispositions qui n’ont aucunement lieu d’être dans une constitution, le document que vous m’avez fait parvenir n’apporte absolument rien ou presque » écrit t-elle.
Puis de relever dans le sixième point de sa lettre que les amendements proposés « ne constituent que l’énième trituration d’un texte qui devrait accéder à l’incontournabilité sacrée –ce qui confère à cette révision un statut d’énième sacrilège- les changements proposés ne font que rendre criardes des concentrations de pouvoirs présidentiels qui étaient déjà largement exorbitants. Quant à l’essentiel rien ne change ». Poursuivant la critique des amendements proposés , elle considère l’article 81 (relatif à la délégation de quelques pouvoirs réglementaires au Premier ministre en cas d’absence du président, comme une « une monstruosité au sens anatomique du terme ».
Pour la Moudjahida, qui profite de cette lettre pour régler aussi un compte avec Yacef Saâdi, qui avait remis en cause son engagement, « cet article représente non seulement une violation de toute une part de la constitution , dont elle fera partie (comme une maladie auto-immune), mais il est surtout question de négation de la volonté populaire en permettant le détournement illégal d’un mandat électif au suffrage universel ».
Poursuivant encore sa critique, l’épouse de l’historique Rabah Bitat note que « jusque-là on nous avait habitué à faire adopter une Constitution pour très vite la violer ou la triturer au besoin ».
Puis de conclure sa lettre à Ahmed Ouyahia en se posant la question cruciale de savoir « quelles sont les garanties pour qu’après 52 ans d’accession à l’indépendance , notre pays se dote enfin d’une constitution qui ne sera pas violée par ceux –là même qui seront chargés de la respecter .
Ultime observation : j’ai eu beau chercher dans vos documents ces fameuses garanties , mais force est de constater qu’il n’ y en a nulle trace », finit Zohra Drif dont le propos ne manquerait certainement pas de d’attiser le doute sur la démarche du pouvoir.