La sénatrice du tiers présidentiel, Zohra Drif Bitat a soumis de nombreuses propositions lorsqu’elle a été reçue par Abdelkader Ben Salah dimanche dernier, dont la dissolution du parlement et la constitution d’un gouvernement de transition, qui aura pour mission de préparer des élections pour une assemblée constituante et des élections parlementaires anticipées sur la base de la nouvelle constitution. Ces idées ressemblent tellement aux revendications de l’opposition, que beaucoup pensent que l’opposition a gagné une voix au sein du régime. El Khabar s’est entretenu avec Zohra Drif au sujet des réformes attendues.
Nous avons de vous un discours qui ressemble à celui du FFS au sujet de l’assemblée constituante et du changement de régime…Zohra Drif se serait transformée en opposante du régime ?
J’ai parlé lors des consultations auxquelles j’ai été conviée en tenant compte avant tout de l’intérêt de l’Algérie, j’ai établi un constat à partir de la réalité. Pour pouvoir imaginer des solutions il faut d’abord faire une analyse de la situation. Je me suis interrogée sur les raisons des protestations et la sortie en masse des citoyens dans les rues, et j’ai compris qu’ils avaient procédé à cela après avoir épuisé tous les moyens et qu’ils n’ont trouvé personne pour prendre en charge leurs préoccupations. J’en suis arrivée à la conclusion suivante : le régime au niveau local et international n’arrive pas à résoudre les problèmes et ne fournit pas d’espaces de dialogue et de recherche de solution. C’est pour cette raison qu’il est incapable de suivre l’évolution de la situation. Nous sommes dans un pays qui change beaucoup. L’Algérie de 2011 n’est pas l’Algérie de 1962 ni l’Algérie de 1995. Il convient, donc, de faire preuve de sagesse pour trouver une solution à ces problèmes, et que nous sachions que nous sommes face à une nouvelle génération.
Vous parliez d’un changement de régime, cela se fera-t-il selon vous par le départ du président de la république ?
Je ne suis pas la seule à parler de changement, le président de la république a lui-même déclaré dans son discours qu’il avait remarqué un désir de changement. Je pense que l’Algérie vit une crise institutionnelle profonde, et j’ai cru comprendre de mon analyse du discours du président de la république le 15 avril dernier que les réformes qu’il a promises visent à traiter une crise dans les structures parce que le disfonctionnement dans ces entreprises est grand. Nous voyons une violation de la loi, en premier lieu, de la Constitution, ce qui a engendré un manque de confiance des citoyens en leurs gouvernants ou dans les institutions de l’Etat qui ne sont plus capables de résoudre des problèmes.
Vous donnez votre avis sur la base des revendications sociales des citoyens. Pensez-vous que les protestations quotidiennes concernent également les libertés, la démocratie et la pratique politique ?
Quand on parle de changement, il est essentiellement politique. J’entends par là que la constitution ne suit plus l’évolution de la société, c’est pour cela qu’il faut, à mon avis, se diriger vers une assemblée constituante.
L’on croirait entendre une personnalité de l’opposition, et non pas un membre du tiers présidentiel au sénat…
J’agis toujours selon ce que me dicte ma conscience et l’intérêt du pays, et je ne me soucie pas beaucoup de ceux qui me classent dans telle ou telle catégorie. Je pense que mes positions reflètent ma fidélité à mes engagements et mes camarades tombés au champ d’honneur, avec qui je partageais le rêve de bâtir une Algérie forte.
Les réformes politiques et l’amendement attendu de la constitution a relancé le sujet de la limitation des mandats. Mme Drif est-elle pour ou contre une limitation des mandats présidentiels ?
Je dis qu’il faut une alternance au pouvoir, je suis contre un mandat présidentiel à vie, et je pense qu’il est très important que nous apportions à notre pays notre expérience et notre sagesse, mais il est, également, important que nous préparions la relève. C’est cela le jeu de la démocratie. Le document que j’ai distribué à l’issue de mon invitation à la consultation, reflète ma conviction de ce qui convient à mon pays et l’espoir que mon pays ait une place parmi les grandes nations de ce monde.
Source : El Khabar