«Je viendrai en Algérie le 7 décembre»
«Moi entraîneur ? Pourquoi pas !»
C’est devenu comme une tradition. A chaque fois qu’il parle de l’Algérie, Zinédine Zidane s’adresse au Buteur. Cette fois encore, nous l’avons eu conjointement à nos confrères français du Parisien qui l’ont interviewé pour leurs lecteurs, mais aussi pour les nôtres. Une partie de l’entretien publié hier en exclusivité par Le Parisien est entre vos mains.
Mais nos lecteurs ont le privilège de lire l’autre partie, celle liée à l’Algérie de son cœur. Des questions propres au Buteur, allant des raisons de la stérilité offensive des Verts, à la JSK, en passant par son ancien entraîneur à Bordeaux, Rolland Courbis, un des prétendants au poste de sélectionneur national aux côtés de Benchikha. Zidane nous a également fait l’honneur de nous annoncer la date de sa venue en Algérie en fin d’année. Appréciez
Cette opération avec ces jeunes footballeurs a-t-elle un goût particulier ?
Je suis content d’être là pour partager un moment avec tous ces gamins. Pour eux, c’est un jour important.
Finalement, être au milieu d’eux, n’est-ce pas ce que vous préférez ?
C’est le meilleur moyen de m’exprimer, car j’ai l’impression d’être dans mon élément. Quand je parle foot avec ces gamins, j’ai l’impression de parler le même langage qu’eux. A chaque fois, ça se passe bien. C’est d’ailleurs pour cela qu’on fait cette opération avec Orange. Discuter avec des gamins venus des quatre coins de la France , c’est ce qui m’intéresse.
Etes-vous comblé par votre retraite sportive ?
Elle est pleine. Je suis assez occupé, c’est bien. Cela me permet de ne pas gamberger et de ne plus penser à ce qu’a été ma vie pendant 17 ans.
Appréhendiez-vous l’après-football ?
Quand vous arrêtez à 34 ans et même si j’aurais pu continuer à jouer un an ou deux, il y a toute une vie derrière et ça peut être compliqué. Pour en avoir parlé avec d’autres anciens joueurs, ce n’est pas facile. Moi, j’ai tout de suite rebondi en faisant certaines choses qui me font plaisir et qui me permettent de partager avec des gens.
La nouvelle équipe de France vous plaît-elle ?
Elle est jeune, talentueuse et a de l’avenir. Elle est en train de se créer et elle est sur le bon chemin. Il fallait retrouver une certaine sérénité, c’est ce que Laurent Blanc a amené.
C’est ce qu’il manquait avec Raymond Domenech ?
Je ne vais pas revenir sur ça. Le plus important, c’est ce que fait Laurent Blanc aujourd’hui. Son expérience et son vécu lui permettent d’être audible. J’ai l’impression que les joueurs sont à l’écoute. On a envie de voir cette équipe à une autre place que la 27e (NDLR : son classement Fifa actuel). L’équipe est en reconstruction et elle peut faire mieux que ce qu’elle a fait jusqu’à maintenant, mais elle est première de son groupe et c’est ce qu’on lui demande.
Manque-t-elle d’un leader technique comme vous l’avez été ?
Il ne faut pas rechercher un mec en lui disant qu’il va être le patron et qu’il va tout diriger. Cela doit se faire naturellement. Que Laurent Blanc dise, par exemple, qu’il n’a pas de capitaine, c’est volontaire. Il essaie d’impliquer tout le monde pour que chacun se sente leader. Je n’ai jamais eu l’âme d’un leader, je le suis devenu naturellement. Quand cela se fait de façon naturelle, vous êtes plus performant.
Etes-vous inquiet par la situation de Franck Ribéry et peut-il revenir en équipe de France ?
Je suis surtout déçu, car les gens ont beaucoup parlé et ce ne sont pas des moments faciles. Mais je ne suis pas inquiet, car c’est quelqu’un qui a du talent. Il est à un âge (NDLR : 27 ans) où il peut encore rebondir. Le Bayern Munich et l’équipe de France comptent sur lui. Peu importe ce qu’il s’est passé avant, les gens vont le juger à travers ce qu’il fera sur le terrain. Le reste ne doit regarder personne. Il va revenir, je n’ai pas aucun doute.
José Mourinho souhaite vous voir plus près de lui. Le désirez-vous aussi ?
(Enthousiaste).C’est ce qui va se passer de plus en plus et je suis content de cela. Je ferai le lien entre l’équipe et le président Florentino Perez. Cela va me permettre de prendre des responsabilités et d’être plus proche du terrain.
Que pensez-vous de Mourinho, maintenant que vous l’avez assez côtoyé ?
Il a démontré que c’est un grand entraîneur. Il a tout gagné, il faut juste qu’il fasse gagner aussi le Real. Et il en est capable ! Il y a beaucoup de discipline au Real, mais il en amène encore plus que cela.
Quel conseil pourriez-vous donner à Karim Benzema pour qu’il puisse s’imposer enfin en attaque ?
Autant la saison dernière, il n’avait pas le soutien de Pellegrini (NDLR : l’ex-entraîneur), ni la confiance du sélectionneur en équipe de France où c’était le néant, autant là, on a deux entraîneurs qui comptent sur lui. Même si la concurrence est rude à Madrid, il y a deux entraîneurs qui veulent le faire réussir et c’est énorme. Son talent, on ne va pas en discuter, il est au-dessus de la moyenne, mais c’est un déclic, un truc qui vont lui permettre de dire : je suis titulaire indiscutable. En tous les cas, il est dans de bonnes conditions.
Considérez-vous, comme un échec personnel, le fait que Ribéry n’ait pas signé au Real Madrid ?
(Il rit). En tant que conseiller ? C’est comme ça ! J’aurais aimé le voir signer, mais ce n’est pas perdu pour lui. S’il a prolongé au Bayern, c’est qu’il y est bien. Ça s’est joué à peu de choses. Un transfert, ça se fait ou ça ne se fait pas. Et là, ça ne s’est pas fait malheureusement, mais je lui souhaite toujours le meilleur.
Vos anciens coéquipiers champions du monde Laurent Blanc et Didier Deschamps sont devenus entraîneurs. Avez-vous envie de le devenir un jour à votre tour ?
Il y a trois ans, c’était non. Aujourd’hui, pourquoi pas ? Peut-être que dans trois ans, je serai sur le point de transmettre quelque chose aux plus jeunes ce que j’ai appris. Le foot, je connais, alors pourquoi pas ? Je me sens plus à l’aise sur un terrain que dans un bureau. Aujourd’hui, tout m’intéresse.
Laurent Blanc a déclaré qu’un joueur comme Andrès Iniesta n’aurait jamais pu percer en France. Etes-vous d’accord avec lui ?
C’est faux (rire) ! Pour une fois, je ne suis pas d’accord avec lui. Iniesta, il aurait percé partout. Mais je comprends ce qu’il veut dire.
La France doit-elle s’inspirer de l’Espagne en matière de formation et de philosophie de jeu ?
Je suis pour ce football-là où il y a plus de jeu et moins de physique. Les Espagnols donnent le bon exemple et pas seulement dans le foot. Ils sont en train de manger tout le monde dans tous les sports. C’est d’ailleurs impressionnant.
Votre fils a-t-il le potentiel pour devenir un jour professionnel ?
Celui qui te dit qu’un gamin de 15 ans sera pro, c’est un menteur. Ce que j’aimerais, c’est qu’il soit traité comme un autre joueur. Mais avec ce nom, c’est plus compliqué et il en est conscient. Pour l’instant, il s’amuse. Qu’il profite, mais si cela doit arriver, son papa sera content.
Et votre père, aura-t-il, lui aussi, son mot à dire dans son éventuel choix pour la sélection ?
Le jour où il sera appelé, tout le monde se posera la question.
A qui donneriez-vous le Ballon d’Or ?
Je le donnerai à un Espagnol.
A Iniesta ?
Par exemple.
Pourquoi l’Equipe nationale d’algérie n’a-t-elle plus gagné depuis janvier dernier et le 3-2 contre la Côte d’Ivoire en quart de finale de la Coupe d’Afrique ?
C’est compliqué, car j’ai vu cette équipe lors des éliminatoires et à la Coupe du monde et je l’avais trouvée très, très bonne. Ce qui lui a manqué au Mondial, c’est juste de marquer des buts, un attaquant qui puisse mettre le ballon au fond. Contre l’Angleterre (0-0), il n’y avait pas grand-chose à changer. Au foot, ce qu’il y a de plus difficile, c’est de marquer des buts. Il faut trouver ces joueurs-là, car cette équipe possède de très bonnes individualités.
Si le président de la Fédération vous contacte, quel conseil pourriez-vous lui donner ?
Je ne suis pas entraîneur.
Faut-il encore changer d’entraîneur ? On évoque le nom de Rolland Courbis à la tête de l’Equipe nationale. Il a été votre entraîneur à Bordeaux. Qu’en pensez-vous ?
Il ferait certainement du bien à l’Equipe. C’est un entraîneur passionné qui adore ce qu’il fait. Sur une période donnée, il peut apporter quelque chose.
En avez-vous discuté avec lui ?
Non.
Comptez-vous retourner en Algérie dans le cadre de votre fondation ?
Oui, c’est prévu le 7 décembre. Entre autres pour ma fondation, mais aussi avec Danone par rapport à une opération et à un produit qu’on a lancé et qu’on va présenter dans les villages un peu retirés en Algérie.