«Je ferai le maximum pour régler le problème de l’attaque.»
«J’étais déçu qu’on ne m’ait pas donné ma chance à la CAN.»Après un véritable marathon, nous avons réussi à situer le petit village de la banlieue où se prépare Al Ittihad Saoudi depuis quelques jours. Praia do Rei est une petite bourgade à l’ouest de la capitale portugaise presque coupée du monde.
C’est dire la surprise du buteur de l’équipe saoudienne Abdelmalek Ziaya de voir débarquer l’envoyé spécial du Buteur. L’ancien Ententiste qui ne s’adresse plus aux journalistes depuis plusieurs semaines ne pouvait plus se dérober. Il a ouvert son cœur à nos lecteurs avec une rare franchise. Appréciez
Abdelmalek, on vient vous voir en vous apportant une excellente nouvelle : votre convocation en Equipe nationale. Qu’en dites-vous ?
D’abord, je tiens à vous remercier pour avoir pris la peine de vous déplacer jusqu’ici pour moi. Cela vous honore sincèrement. Concernant ma convocation en Equipe nationale, tout ce que je peux vous dire est que je suis très heureux de faire de nouveau partie du groupe. Maintenant, je dois travailler davantage pour y rester le plus longtemps possible.
On comprend par là que vous allez répondre favorablement à cette convocation…
Naturellement. J’attendais cette convocation avec impatience. C’est vrai que ma décision de ne pas aller en Coupe du monde n’était pas raisonnable à 100%, mais je l’ai prise dans un contexte particulier.
Aujourd’hui, j’ai envie de tourner la page car je ne veux plus avoir de problème ni avec le sélectionneur, ni avec les responsables du football algérien. Si je pouvais revenir en arrière, je prendrais une autre décision.
Tous les Algériens se demandent pourquoi vous avez refusé une participation à la Coupe du monde. Quelle est votre réponse ?
C’est une affaire personnelle et je n’ai pas envie d’y revenir. Il y a eu un certain nombre de choses qui m’ont poussé à dire non. Ce qui est fait est fait et le plus important aujourd’hui, c’est d’essayer de réparer mon erreur. Si c’était à refaire, je prendrais une autre décision, mais les gens doivent me comprendre.
Regrettez-vous d’avoir dit non à M. Saâdane ?
Sincèrement oui. Je persiste et je signe, je n’étais pas fautif dans l’affaire, mais je n’aurais pas dû tourner le dos à l’Equipe nationale et à la Coupe du monde. Il m’arrive de me parler à moi-même et de me dire : «Mais Malek, tu sais ce que tu as raté ? Tu es passé à côté d’un grand évènement.» Cette histoire doit me servir de leçon à l’avenir.
On insiste pour que vous nous disiez ce qui a motivé une telle décision. Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de le faire…
Comprenez-moi, mais je n’ai pas envie de revenir sur cette histoire qui fait partie du passé. Comme je viens de vous dire, je veux oublier et tourner cette page.
Mais votre silence a déjà ouvert la voie à toutes sortes de rumeurs…
Comme par exemple ?
On a dit que vos rapports avec certains joueurs étaient tendus au point où Lemmouchia a dû intervenir en votre faveur qui voulait frapper un joueur avec une fourchette et qui aurait blessé malencontreusement Gaouaoui. Qu’en pensez-vous ?
(Il rit franchement) C’est du n’importe quoi ! Une personne sensée ne croirait une telle stupidité. En sélection, il y a un groupe sain et nous sommes tous comme des frères.
Pendant toute ma présence en sélection, je n’ai pas eu le moindre problème avec l’un de mes coéquipiers. Au contraire, j’étais nouveau et je n’ai pas eu la moindre difficulté à me fondre dans le groupe grâce à mes coéquipiers qui m’ont beaucoup aidé, notamment Yahia, Mansouri, Saïfi et les autres. Tout ce qui a été dit est faux. J’avais un problème avec l’entraîneur et aujourd’hui, il a été aplani.
Le problème avec l’entraîneur, c’était sans doute votre temps de jeu très réduit, c’est ça ?
Je ne vous cache pas que j’étais très triste que le coach ne m’ait pas donné une chance de prouver au moins qu’il n’avait pas eu tort de me prendre à la CAN. J’étais hyper motivé et décidé à m’imposer en sélection, mais je n’ai pas eu l’occasion de le faire, même lors du match de classement face au Nigeria. Une précision de taille : j’ai toujours respecté le choix de l’entraîneur et je n’ai à aucun moment créé des problèmes vu que je ne jouais pas, mais au fond j’étais triste et déçu.
Et si Saâdane ne vous fait pas jouer ?
Je viens de vous le dire, j’ai ouvert une nouvelle page. Je suis désormais sous les ordres du coach. S’il décide de me faire jouer, je serai prêt et je donnerai tout sur le terrain. Sinon j’attendrai ma chance comme tout le monde. Je ne donnerai aucune importance à mon statut en sélection.
On sait que vous avez eu une discussion avec M. Saâdane. Que vous a-t-il dit ?
On a d’abord aplani le problème. Ensuite, il m’a dit qu’il comptait me convoquer pour le prochain stage, ma réponse a été immédiate puisque je lui ai répondu que j’étais ravi de revenir en sélection. J’ai également discuté avec M. Raouraoua qui m’a demandé de tourner la page et de penser à l’avenir parce que le sélectionneur avait toujours besoin de moi.
Vous serez donc à Alger le 8 août prochain ?
Je l’espère. En ce moment, mon seul souci, c’est de bien me préparer avec mon club pour être prêt pour la nouvelle saison qui s’annonce chargée pour moi, notamment en Equipe nationale. Le match face au Gabon sera une belle occasion pour moi d’effacer tout ce qui s’est passé et de m’imposer définitivement en sélection.
La saison se présente bien pour vous puisque vous êtes à votre troisième but en préparation…
C’est vrai que ça marche bien pour moi en ce début de saison puisque j’ai réussi à inscrire un but pour mon premier match amical avant de marquer un doublé au cours du deuxième. C’est bon pour la confiance, mais je sais que le plus important, c’est de confirmer en matchs officiels et en sélection. Je suis sur la bonne voie comme on dit.
Justement, l’Equipe nationale aura sans doute besoin de cette efficacité avec le problème de l’attaque qui la poursuit depuis la fin de la CAN avec notamment zéro but en Coupe du monde. Vous sentez-vous capable de mettre fin à cette inefficacité ?
Dire que je vais régler le problème de l’attaque, c’est un peu prétentieux. Tout ce que je peux promettre aux supporters de l’Equipe nationale est de faire le maximum pour ramener un plus dans ce compartiment, c’est tout. Je pense sincèrement que si on n’a pas réussi à marquer ces derniers temps, ce n’est pas forcément parce qu’on n’a pas de bons attaquants. Le problème peut être ailleurs et avec la conjugaison des efforts de tout le monde, on le réglera tôt ou tard.
Comment jugez-vous le parcours de l’EN en Coupe du monde ?
Au risque de vous surprendre, le parcours a été positif pour moimême s’il y a eu quelques insuffisances. En général, le groupe a réalisé de bons matchs prouvant que l’Algérie n’avait pas volé sa qualification et méritait donc d’être parmi les grands en Afrique du Sud. J’ai particulièrement aimé la prestation face à l’Angleterre, on a réussi à tenir tête à l’une des meilleures sélections du monde. Avec un brin de chance, on aurait pu réaliser de meilleurs résultats.
Quelles sont les insuffisances que vous avez pu déceler ?
Je n’ai pas le droit de critiquer mes coéquipiers. Le coach a dû déceler des insuffisances et sait sans doute comment rectifier le tir à l’avenir. Il est là pour ça, non ?
Comment peut-on suivre les matchs à la télé lorsqu’on était concerné par cette Coupe du monde ?
J’étais sur des charbons ardents car j’aurais aimé être sur le terrain avec mes coéquipiers. Comme tous les Algériens, j’ai suivi les matchs sur les nerfs et comme tous les Algériens, j’étais triste à la fin du match face aux Etats-Unis.
Quels sont vos objectifs avec la sélection nationale ?
C’est le même objectif que la sélection, à savoir la qualification à la prochaine CAN. A titre individuel, je veux ramener un plus à la ligne d’attaque.
Pensez-vous que les Verts en sont capables ?
Avec notre nouveau statut de mondialiste et de demi-finaliste de la CAN, on n’a pas vraiment le choix. Nous avons un groupe capable d’atteindre cet objectif avec des joueurs de très haut niveau. Les quatre prochaines années seront très importantes pour le football algérien qui doit confirmer sa bonne santé en brillant en Coupe d’Afrique et en se qualifiant une nouvelle fois en Coupe du monde.
Parlons un peu de votre situation à Al Ittihad Djeddah. Vous étiez menacé avec la venue de Manuel José, comment est votre situation aujourd’hui ?
C’est vrai qu’à son arrivée, M. Manuel José avait décidé d’écarter tous les joueurs étrangers, mais la direction m’a vite rassuré en me disant que je n’étais pas concerné par cette décision du coach qui a vite été convaincu par mon niveau en visionnant les cassettes de la saison passée. Dès lors, il n’y avait plus de problème et j’ai attendu le début de la préparation tranquillement. Durant les matchs amicaux de préparation, M. Manuel José est même venu me dire qu’il comptait sur moi.
Quel est votre objectif en club ?
Réaliser une bonne saison et pourquoi pas terminer meilleur buteur afin de bien représenter le football algérien en Arabie Saoudite.
Avec quel joueur vous vous entendez le mieux ?
Sur le terrain avec Mohamed Nour avec lequel je joue les yeux fermés. J’ai laissé Hadj Aïssa à l’Entente et j’ai retrouvé Nour à Al Ittihad. On s’est vite entendus dès les premières séances d’entraînement. En dehors du terrain, mon meilleur ami, c’est l’Omanais Hadidi, mais j’ai d’excellents rapports avec tous les autres joueurs.
Le match Algérie- Gabon aura lieu trois jours avant le coup d’envoi du championnat saoudien. Ne craignez-vous que vos dirigeants vous empêchent de répondre présent à la convocation de Saâdane ?
C’est déjà réglé, ils me laisseront rejoindre le stage de l’Equipe nationale parce que tout simplement ce match aura lieu à une date FIFA.
Un mot sur la retraite internationale de Saïfi et Mansouri qui vous ont aidé en sélection…
Avec la riche carrière qui est la leur, ils ont choisi le bon moment pour partir. Ils sont sortis par la grande porte.
Un dernier mot pour les supporters algériens…
Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu durant la période qui a précédé le Mondial et je demande à tous ceux que j’ai pu décevoir par ma décision. Je promets à tout le monde d’un bon retour en sélection pour effacer tout ce qui s’est passé.
Il rentrera à Alger à la fin du mois
30 juillet, c’est la date de la fin du stage de préparation du club saoudien Al Ittihad Djeddah. Alors que l’ensemble des joueurs regagneront l’Arabie Saoudite, Abdelmalek Ziaya ralliera directement la capitale avant qu’il prenne la route vers sa ville natale Guelma. Renseignements pris, la direction du club lui accordera trois jours de relax avant qu’il retourne en Arabie Saoudite.
José Manuel compte beaucoup sur lui
Une fois nommé à la tête de la barre technique d’Al Ittihad Djeddah, l’entraîneur portugais, José Manuel, s’est « débarrassé» des étrangers de l’équipe.
Toutefois, la direction du club a refusé de libérer Abdelmalek Ziaya pour une autre équipe surtout qu’il a réalisé une bonne fin de saison. Ayant supervisé Ziaya lors des séances d’entraînement, le coach a décidé de le maintenir dans son effectif. Selon une source d’information, il comptera énormément sur Ziaya cette saison.
Il lui a conseillé de revenir en EN
D’autre part, la même source nous a fait savoir que José manuel a beaucoup parlé avec Ziaya concernant l’Equipe nationale d’Algérie. Il lui a conseillé de la rejoindre, l’occasion pour lui de décrocher un contrat professionnel.
Un Egyptien joue le rôle d’interprète
Le fait que l’entraîneur Al Itihad Djeddah soit un Portugais, la direction du club a jugé utile de recruter un interprète. Celui-ci est d’origine égyptienne. C’était l’occasion d’échanger quelques mots avec lui.
Il a refusé d’évoquer l’affaire Algérie-Egypte
Approché, l’interprète nous a chaleureusement accueillis. La preuve, il est resté avec nous un bon moment à l’hôtel. Profitant donc de sa présence, nous lui avons posé une question sur les incidents qui ont éclaté entre l’Algérie et l’Egypte et qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive. Malheureusement, il a refusé de faire le moindre commentaire. Il s’est contenté de nous dire qu’il faut oublier ces incidents.
Ziaya ne souffre pas de la solitude
Cela fait plus de sept mois que l’international algérien Abdelmalek Ziaya évolue au sein du club saoudien d’Al Ittihad Djeddah.
L’ex-joueur de l’Entente est bien entouré. Et pour cause, l’équipe renferme un médecin et un kiné algériens. Il s’agit de Boudiaf et Charit. Ce qui fait que Ziaya n’a pas trouvé aucune difficulté à s’adapter surtout que sa relation avec ses compatriotes est excellente.
Al Amani Hadidi son meilleur ami…
De par son comportement, Ziaya est respecté par tout le staff technique, ainsi que l’ensemble des joueurs. De son côté, il leur voue le même respect et entretient particulièrement d’excellentes relations avec Al Amani Hadidi, son coéquipier à Al Ittihad Djeddah. D’ailleurs, c’est le seul joueur, avec Ziaya, que l’entraîneur José Manuel a maintenu dans l’effectif.
… Nour aussi
Un autre joueur est très estimé par Ziaya : Nour. Leur complicité est visible que ce soit en dehors ou sur le terrain. Le fils de Guelma considère que son ami a le même style de jeu que Lazhar Hadj Aïssa. Nour est le passeur décisif de l’équipe. A ce sujet, Ziaya dira : «J’ai laissé Hadj Aïssa à Sétif, j’ai trouvé un autre à Djeddah.»
Les dirigeants d’Al Ittihad ne sont pas au courant de sa convocation en EN
Une fois à l’hôtel où Al Ittihad Djeddah a pris ses quartiers, nous avons rencontré les dirigeants du club dans le hall de l’établissement.
Ayant appris que nous sommes des journalistes algériens et que nous sommes venus spécialement pour Ziaya, ils nous ont demandé si Rabah Saâdane a dévoilé la liste des joueurs concernés par la prochaine rencontre amicale des Verts face au Gabon. Ils étaient tout simplement curieux de savoir si Ziaya a été retenu pour cette empoignade.
Nous avons satisfait leur curiosité en leur apprenant que Abdelmalek figure dans la liste des 22 joueurs retenus par le sélectionneur national Saâdane, il y a trois jours. Les dirigeants étaient émus et nous ont fait savoir qu’ils n’étaient pas au courant de cette convocation et qu’ils ont rien reçu de la part de la Fédération algérienne de football.
Ils souhaitent qu’il ne contracte aucune blessure
En apprenant la nouvelle, les responsables du club nous ont fait savoir qu’ils ne s’attendaient pas du tout à la convocation de Ziaya en Equipe nationale surtout qu’ils ont besoin de lui sachant que le championnat débutera le 14 août prochain. Le staff technique Al Ittihad espère de tout cœur que Ziaya ne contracte aucune blessure lors de cette empoignade amicale.
Al Ittihad Djeddah dans un hôtel luxueux
Le club saoudien d’Al Ittihad Djeddah se trouve dans un hôtel luxueux. Cet établissement est situé près de la ville archéologique Obiduc. Il est beaucoup plus fréquenté par les hommes d’affaires. Nous avons appris qu’aucun journaliste saoudien n’a accompagné l’équipe dans son stage de préparation, sauf un employé du centre d’information du club.
