L’Intersyndicale compte reconduire son débrayage, renouvelable, de trois jours à partir de lundi prochain, coïncidant avec la grève illimitée des paramédicaux du Sap et les protestations cycliques des corps communs et ouvriers professionnels dans les hôpitaux et autres structures de santé. C’est quasiment la paralysie. La seule activité notable reste la prise en charge, tant bien que mal, des situations d’urgence.
Lors de sa dernière apparition médiatique, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelaziz Ziari, a menacé les grévistes de sanctions sévères en cas de poursuite de leur mouvement. «Si ces derniers optent pour des solutions extrêmes, nous, en tant que responsables, avons aussi des réponses extrêmes », a-t-il déclaré aux journalistes, en marge d’une séance plénière consacrée aux questions orales au Sénat, tout en précisant que le ministère ne discute qu’avec les syndicats agréés. Ce qui n’est pas le cas pour l’Intersyndicale de la santé publique. Dans un entretien téléphonique, hier, Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp), a exprimé le regret des praticiens quant au black-out affiché par la tutelle vis-à-vis de la grève entamée depuis le 7 mai et par rapport aux revendications principales de la corporation.
Devant le mépris, les mesures répressives et l’absence de dialogue, «l’Intersyndicale des professionnels de la santé a décidé de renouveler le mouvement de protestation pour la défense de sa plate-forme ainsi que des points spécifiques à chacun de ses membres», a-t-il affirmé. Pour les syndicats, c’est la faute au ministre lequel n’a pas respecté ses propres engagements. «Nous n’avons pas décidé d’aller vers une grève de cette envergure sur un coup de tête. Nous avons usé de tous les moyens possibles pour régler les problèmes en suspens dans un cadre de dialogue et de concertation. Nous avons bien marqué une trêve depuis huit mois, considérant qu’il était nécessaire d’accorder un délai de grâce au nouveau ministre qui avait pris ses fonctions en septembre 2012.
Nous sommes, donc, aujourd’hui, dans notre droit de faire grève», a fulminé le docteur Yousfi, secrétaire général du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (Snpssp). Un rassemblement national sera organisé mercredi 22 mai, à 11h, devant le ministère de tutelle, à Alger, a-t-il ajouté. L’Intersyndicale se dit toujours disponible au dialogue, interpellant de nouveau «le Premier ministre et le ministre de la Santé pour le respect de leurs engagements pour la prise en charge de sa plate-forme de revendications ».
L’impasse est totale et aucun compromis n’est en vue, puisque chacune des parties en conflit campe sur sa position. La tutelle, accusée d’alimenter les tensions par des déclarations qualifiées “de mensongères” par les syndicats, se dit pour le dialogue mais aucune invitation officielle n’a été adressée aux partenaires sociaux, le département de Ziari ne communiquant qu’à travers des communiqués de presse. Une chose est sûre, la contestation sociale prend de l’ampleur, et face à cette situation, le gouvernement fait preuve d’un manque d’imagination préoccupant.
Sandra Touat