Le premier met le cap sur les élections législatives de 2012 et le second sur le contrôle parlementaire par rapport à l’action gouvernementale.
Deux discours diamétralement différents – le premier celui du président de l’APN, Abdelaziz Ziari, au ton plus politique, le second celui du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, particulièrement technique – ont été prononcés en l’espace de quelques heures, lors de l’ouverture, hier, de la session parlementaire du printemps.
Le président de l’APN, qui s’est focalisé sur les échéances électorales, surtout celle des législatives de 2012, a beaucoup insisté sur le rôle dévolu aux partis politiques, redoutant une faible affluence aux scrutins électoraux à venir : «Si nous ne sommes pas au rendez-vous de ces exigences, le taux d’abstention au vote pourrait être plus élevé que celui observé par le passé», a-t-il dit.
En effet, lors de la dernière consultation électorale de 2007, l’abstention a été très élevée puisque seulement 35 % des citoyens se sont prononcés (soit 6,6 millions de personnes). Parmi ces votants, 1 million de personnes ont déposé des bulletins nuls.
«Ces gens voulaient quand même voter, mais cela montre qu’ils ne sont pas satisfaits de la situation actuelle», avait suggéré à l’époque le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni.
Selon Ziari, il est primordial que se mobilisent toutes les forces politiques «pour parvenir à une participation élevée, celle-ci ne pouvant être atteinte que si les élus prouvent leurs capacités à assumer leurs prérogatives». C’est à cette seule condition qu’une forte participation aux scrutins électoraux renforcera la fonction parlementaire et la fonction politique d’une façon générale, ce qui, corollairement, accroîtra la crédibilité des institutions, selon ce dernier : «Car l’Etat n’est fort que par la force de ses institutions, les institutions de l’Etat, quant à elles, n’étant fortes que par leur crédibilité», ajoute-t-il.
Revenant sur les dernières décisions prises lors du dernier Conseil des ministres, le président de l’APN a indiqué que celles-ci participent de la consolidation de l’Etat de droit et «s’inscrivent dans le prolongement des autres conquêtes des droits de l’homme en Algérie, comme la constitutionnalisation des droits politiques de la femme par sa représentation accrue au sein des assemblées élues, ou la constitutionnalisation de la langue amazighe, ou encore les avancées qui ont eu pour cadre la réforme de la justice, celle du code de la famille ou du code de la nationalité».
Parlant du développement, Ziari a averti que le volontarisme étatique «ne suffit pas à lui seul» pour accomplir un si noble dessein si des «mesures parallèles de facilitation et de densification des moyens nationaux d’intervention n’étaient pas prises», en plus de devoir favoriser impérativement l’investissement public et privé et créer un environnement économique approprié à l’élargissement du réseau des PME et PMI.
A son tour, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a mis l’accent surtout sur le nombre des projets de loi qu’aura à examiner la chambre haute lors de cette session de printemps.
Il s’agit de l’étude du projet de loi relatif à la commune transmis récemment au Parlement, de celui relatif à la profession d’avocat, aux assurances sociales, celui de la loi organique fixant l’organisation, le fonctionnement et la compétence de la Cour suprême et celui de la loi organique modifiant et complétant la loi relative aux compétences, à l’organisation et au fonctionnement du Conseil d’Etat.
D’autres projets de loi seront également examinés lors de cette session tels celui relatif au code de procédure pénale, celui relatif à la loi sur la participation de l’Armée nationale populaire dans ses missions de préservation de la sécurité publique, et deux autres lois concernant le transport aérien et maritime qui s’ajoutent à celle sur la prévention de la violence dans les stades.
En ce qui concerne la relation du Parlement avec le gouvernement, Abdelkader Bensalah a insisté sur la nécessité de mettre en place un contrôle parlementaire de plus en plus efficace sur l’action du gouvernement et l’administration en général. Selon lui, ce contrôle sera axé essentiellement sur les secteurs de la jeunesse, de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la formation professionnelle et sur les effets de la corruption et, enfin, sur la politique gouvernementale par rapport à la sécurité alimentaire, au commerce extérieur et à la politique de l’emploi.
Mahmoud Tadjer