Il fait partie des cinq joueurs qui ont joué tous les matchs. Titularisé depuis le début du tournoi, Karim Ziani n’a jamais été remplacé.
Dans cette CAN, notre numéro 15 fait partie des meilleurs joueurs dans son poste. On se demande d’ailleurs pourquoi il ne figure pas dans le onze type de cette CAN.
La plaque tournante des Verts, c’est lui. La plupart des buts marqués par l’équipe nationale sont le fruit d’une de ses passes magiques. Ziani a prouvé lors de cette CAN que ses prestations ne dépendent pas du collectif, mais c’est le jeu de l’équipe qui dépend de lui. On dit cela parce que Ziani est toujours au rendez-vous. Même quant l’équipe ne tourne pas, lui, son niveau reste le même, c’est une qualité que seuls les grands joueurs possèdent.
«Pourquoi je ne suis pas content de notre parcours»
Si la plupart des joueurs sont contents du parcours réalisé par le team Algérie dans cette CAN, lui, il ne l’est pas. Après le match de classement face au Nigeria, les joueurs ont tous eu la même sensation, le même sentiment, celui du devoir accompli. «La demi-finale est quand même une bonne chose. On a fait un bon parcours. On a appris beaucoup de choses…» Sa déclaration à lui fut à l’antipode de celles de ces coéquipiers, ou presque. «Non, je ne suis pas content. On pouvait aller plus loin», disait-il avec amertume. Ses arguments sont convaincants et logiques. «L’objectif était d’aller le plus loin possible. Le plus loin possible, c’est d’aller en finale, la jouer et la gagner», a-t-il dit. Comme Chaouchi l’a déclaré à notre journal : «On pouvait gagner cette CAN, on avait les moyens de revenir avec la Coupe d’Afrique», disait le héros malheureux de cette compétition. Ziani partage l’avis de Chaouchi, puisqu’il nous a dit presque la même chose : «On avait les moyens d’aller en finale et de la gagner. Ça, on le savait jusqu’à ce qu’on tombe sur cet arbitre qui nous a scié les jambes… Ce fut impossible avec lui. Contre un arbitre, on n’y peut rien malheureusement», dira Ziani.
«Un goût d’inachevé»
Cette déclaration démontre à quel point ce joueur est exigeant. C’est une mentalité de gagneur. C’est un joueur qui voit toujours devant lui et ne se contente jamais de ce qu’il a. Le sentiment du devoir accompli, il ne le connaît pas. Il veut toujours plus. Un entraîneur algérien nous a dit un jour : «Pourquoi sauter deux mètres, alors que tu peux sauter trois ?» Ziani est de ce même avis. Il sait que l’Algérie a raté une très belle occasion de gagner sa deuxième Coupe d’Afrique dans son histoire. C’est une occasion qui risque de ne pas se répéter et cela explique la déception du meneur de jeu de la sélection national. «J’ai des regrets, c’est sûr. On pouvait aller jusqu’au bout et on s’est contentés de la quatrième place», dira Ziani, avec une grimace au visage qui montre très bien combien il était déçu par cette quatrième place qui, selon lui, n’est pas la véritable place de l’Algérie.
«Les trois images qui m’ont marqué»
Le milieu de terrain de Wolfsburg fait partie des joueurs qui ont déjà joué une CAN avant celle-là avec Gaouaoui, Antar et le capitaine Mansouri. Pour cela, nous lui avons posé la question qui était de savoir, quelles sont les images qui l’ont marqué durant cette CAN et sans réfléchir, il nous répondit : «Il y a des images que tu ne peux pas oublier. Même si toi tu le désires, elles resteront à jamais gravées dans ta mémoire. Concernant cette CAN, j’en ai gardé plusieurs. Mais j’avoue qu’il y en a trois que je ne risque pas d’oublier de sitôt…», dira Karim Ziani.
«D’abord, la défaite face au Malawi»
Même s’ils ne l’avaient jamais déclaré avant la CAN, les espérances des joueurs de l’équipe nationale dépassaient de loin leurs objectifs avancés dans la presse nationale et internationale. «On ira pour aller le plus loin possible et jouer le maximum de match pour bonifier notre jeu», furent les dires des joueurs et des entraîneurs. Mais au fond d’eux, ils savaient qu’ils pouvaient revenir avec la coupe et pour se faire, il fallait commencer fort et afficher les intentions dès le premier match face au Malawi. «La défaite face au Malawi fut la première image que je garde de cette CAN. On ne pensait pas perdre avec un tel score devant cette équipe. La déception était grande. Il fallait trouver les ressources nécessaires et Dieu merci, on a réussi à se racheter face au Mali, puis face à l’Angola, obtenant ainsi notre ticket pour les ¼ de finale», dira Ziani.
«La victoire face à la Côte d’Ivoire, des moments inoubliables»
Leur deuxième place dans leur groupe leur a permis d’affronter la Côte d’Ivoire. Un choc entre deux mondialistes, un d’entre eux était venu pour emporter cette Coupe et les spécialistes l’ont classé parmi les favoris de cette compétition. «Ensuite viendra l’image que tous les Algériens gardent et c’est celle de la Côte d’Ivoire. Ce sont de belles images et une belle victoire. «On a dominé le favori avec l’art et la manière, la joie fut grande dans les vestiaires, dans l’hôtel et le lendemain à l’entraînement. Ce match fut une référence, puisqu’il a démontré notre vrai visage quand les conditions sont normales et avec un arbitre correct. C’est un bon souvenir que je ne risque pas d’oublier aussi», dira monsieur passes décisives, puisque lors de ce match, il a donné la balle du troisième but victorieux à Bouazza, dans le temps additionnel.
«Le cauchemar Codjia me hantera toute ma vie»
La dernière image fut la défaite face à l’Egypte. C’est une mauvaise image. C’est la plus mauvaise image de cette CAN. Pas seulement pour Ziani, mais pour toute l’Afrique aussi. «Je pense que le match contre l’Egypte est l’Image la plus forte de cette CAN pour moi. C’est un événement que je n’oublierai jamais. L’arbitre béninois me hantera toute ma vie. Il nous a empêchés d’aller en finale», dira Ziani sur un ton coléreux. On s’attendait à ce Karim place ce match dans les images qui l’ont marqué, d’autant plus que ce match a marqué toute l’Algérie, si ce n’est le monde entier.
«La plus belle image»
Karim Ziani, qui a rejoint son club en Allemagne, est convoité par plusieurs clubs européens, notamment en Turquie, où Galatasaray et Fenerbahce se le disputent, préfère l’image des supporters qui ont fait 15 heures de vol juste pour les encourager, défiant tous les risques et bravant tous les dangers. «Parmi toutes les images, je préfère celles de nos supporters. Ils ont fait un long périple pour nous soutenir. Ils ont toujours été là pour nous. Même quand le score était de quatre buts à zéro, ils nous ont encouragés. Ce sont des images que je n’oublierai jamais. Elles resteront gravées dans ma mémoire tant que je respirerai», conclura Ziani qui retrouva le sourire quand il a parlé des supporters. Ce sont, donc, là les images qui ont marqué le patron de la sélection nationale. Espérons qu’il en gardera de meilleures lors de la Coupe du monde en juin prochain, en Afrique du Sud.
A. B.