Ziani au Qatar, ce fut une information que beaucoup d’Algériens ont eu du mal à croire lorsque nous l’avions publiée sur nos colonnes, il y a quatre jours. Pourtant, le milieu de terrain des Verts a bel et bien opté pour le club d’El Djeïch. Voulant connaître les raisons qui ont poussé Karim Ziani à choisir cette destination, nous avons pris contact avec lui le lendemain de sa signature et juste après son entraînement. Très aimable comme à chacune de nos sollicitations, l’international algérien a tenu à s’expliquer et à bien faire comprendre à tous ses fans qu’il n’avait pas le choix.
– Vous avez effectué votre première séance d’entraînement cet après-midi (NDLR : entretien réalisé hier en début de soirée), comment cela s’est-il passé ?
– Ça s’est très bien passé. Vu que j’ai rejoint l’équipe alors que le reste du groupe a entamé la préparation depuis un moment déjà, je me suis entraîné seul avec le préparateur physique…
– Donc vous avez droit à un programme spécifique ?

– Tout à fait. D’ailleurs contrairement à l’équipe qui ne s’entraîne pas demain, moi on m’a programmé une séance dans l’après-midi.
– On va parler un peu de votre choix pour ce club d’El Djeïch, pourquoi avoir opté pour cette équipe qatarie ?
– Une fois que j’ai résilié mon contrat avec Wolfsburg, j’ai attendu un peu pour avoir des propositions concrètes, et la seule que j’ai eue c’est celle-ci (il parle du club d’El Djeïch). Les dirigeants de cette équipe ont montré qu’ils tenaient absolument à m’avoir dans leur effectif. J’ai fini par signer et tout s’est très bien passé.
– Vous qui avez toujours joué en Europe, jouer au Qatar constituera pour vous un grand changement, n’est-ce pas ?
– Il est clair que cela constituera un changement. Ça sera aussi une autre manière de vivre avec la chaleur et tout ce qui caractérise ce pays. Maintenant il faudra s’adapter à cette nouvelle vie en tentant cette nouvelle expérience.
– On croit savoir que vous étiez prêt à faire des concessions sur votre salaire dans le cas où un club européen vous aurait officiellement sollicité, est-ce vrai ?
– Oui tout à fait. J’étais prêt à faire des concessions sur le plan financier par rapport à ce que je percevais à Wolfsburg (son salaire était de 300.000 euros/mois). Maintenant, il y a concessions et concessions. En toute franchise, j’étais prêt à accepter une proposition qui m’offrait la moitié du salaire que j’avais en Allemagne. Mais bon, il fallait aussi bien peser le pour et le contre car j’ai des enfants et je dois pense à mon avenir et à celui de ma famille. Et permettez-moi de vous préciser une chose…
– Oui allez-y ?
– Comme je viens de vous le dire, j’aurai été prêt à faire des concessions, mais le truc c’est que cette situation ne s’est même pas présentée…
– Voulez-vous être plus explicite ?
– Certes, j’ai eu quelques touches avec certains clubs ici en Europe, que je ne citerai pas, mais je peux vous assurer que contrairement à ce qui a été rapporté dans les journaux, je n’ai eu aucune offre concrète. La seule que j’ai eue depuis le début du mercato, et plus précisément depuis que j’ai résilié mon contrat avec Wolfsburg, c’est celle d’El Djeïch.
– Ce club d’El Djeïch vient d’accéder en première division, quels sont ses objectifs et quel sera pour vous le challenge sportif ?
– Il est vrai que cette équipe est montée en première division la saison dernière. Je peux vous dire que c’est un club qui a beaucoup d’ambitions et le plus grand challenge que ce soit pour l’équipe ou pour moi c’est bien évidemment de gagner un titre.
– En signant trois ans au Qatar, cela veut dire que vous n’espérez plus rejouer en Europe ?
– Allah Aâlam. Franchement, je ne sais pas. Pour l’instant je suis là, puis on verra plus tard. Je dois travailler pour garder ma condition afin d’être en forme et compétitif. Il y a encore l’équipe nationale et il sera impératif de continuer à travailler afin d’être dans le bon rythme. Ce qui est sûr c’est que je ne suis pas parti au Qatar pour passer des vacances.
– Beaucoup de vos fans sont très déçus après que vous ayez signé pour une équipe qatarie…
– Oui je peux comprendre cela, mais bon. Les gens ne sont pas dans ma situation. J’ai résilié mon contrat, il y a quelques temps avec Wolfsburg et je me suis retrouvé sans club jusqu’à il y a trois jours. Il fallait que je prenne une décision et je l’ai précise.
– Peut-on comprendre par-là que vous craigniez de vous retrouver sans club au 31 août ?
– Tout est possible. Il fallait que je fasse une préparation, trouver un club, et surtout jouer. Et vu que je n’avais pas eu d’offres, c’était un gros risque de continuer à attendre comme ça. Il y a eu tellement de choses fausses et les gens se sont faits peut-être des idées d’où leur déception. Mais comme je vous l’ai déjà dis, et je vous le répète encore, la seule proposition officielle c’est celle d’El Djeïch.
– Parlons de l’équipe nationale, le fait d’avoir opté pour El Djeïch, cela veut-il dire que vous pensez à une retraite internationale ?
– Jamais de la vie je n’ai pensé une seule seconde à ne plus jouer en équipe nationale. Quand l’équipe nationale ne voudra plus de moi ou quand mon niveau ne me le permettra plus, oui j’arrêterai, mais pas avant. C’est toujours un honneur et une fierté pour moi de porter ce maillot. Moi je suis toujours là pour l’équipe nationale. J’étais le premier à répondre à l’appel des Verts et vous pouvez me croire, je ne serai pas le dernier. Mais excusez-moi, je voudrais juste dire une chose…
– Oui bien sûr ?
– Durant les six dernières années, l’Egypte était la meilleure équipe d’Afrique, et celle-ci avait seulement trois joueurs qui évoluaient en Europe. Tous les autres jouaient soit en Egypte, soit aux Emirats arabes unis, en Arabie Saoudite ou au Qatar. C’est tout ce que je peux vous dire. Quant à notre équipe nationale, les éléments qui la composaient, jouaient pratiquement tous en Europe et cela n’a pas empêché qu’on passe à côté lors de plusieurs matches. Donc ça ne veut rien dire. En plus, il faut savoir que je suis resté un an et demi sans jouer. Il était donc très difficile pour moi d’avoir des offres dans ses conditions. En restant tout ce temps sans jouer, il ne fallait pas s’attendre à ce que je signe à Manchester United. Il ne faut quand même pas rêver.
– Avec le recul, ne regrettez-vous pas votre passage à Wolfsburg ?
– Non, pas spécialement. Ça ne s’est pas passé comme je l’espérai, et dans la vie il ne faut rien regretter mais plutôt assumer ses choix.
– Avec Kayserispor, vous aviez exactement les mêmes clauses que celles dans votre contrat avec Wolfsburg. Pourquoi n’avoir pas opté pour cette équipe qui tenait beaucoup à vous ?
– Pour la simple raison qu’il n’y avait même pas d’école française ou même anglaise pour les enfants. J’étais obligé de laisser ma famille à Paris pendant six mois. On m’avait proposé un contrat de trois ans, je n’allais donc pas rester tout ce temps sans ma propre famille. C’est donc la seule raison qui m’a poussé à quitter Kayseripor.
– Le nouvel entraîneur a fait appel à 33 joueurs. Pensez-vous que ce soit une bonne chose d’avoir rassemblé tout le monde ?
– Si le coach l’a fait, cela doit être une bonne chose. Il a donc pris la bonne décision. Je pense que tout joueur algérien mérite sa chance en équipe nationale et c’est bien qu’il l’ait fait pour qu’il puisse avoir sa propre idée sur chaque joueur.
– En optant pour le Qatar, ne craignez-vous pas de perdre votre place de titulaire ou même de ne pas être convoqué à l’avenir ?
– Et pourquoi donc ? Les Algériens ou même les techniciens préfèrent-ils un Ziani à Wolfsburg durant une année et demie sans jouer de matches ou un Ziani au Qatar mais qui joue des matches ? Donc je pense que c’est plus intéressant que je sois compétitif.
– Cette défaite contre le Maroc, l’avez-vous digérée ?
– Bon, cette défaite fait partie du passé et franchement je n’ai plus envie de parler de ce match, d’autant plus qu’il y a un nouvel entraîneur en place. Donc ce match est à oublier et puis c’est tout.
– Mais bon la CAN-2012, c’est pratiquement fini ?
– Et bien l’objectif à présent c’est de gagner les deux matches, en espérant de mauvais résultats pour les deux autres équipes.
– L’Algérie pourrait abriter la CAN-2013, une bonne motivation pour vous, n’est-ce pas ?
– Franchement, ça serait magnifique de jouer cette Coupe d’Afrique devant notre public. Aussi, ça serait une bonne occasion pour remettre en état les stades, les terrains et les centres d’entraînement.
– On dit que les volumes d’entraînement ne sont pas très conséquents au Qatar ?
– Je suis en pleine préparation et je peux vous dire que ça ressemble aux entraînements en Europe avec un entraîneur étranger brésilien. Au Qatar, il est vrai qu’il fait 40°, mais en Afrique, on retrouve aussi cette même température.
– Votre première impression sur le Qatar.
– C’est un très beau pays. Incha’ Allah je n’aurai aucun problème d’adaptation. C’est un pays musulman et au sein de l’équipe tout le monde est vraiment sympa. Donc incha’Allah tout se passera bien.
– Quand votre préparation prendra-t-elle fin ?
Et bien, on est ici à Paris jusqu’au 25 juillet. On repartira à Doha pour poursuivre notre préparation.
– Un dernier mot peut-être pour les supporters algériens ?
J’ai toujours donné pour mon pays et je continuerai à le faire quel que soit le club dans lequel je joue. Et je voudrais rajouter aussi que c’est moi qui ai demandé de résilier mon contrat à Wolfsburg. Et si je voulais l’argent, je serai resté à Wolfsburg, et puis basta. En résiliant, j’ai pris un gros risque, car je suis parti sans un euro et sans avoir un club. C’est pour vous dire que mon seul souci était d’opter pour une équipe où je peux jouer avec des challenges sportifs.
A. H. A. COMPETITION