Ziani, le kop le soutient
Jeudi, Wolfsburg reçoit le Sous-marin jaune, le Villarreal, en manche retour de l’Europa League. A l’aller, les Allemands avaient déjà un pied au prochain tour.
On espérait voir le retour de Karim Ziani même comme remplaçant. Finalement, même en menant 4-0, le coach de Wolsfburg a laissé l’Algérien sur le banc.
Nous avons voulu connaître les impressions du nouvel entraîneur de Wolfsburg concernant la mise à l’écart du chouchou des Verts, Ziani. D’emblée, Kostner nous a déclaré : «Je n’ai absolument aucun problème particulier avec Ziani. Depuis son retour de la CAN, il n’a pas encore été utilisé, d’ailleurs au même titre que le Nigérian Martins et le Danois Kahlemberg, tous ont perdu leurs places respectives.» Et de poursuivre : «Ziani doit encore travailler aux entraînements et faire preuve de beaucoup d’efforts.»
Lors de la rencontre de l’Europa league face à la formation ibérique Villeréal, les coéquipiers de Ziani menaient quatre buts à zéro, tout le monde s’attendait à voir Karim fouler la pelouse, il n’en fut rien, son coach a procédé à des changements défensifs, ce qui a mis fin aux espoirs de notre international de faire son entrée, une entrée qui tarde à se dessiner à la suite de l’acharnement de Kostner de reconduire à chaque fois le même groupe, et les résultats lui donnent entièrement raison présentement.
Toutefois, notre joueur semble serein, même si des signes d’inquiétudes le rongent à cause du Mondial, connaissant le tempérament du joueur à se surpasser dans pareils cas, et comme en football les choses vont très vite, il est évident pour le joueur de rester concentré et avec un concours circonstanciel, tout rentrerait dans l’ordre.
«Karim est un joueur doué»
Profitant de notre présence sur les lieux, nous avons accosté des supporters de Wolfsburg concernant la mise à l’écart sportive de notre joueur qui ne jouit plus de la confiance de son nouveau coach.
Tout le monde est unanime à déclarer que Ziani est un bon joueur, techniquement il est très doué, mais que son départ pour la Coupe d’Afrique et le changement entre temps à la barre technique ne pouvaient aucunement lui être favorables, tout en sachant que l’entraîneur qui a été derrière son recrutement est parti. Tout cela fait que Ziani doit encore patienter et travailler.
Les récents résultats obtenus par le nouvel entraîneur confortent dans l’idée de reconduire le même groupe, les fans aimeraient, comme ils nous l’ont déclaré «bien revoir Ziani sur les terrains, c’est un joueur très intéressant, mais actuellement l’équipe enchaîne de bons résultats et est sur une bonne lancée, cela ne sera pas facile pour lui de réintégrer le groupe mais à force de travail, il y parviendra.»
Mais «on ne change pas une équipe qui gagne»
Après le match de l’Europa league et malgré la victoire des Allemands, les supporters n’ont pas cessé de conspuer leur meneur de jeu Misimovic malgré deux balles décisives mais un rendement en deçà des espérances. Toutefois, les fans ont demandé que l’entraîneur fasse enfin jouer Ziani. Hélas, en effectuant des changements à caractère défensif, ces fans sont restés sur leur faim mais sous un autre angle. «On ne change pas une équipe qui gagne», dit-on.
L’entraîneur Kostner reste sur trois rencontres sans défaite contrairement à son prédécesseur qui a joué treize matches sans la moindre victoire.
Même s’il ne joue pas depuis son retour d’Angola, le numéro 15 des Verts affirme haut et fort qu’il a sa place dans l’équipe de Wolfsburg. Il avoue que le nouvel entraîneur ne lui a pas donné sa chance et que cette situation commence à l’inquiéter. Ses appréhensions s’expliquent par le fait que le Mondial approche et qu’il ne veut pas rater le rendez-vous de l’Afrique du Sud.
Pour lui, il s’est toujours battu pour jouer une Coupe du monde, mais le hasard a voulu qu’il ne joue pas à quelques mois seulement du coup d’envoi de la plus prestigieuse compétition. Malgré tout ce qui lui arrive, Karim avoue qu’il est encore tôt pour parler de son avenir. Il répond ici aux questions de notre envoyée spéciale.
Vous n’avez pas joué encore hier, que l’équipe perde ou gagne vous ne jouez toujours pas, c’est encore plus frustrant, n’est-ce pas ?
Non, ce n’est pas parce que l’équipe a gagné. Lorsque l’équipe l’emporte, c’est tant mieux pour tout le monde. J’aimerais bien jouer, mais il y a un nouveau coach qui est arrivé. Il a ses idées et on verra bien ce qui se passera après.
Votre entraîneur affirme que les nouveaux doivent travailler plus que les autres pour le convaincre, vous pensez que vous ne travaillez pas assez…
Si, je travaille beaucoup à l’entrainement. Je travaille sans relâche comme si c’était un match. D’ailleurs, tu as vu comment on s’est défoncés à la séance d’aujourd’hui. (Entretien réalisé hier matin). Il y a un nouveau coach, lequel connaît les anciens et les fait jouer.
Misimovitc a été sifflé hier face à Villarreal, mais il n’a pas été remplacé…
J’aimerais bien être sifflé comme lui et faire des passes décisives. Il a été efficace et c’est ce qui compte dans un match.
Avec Armin Veh, il vous est arrivé de jouer avec Misimovitc ensemble, mais là, tous les journalistes qui suivent Wolfsburg disent qu’il sera difficile pour Karim de jouer, vu que l’entraîneur joue avec trois joueurs à caractère offensif…
Le problème pour moi est que l’équipe joue avec 4 défenseurs et 6 joueurs à caractère défensif. Il n’y a que trois joueurs à caractère offensif, à savoir le numéro 10 et les deux attaquants. On est 8 pour trois postes et on est 3 ou 4 pour un seul poste. Les deux milieux, sur les côtés, sont des 6 et il y a Misimovitc qui a fait 22 passes décisives l’année passée et les deux attaquants, lesquels ont marqué beaucoup de buts. Ce sont les données tactiques qui changent les choses. Après tout, tout peut arriver dans le football et il ne faut pas perdre espoir.
Votre coach nous a déclaré qu’il n’a rien contre vous tout en ajoutant que Kahlenberg lui aussi ne joue pas…
De toutes les façons, s’il a quelque chose contre moi ou pas, je ne joue pas. Je m’en fous qu’il m’aime ou qu’il me déteste, car pour moi, le plus important est de jouer.
Est-ce que vous commencez à vous inquiéter par rapport à votre forme, vu que vous n’avez pas joué depuis votre retour de l’Angola ?
C’est normal que je commence à m’inquiéter. Cela fait plusieurs semaines que je n’ai pas joué et le manque de compétition n’est pas évident pour un compétiteur comme moi. La situation actuelle est compliquée pour moi, mais après on verra bien.
Cette situation vous fait-elle rappeler celle vécue avec l’Olympique de Marseille ?
C’est complètement différent. C’est incomparable.
Pourquoi vous dites que c’est incomparable ?
La différence à l’OM, lors de ma première année, c’est que je n’étais pas très bon. C’était un peu frustrant, d’autant que je n’ai pas joué à mon poste, tandis que là, je n’ai pas joué du tout.
A l’OM, vous jouiez au milieu défensif, votre coach actuel pourrait vous utiliser à ce poste…
De toutes les manières, comme je vous l’ai déjà dit, pour ce poste, on est nombreux. Franchement, je pensais que face à Villarreal il allait me faire rentrer, mais il ne l’a pas fait. Il a effectivement fait des changements en incorporant deux autres milieux défensifs. C’est son système de jeu. Il a ses idées et il n’y a qu’une place à prendre et on verra bien comment les choses vont évoluer.
Vous dites qu’à Marseille, c’était différent, est-ce que vous ne regrettez pas d’avoir quitté le club phocéen ?
Le passé, c’est le passé et ça ne sert à rien d’y revenir là-dessus. Je suis là, c’est vrai que c’est une situation difficile, mais ça arrive.
Certaines personnes y compris votre entraîneur disent à chaque fois que Ziani doit s’adapter à la Bundeslega et à l’Allemagne, qu’en dites-vous ?
Ce ne sont que des excuses. Ça n’a rien à voir avec le fait que je ne joue pas. Je ne vois pas le rapport. C’est vrai que c’est différent, mais la réalité est qu’il y a un coach qui connaît les anciens et il les fait jouer. Il était entraîneur de la seconde équipe et nous, il ne nous connaît pas du tout.
Pourquoi, il ne suivait pas l’équipe première ?
Je ne sais pas. Pour l’instant, je parle de la situation présente, mais je ne peux rien faire, à part de m’entraîner. Je ne suis pas le seul dans ce cas, mais les autres ont leur situation et moi la mienne.
Avez-vous eu une discussion avec votre entraîneur ?
Non, pourquoi je vais discuter avec lui ? A mon avis, ça ne sert à rien de lui parler. Ce sont les actes qui comptent. Un entraîneur, quand il ne veut pas te faire jouer, il te dira toujours les mêmes choses. Donc, ça ne sert à rien de parler pour ne rien dire. Je travaille d’arrache-pied et mon travail finira par payer.
Armin Veh vous voulait à tout prix dans son effectif et il n’est plus là maintenant, vous ne croyez pas que le fait d’avoir opté pour Wolfsburg par rapport à l’entraîneur était un peu risqué ?
Généralement, lorsqu’on choisit un club, c’est parce que l’entraîneur te veut. Mon choix était logique. Mais on n’est pas à l’abri des choix sportifs de l’entraîneur. Un coach peut partir et revenir, c’est ça le football. Pour l’instant, c’est une mauvaise passe et ça arrive à tous les joueurs. Je ne joue pas parce que je suis mauvais, mais je n’ai pas eu ma chance. Ça ne sert à rien de s’éterniser sur ça. On verra plus tard.
Kahlenberg m’a confié que si la situation perdure, il craint pour sa place en équipe nationale danoise, craignez-vous aussi la même chose ?
Moi, je veux jouer pour être sûr de faire la Coupe du monde. Lorsque tu ne joues pas, le coach fait ses choix et il peut ne pas te faire appel.
Vous avez donc des appréhensions à quelques mois du Mondial…
C’est sûr, je me suis battu toute ma vie pour faire une Coupe du monde, et comme par hasard à quelques semaines du Mondial, je ne joue pas avec mon club. La chance qu’on a c’est qu’on a trois à quatre matches amicaux avec la sélection. Même si tu n’as pas joué, les rencontres avec l’équipe nationale te permettront de te remettre sur scène.
C’est ce qui est positif. Le coach fait ses choix et c’est lui qui décide. Moi, je travaille et j’espère jouer cette Coupe du monde.
Le match face à la Serbie sera une vraie bouffée d’oxygène pour vous…
Je suis très content de retrouver la sélection, le public et tout le monde. Ce sera un bon test face à une très bonne équipe de la Serbie. Il est clair que je veux bien jouer avec eux deux ou trois matches.
Vous n’êtes pas le seul à être dans ce cas, même Antar Yahia est confronté à la même situation. Chadli aussi depuis sa convocation en équipe nationale.
Comme par hasard, tous les joueurs évoluant en Allemagne ne jouent pas…
C’est comme ça. Il ne faut pas être paranoïaque. Peut être, on sera plus frais que les autres. C’est une mauvaise passe, mais on verra bien comment les choses vont évoluer.
Quand vous ne jouiez pas avec Marseille, c’était grâce à l’EN que vous aviez récupérer votre place, vous allez peut-être faire de même pour pouvoir récupérer votre place dans votre club…
Moi, quand je joue avec l’équipe nationale, c’est pour gagner pour mon pays. Je m’en fous d’être le meilleur. Si je ne suis pas bon et on gagne, je m’en fous, car le plus important est que l’EN gagne.
Avec la situation que vous vivez actuellement avec Wolfsburg, est-ce que vous pensez à votre avenir, ou bien c’est encore tôt ?
Franchement, c’est encore tôt pour parler de mon avenir. Nous, les Algériens, on s’enflamme vite. Le football, ça va très vite et cela fait que trois semaines que je suis là.
On sent que vous êtes serein…
Bien sûr que je suis serein. Je connais mes qualités et je sais que je peux jouer dans cette équipe. Je ne suis pas au FC Barcelone.
A. H. A.