Ziani : en 2000, les Algériens le découvraient pour la première fois

Ziani : en 2000, les Algériens le découvraient pour la première fois

Il jouait dans l’équipe juniors de l’ATAC,l’Association Troyes Aube Champagne,devenue aujourd’hui l’ESTAC. Petit de taille, mais avec des ambitions grandes, il ne tarda pas à prouver son amour pour les couleurs nationales.

Ziani le déclare devant toute la France lors d’un mini-portrait diffusé sur Infosport : « Mon souhait le plus cher, c’est de jouer pour mon pays, l’Algérie. »Pourtant, son autre pays de naissance, la France, le guettait aussi et voulait profiter du talent de ce lutin qui a grandi comme les Zizou, Nasri, Benzema ou même le Tunisien Sabri Lamouchi, sur le rythme de la marseillaise.

Mais quelque chose de très fort, venant droit du cœur, lui a conseillé d’opter pour le pays du papa. Et vu le cours de sa carrière, on peut main-tenant dire qu’il a bel et bien fait le bon choix.

Une volonté de réussir,même les géants ne l’ont pas arrêté En 2004, l’Algérie prenait part à sa dernière CAN, c’était en Tunisie, Ziani découvrait l’ambiance africaine à travers cette Coupe d’Afrique.

L’Algérie affrontait pour le compte du premier match, le Cameroun, le champion d’Afrique en titre, per-sonne ne croyait à un exploit,même les plus optimistes d’entre nous, car il faut dire que l’Algérie avait reçu beaucoup de coups durant la période du déclin de notre foot qui ont fait de nous le pays qui ne faisait plus peur.

Mais la nouvelle génération menée par Yahia et un certain Rabah Saâdane avait décidé de tenter un nouveau départ. Ziani s’illustrera dès son premier match, il jouera en arrière droit et réussira à museler le géant Idrissou, ailier gauche des Lions indomptables, un bon départ pour un joueur qui sera le symbole du

renouveau du football algérien.

Au Caire, une source de motivation nommée Ziani

Depuis sa première sortie avecle maillot des Verts, Ziani enchaînera les bonnes performances.

Sa carrière connaît une autre dimension, il jouera à Sochaux, à Lorient, à l’OM avant d’atterrir à Wolfsburg où il atteindra et très vite son objectif, celui de jouer le Mondial sud-africain. Le 14 novembre dernier, l’EN perdait son match au Cairo-Stadium, un choc qui avait jeté un coup de froid énorme sur le pays.

Les capés de Saâdane avaient même cru au désastre, certains ne croyaient pas leurs yeux, ils venaient de gâcher une grande occasion d’en finir sur les terres égyptiennes. Meghni se tenait la tête, il avait même perdu la voix tellement le choc était grand.Ghezzal, abattu, a cru à la fin de l’aventure, Bougherra, bouleversé,est resté debout sans réaction.

Chacun réagira à sa façon et l’amertume se lisait sur tous les visages, sauf sur le visage, toujours juvénile, de Karim Ziani qui, certes, voulait sceller le sort de l’EN cette même soirée, mais il a préféré prendre cette défaite du boncôté. Il a préféré accorder à lui et à l’EN une nouvelle chance de se rattraper et de redessiner le souriresur les visages d’un peuple qui rêve d’une fin heureuse dans cette confrontation face aux frères ennemis.

La pression, pas du tout un problème pour lui

Certains joueurs, et après avoir vécu l’incident du bus du Caire,avaient perdu leur concentration.Pire encore, quelques-uns ont même joué la peur au ventre cette rencontre qui, pourtant, avait besoin d’un maximum d’aptitude.Ziani, de son côté, a fait preuve de beaucoup de calme, il était serein et a même essayé d’introduire le doute dans les esprits des Egyptiens grâce à ses dribbles et à sa maîtrise de balle.

Certains sont même allés à dire que si les autres joueurs avaient fait comme lui, l’EN aurait réussi son match et revenir avec le billet qualificatif à l’issue de ladite partie. Il s’est comporté comme un patron et cela s’est poursuivi dans les vestiaires quand il a pris la parole pour remotiver la troupe. Il leur a fait comprendre que l’équipe n’a perdu qu’une partie et que l’essentiel était de bien gérer le match prévu quatre jours après sur terrain neutre.

Au Soudan, il décide de tourner le dos aux Egyptiens

Les Algériens présents au Soudan ou même ceux qui ont pu suivre le match sur leur petit écran avaient tous remarqué les joueurs de l’EN s’illustrer par un geste lors des hymnes nationaux.

Ils avaient tourné le dos à leurs adversaires du jour comme signe de protestation contre ce que le peuple égyptien avait fait vivre à l’ensemble de la délégation algérienne durant son séjour cairote,c’est Ziani lui-même qui a eu cette ingénieuse idée que ses coéquipiers ont vite approuvée.

Il confirmera par cette nouvelle sortie qu’il est bel et bien le patron de cette équipe et même le décideur sur la pelouse aux côtés du capitaine Mansouri.

Il joue blessé et montre la voie

Ce que la majorité des Algériens ignorent est que Ziani a joué les dernières minutes du match au Merreikh Stadium blessé, les efforts qu’il a fournis quatre jours auparavant et durant cette rencontre ont eu raison de lui. Il ne pouvait pas tenir debout et a même demandé le changement, mais c’était trop tard, les trois remplacements ont été consommés et il devait donc supporter ce mal jus-qu’au bout. Il réussira à le faire avec brio au point où on n’a pas pu le remarquer. Cela démontre la volonté, l’abnégation et la hargne qui caractérisent ce joueur qui futà l’origine du but inscrit par Yahia, mais aussi de plusieurs tentatives qui auraient pu faire mouche.

Il retient ses émotions après la fin du match

Si sur le terrain le patron a accompli avec brio sa tâche, en dehors de la pelouse, le joueur a continué à étaler son talent, mais cette fois, en montrant sa grande capacité de retenir ses émotions.

Contrairement à ses potes, il s’est montré très calme et a fêté d’une manière très civilisée la qualification historique de son pays au Mondial, au point où on le croirait nager dans un autre monde que le nôtre.

En nous rapprochant de lui,on comprendra qu’il a juste eu le moment qu’il voulait avoir depuis très longtemps, le moment de calme qui, cette fois, a suivi la tempête.

Il nous dira ceci : »Maintenant que l’objectif est atteint, écrivez ce que vous voulez, fêtez autant que vous voulez ce succès, ce moment, on a bossé dur pour l’atteindre, et aucun mot,aucune phrase n’est valable pour décrire cette émotion. On l’a fait,on est en Coupe du monde.

 » Une déclaration qui en dit long sur la classe de ce patron qui suit ainsi les traces de Moussa Saïb, un autre joueur algérien que l’histoire du foot national n’est pas prête d’ignorer.

Aucun avertissement face à la Zambie, le Rwanda et l’Egypte,son autre victoire

L’on se souvient, Ziani était menacé de suspension à l’issue du match joué en Zambie, quand il avait reçu son premier carton, il devait éviter le second face à la même équipe à Blida. Il l’a fait,puis face au Rwanda, il rééditera l’exploit et le confirmera lors du pourtant très électrique match au Caire.

Ce self-control veut dire beaucoup de choses, d’autant que Ziani est connu pour ses sautes d’humeur à répétition, à l’image de l’accrochage qu’il a eu avec Dzeko. Cet incident aura été pour lui l’électrochoc qui déclenchera en notre joueur la réaction qu’il fallait. Il deviendra, depuis, un joueur très calme et le fait d’avoir évité les cartons en est une autre preuve.

«Pourquoi t’es pas le capitaine de la sélection ?»

Cette question, Karim Ziani l’entend souvent en Allemagne,ses coéquipiers ne cessent de la lui poser. Il est vrai que le caractère fort de Ziani ne laisse personne indifférent. Après seulement quatre mois passés à Wolfsburg,

La CAN et le Mondial pour aller plus haut

D’aucuns pensent que le talent de Ziani n’est pas bien récompensé.

Il a les capacités et le niveau qui lui permettent d’évoluer dans un club beaucoup plus intéressant que Wolfsburg. Son passage raté à Marseille lui a plus que porté préjudice, mais ses amoureux vous diront que ce n’est que partie remise. Cette qualification qu’il vient de décrocher avec l’EN au Mondial ne peut que lui être bénéfique, lui qui profitera avant ça de sa participation à la prochaine CAN en Angola pour se relancer bien comme il faut.

Il pourrait revenir dans son club après la longue trêve qu’observera la Bundesliga dans la peau d’un joueur plus mûr, plus performant et surtout compétitif, lui qui ne joue pas beaucoup dans son club.

Espérons pour lui qu’il réussira son coup, et pourquoi pas décrocher un contrat dans la Premier League ou même en Liga, les deux championnats qui iront à merveille avec l’ambition de notre Ziani national et qui lui permettra d’exposer au grand monde son talent purement algérien.

S. M. A.