Après l’avoir poussé à quitter la fonction suprême avec la qualité de Président stagiaire, les faiseurs de rois de l’ombre, tentent de forcer la main à Liamine Zeroual pour se porter candidat à la présidentielle de 2014.
Liamine Zeroual.
Les promoteurs du statu quo proposent ainsi un bond de 15 ans en arrière avec une rallonge de la transition qui avait commencé depuis 1988. Autoproclamés, ces marionnettistes actionnent leurs relais clientélistes pour vendre la candidature d’un septuagénaire, vieux et débranché de la chose politique. L’on parle, en effet, d’une caravane, d’une délégation d’officiers de l’armée, des membres de la famille révolutionnaire et d’un ancien chef du gouvernement, tous en pèlerinage vers la capitale des Aurès. Bien sûr, tout ce beau monde agit pour le compte des décideurs dans le but de convaincre l’ancien général et l’ex-président pour une candidature parrainée.
Tout en lui fabriquant la qualité de l’homme de la situation, la pression sur l’homme est déjà exercée. Lui, pourtant qui soutenait toujours avoir renoncé à sa carrière politique suite à sa démission annoncée un certain 18 septembre 1998. Il le disait clairement en évoquant une raison peu convaincante de sa démission. Dans un communiqué publié dans le quotidien El Watan du 12 janvier 2009 il soutenait ce qui suit : « En décidant, en toute liberté, de renoncer définitivement à ma carrière politique, j’ai estimé qu’il était temps que l’alternance se concrétise afin d’assurer un saut qualitatif à nos mœurs politiques et à la pratique de la démocratie, tant était loin de ma conception la notion d’homme providentiel à laquelle je n’ai jamais cru. » Pathétique ! Car parler d’alternance au pouvoir en 2009, sachant bien que quelques mois auparavant, les parrains décideurs ont fait sauté le verrou constitutionnel qui limite les mandats présidentiels, est une tromperie impardonnable. Bouteflika, l’homme providentiel auquel Zeroual ne croyait pas, a eu un troisième mandat en plus des deux premiers.
Alors de grâce que cesse la manipulation ! Zeroual a abandonné le pays dans des moments cruciaux, peut-être en fuyard, bien que ne l’on cesse de vanter la manière dont il a été élu en novembre 1995. Le mensonge ne peut pas dissimuler éternellement les véritables raisons d’une révocation. Les tremblements au sommet et la guéguerre clanique ont laminé un personnage entouré d’amis pourris et corrompus. Betchine, conseiller et ami intime du Président, est abattu par le clan adverse à cause des multiples malversations et des détournements étalés dans une sale compagne qu’une certaine presse aux ordres, lui avait livrée.
De grâce aussi que cesse la tromperie ! Liamine Zeroual a été rappelé par un général qui demeure interpellé sur l’assassinat de feu Boudiaf. Khaled Nezzar, pour cause de maladie, a placé en juillet 1993, Zeroual à la tête du MDN. Et depuis qu’il avait pris la fonction de ministre de la Défense, les événements tragiques ne cessaient guère de se produire, notamment les enlèvements et les assassinats. Kasdi Merbah, l’homme qui voulait abattre les rats du système, fut assassiné le 21 août 1993 à Bordj El-Kiffan, quelques jours après avoir été reçu par Zeroual pour discuter de la proposition de sortie de crise de l’ex-patron de la SM. La rencontre a eu lieu le 12 juillet 1993 au siège du MDN et Zeroual n’a pas pu garantir la sécurité à l’ancien chef du gouvernement. Il y a eu aussi l’assassinat du journaliste feu Saïd Mekbel en 1994, et particulièrement le meurtre du syndicaliste feu Abdelhak Benhamouda et la liste est longue.
De grâce encore que cesse le mensonge ! La gestion des affaires du pays depuis l’accession de Zeroual à la fonction de chef de l’Etat et même après qu’il fut élu président de la république, est semblable à celle de l’ère Bouteflika. De la ponction sur les salaires à l’emprisonnement d’innocents cadres dans une opération dite mains propres, les faillites du système de gouvernance sont multiples et sont signées par un arrogant Ouyahia qui avait marqué et la période Zeroual et celle de Bouteflika.
De grâce que cesse l’oubli ! Car, il faut dire aussi que c’est dans le sillage de la mise en œuvre de la loi de généralisation de l’utilisation de la langue arabe que le chantre de la chanson kabyle Matoub Lounes fut assassiné le 28 juin 1998, suite à une guerre de clans devant laquelle Zeroual était impuissant ou n’avait pas pu la déjouer. Encore, c’est sous le règne de Zeroual qu’a eu lieu la plus grande fraude électorale du siècle à l’occasion des législatifs de 1997. Alors le RND, parti créé pour le Président et né avec ses moustaches, raflait la majorité des sièges de l’APN, à peine après trois mois d’existence. Devant la contestation de toute la classe politique, FLN compris, Liamine Zeroual cautionna le trafic et les résultats furent validés. Et le président s’accommoda alors d’un gouvernement dont plusieurs ministres étaient frauduleusement élus députés sur des listes RND.
De grâce que cesse la myopie. Les Algériens se moquaient tous de ce président et disaient de lui qu’il n’arrivait pas à tenir sa tête pour qu’il puisse tenir le pays. Mais plus grave c’est cette démission qui a livré le pays au clan de Bouteflika. Pourtant, le même Zeroual avait promis des élections transparentes à l’occasion de la présidentielle anticipée de 1999. Mais hélas, le vote était entaché d’irrégularités avant même qu’il commençât, provoquant aussitôt le retrait des autres candidats. Bouteflika, alors capricieux, exigea un score dépassant celui obtenu par le stagiaire Zeroual en 1995.
De grâce que cesse le mythe ! Zeroual est un homme normal et ne possède aucune providence. Il était déjà aux commandes du pays et confortablement élu comme ils le disent. Mais en œuvrant plus pour la continuité et pérennité du système, son passage était plus un échec, sanctionné par une fuite déguisée en démission. En cédant son poste de Président de la république en 1998, il avait choisi le système clanique et non pas l’Algérie et contribua alors à la livrer à un clan plus prédateur et atrocement manipulateur. Que cesse enfin le carnaval ! La duperie a assez duré. L’Algérie mérité mieux et compte aussi d’innombrables hommes sincères et intègres.
Zoubir Zerarga