«C’est un moyen d’alimenter l’extrémisme»
Le ministre de l’Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, a jugé «inopportune» la décision d’interdiction de la construction de minarets, prise par référendum à la fin de novembre dernier en Suisse.
Partant du principe que les extrémistes cherchent toujours des arguments pour se faire entendre et manifester leur réaction vive est violente, M. Yazid Zerhouni qui intervenait hier sur les ondes de la radio Chaîne III, n’a pas manqué de dire que «le vote contre la construction de minarets en Suisse comme le débat en France sur l’identité nationale, peuvent donner des arguments aux extrémistes pour se manifester».
Compte tenu de l’expérience algérienne dans la lutte antiterroriste, Zerhouni estime que ce genre de situation et de débat alimente les thèses de terroristes et apporte de l’eau au moulin de l’extrémisme et du radicalisme. Il a affirmé justement que «le développement de l’islamophobie dans certains pays européens est la conséquence de certaines dérives, notamment le fait d’affirmer qu’une culture est supérieure à d’autres».
Le ministre a également saisi cette opportunité pour expliquer «qu’il faut traiter la matrice du terrorisme,
parallèlement à la lutte contre ce fléau». Ce sujet a été longuement abordé par le ministre de l’Intérieur le 23 novembre dernier à Venise (Italie) lors de la 14e session de la conférence des ministres de l’Intérieur de la Méditerranée occidentale. Zerhouni a rappelé à ses collègues méditerranéens que «la lutte contre le terrorisme ne peut se résumer à l’aspect sécuritaire, mais elle doit englober aussi le traitement de la matrice idéologique de ce phénomène».
S’agissant de l’islam, le ministre estime que «dire que l’islam est antinomique de la démocratie ou de l’épanouissement de la femme» est une contrevérité alimentant les idées de ceux qui font dans le prosélytisme». Partant de ce principe, le ministre rappelle que cette religion a coexisté avec d’autres religions, notamment en Andalousie, soulignant que «des chrétiens et des juifs persécutés en Europe avaient été accueillis en Algérie par les musulmans».
Abordant un autre sujet qui a trait au respect des droits de l’homme et au respect d’autrui, M. Zerhouni a plaidé pour «une prospérité commune entre les pays de la rive méditerranéenne et appelle à protéger la circulation des personnes dans l’espace méditerranéen, tout en demandant que les pays de la rive nord de la Méditerranée fassent encore des efforts dans la facilitation du déplacement des citoyens de la région».
Au sujet de la bonne prise en charge de la circulation des personnes de cette région méditerranéenne, M. Zerhouni a appelé au respect des immigrants par les pays d’accueil et des droits et de la dignité des personnes qui sont renvoyées dans leurs pays d’origine, indiquant par ailleurs qu’«il faut respecter les droits des migrants légaux».
Synthèse A. Timizar
