Zerhouni fait du Zerhouni : « La marche du 12 février est interdite à Alger »

Zerhouni fait du Zerhouni : « La marche du 12 février est interdite à Alger »

L’ancien ministre de l’Intérieur, Yazid Zehouni, promu Vice-Premier ministre en mai 2010, s’est prêté mercredi 2 février aux questions des journalistes algériens.

Celui qui a régné sur la police et l’administration pendant dix ans a délivré deux messages essentiels : la marche du 12 février prochain ne sera pas autorisé et l’état d’urgence, en vigueur depuis février 1992,ne sera pas levé. Nommé Vice-Premier ministre le 28 mai 2010, Yazid Zerhouni, 74 ans, ne connait toujours ses prérogatives au sein du gouvernement d’Ahmed Ouyahia. Verbatim.

Marche du 12 février. La marche du 12 février à l’appel de plusieurs associations et partis politiques est interdite. Yazid Zerhouni emboite ainsi le pas à son successeur Ould kablia laquelle affirmait cette semaine le caractère interdit de cette manifestation qui doit être organisée à Alger. Zerhouni rappelle que l’interdiction des marches dans la capitale remonte à juin 2001 au lendemain de la marche des Arouchs de Kabylie. Décision qu’il assume et défend dix ans après.

Zerhouni : « Officiellement, elle la marche est interdite. Mais ceux qui appellent à cette marche doivent assumer leurs responsabilités quant à la casse et aux dérapages. Une expérience malheureuse a eu lieu le 14 juin 200. Et nous avons tiré les leçons du 14 juin 2001 »

Etat d’urgence. En vigueur depuis le 9 février 1992, celui-ci ne sera pas levé. Du moins, pas sous l’exercice de Yazid Zerhouni. Ce dernier ressort le couplet terrorisme et sécurité pour justifier le maintient de cette loi d’exception 19 ans après sa promulgation.

Zerhouni : « L’Etat d’urgence, dans la mesure où…je ne vois pas… ! Personnellement, honnêtement et sans vouloir jouer, l’état d’urgence n’a jamais été utilisé pour restreindre les libertés individuelles ou collectives, et vous êtes témoins. Je vous pose la question. Est-ce qu’en Algérie, il y a des prisonniers politiques ? Il n’y en pas. Vous êtes journalistes, et vous n’allez pas me dire que vous ne dites pas ce que vous voulez dans la presse. Ce sont les éléments fondamentaux. (…) Si vous considérez qu’il n’y a plus de terrorisme, oui ! l’Etat d’urgence est un mécanisme qui nous a permis de coordonner la lutte antiterroriste entre l’armée et les services de sécurité. Aucune mesure restrictive des libertés individuelles ou collectives n’a été prise dans le cadre de l’Etat d’urgence. »

Contrôle de l’Etat sur Internet. De nombreux algériens se plaignent que les autorités algériennes exercent un contrôle sur internet, notamment des sites sociaux Facebook et Twitter. Zerhouni ne confirme ni n’infirme. En revanche, chez lui internet fonctionne à merveille.

Zerhouni : « Je ne suis pas en mesure ni de confirmer, ni d’infirmer si l’Etat a controlé Internet. Je sais que mon Internet fonctionnait. »

Agrément des associations et des partis politiques. Là encore, l’ex-ministre de l’Intérieur excelle dans la langue de bois. Après avoir bloqué pendant 10 ans tous les dossiers des partis politiques, il annonce que ces dossiers seront ouverts dans les prochains mois. Du Yazid Zerhouni pur jus.

Zerhouni : « Nous étions prêt à ouvrir les dossiers concernant les associations, y compris les associations à caractère politique. Ce sont des décisions que nous avons prises bien avant que certains y pensent aujourd’hui. Ce sont des occasions pour lesquelles le calendrier politique national donne des opportunités. Par exemple, vous savez bien qu’en 2011 (il voulait dire certainement 2012), nous allons avoir les élections législatives, les élections locales. Ce sont autant d’occasions au cours desquelles nous pourrons ouvrir sereinement le débat. »

Risques de contagion de la révolution du Jasmin en Algérie. Le Vice-Premier ministre sort la calculette pour expliquer que l’Algérie n’est pas la Tunisie encore moins l’Egypte.

Zerhouni : « Cette possibilité est exclue parce que la situation de l’Algérie n’est pas comme celle de ces pays (notamment sur le volet socio-économique. Nos transferts sociaux sont les plus importants (les plus hauts) dans le monde. Ce n’est pas tout le monde qui a construit 2,5 millions de logements, qui a 10 millions d’élèves dans les écoles et 1,5 millions d’étudiants dans les universités. »