Le Premier ministre, a préféré garder le silence, hier, à la clôture de la session d’automne du Parlement. Ahmed Ouyahia a refusé de répondre aux questions des journalistes, concernant les rumeurs sur un éventuel remaniement du gouvernement.
La seule phrase qu’il avait prononcée était, plutôt, ironique : «Il faut faire la différence entre les lentilles et les haricots secs.» Ce qui laisse entendre que les rumeurs qui circulent sont infondées. De son coté, le vice-Premier ministre, Yazid Zerhouni, était relativement prolixe.
S’exprimant en marge de la clôture des travaux de l’APN et du sénat, l’ex-ministre de l’Intérieur a écarté la levée de l’état d’urgence. Selon lui «l’état d’urgence ne présente pas de restrictions sur les libertés». Une déclaration à travers laquelle le deuxième homme du gouvernement a balayé d’un revers de la main les demandes de plus en plus pressantes, à la levée de cette loi. Zerhouni a aussi affirmé que la marche du 12 février ne sera pas autorisée. Une décision qu’il a justifiée par la crainte d’éventuels «dérapages». Ajoutant que les organisateurs de cette action de protestation «doivent assumer leur responsabilité en cas de dérapage». En guise d’argument sur le maintien de l’interdiction des marches à Alger, Zerhouni dira que les autorités ont tiré la leçon de la marche du 14 juin 2011, organisée par le mouvement des aârouch. Il a également annoncé que la loi sur les associations sera révisée, ce qui va permettre l’octroi d’agrément à de nouvelles associations. A une question sur le remaniement du gouvernement, le ministre s’est montré évasif, se contentant de cette phrase : «La place est aux jeunes». Dans son allocution de clôture, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a appelé les citoyens à faire face aux manœuvres visant la stabilité du pays et son dynamique de développement, soulignant la nécessité de tirer les enseignements des événements «que nous avons vécus et qui se passent autour de nous». Evoquant les dernières émeutes, Bensalah a exhorté les jeunes à éviter la «destruction de ce qui a été bâti». Il a salué le «courage» des citoyens qui ont réussi à «faire face aux dérapages», tout comme les forces de sécurité «qui ont pu gérer cette crise avec un grand esprit de responsabilité». S’agissant des préoccupations soulevées par les jeunes, l’orateur s’est dit contre la manière dont ces revendications ont été exprimées. Estimant que les efforts accomplis par l’Etat en faveur de la jeunesse sont
«considérables», Bensalah a regretté, toutefois, que le dialogue avec cette catégorie de la société a été «faible ou totalement inexistant». L’orateur a plaidé pour le changement de vision concernant les méthodes appliquées envers les jeunes, notamment à travers le renforcement des tribunes de dialogue et d’accompagnement. De son coté, le président de l’APN, Abdelaziz Ziari, a relevé «la contradiction existant entre le montant des budgets alloués au plan social et le niveau de vie des citoyens notamment des jeunes». Et de s’interroger : «Où est ce qu’elle se trouve la faille ? Quelles sont les causes de l’insatisfaction?».
Aomar Fekrache