Le défenseur chéliffien, l’ex-international Samir Zaoui, s’est dit surpris par la guéguerre enclenchée entre son ancien camarade en Equipe nationale, Rafik Djebbour, et son ex-entraîneur Rabah Saâdane qui n’ont pas cessé de s’accuser mutuellement et de laver le linge sale en public. L’enfant de Aïn Boucif nous parle également de l’actuelle sélection renforcée par des joueurs de valeur, comme Feghouli, Boudebouz et Cadamuro Bentaïba qui est, selon lui, promise à un bel avenir.
On veut tout d’abord vous demander votre avis sur la guéguerre déclenchée dernièrement entre Rafik Djebour et Rabah Saâdane ?
Franchement, je n’ai rien compris. Le joueur parle de son ex-entraîneur de manière incompréhensible. Et le sélectionneur parle de choses qui concernent la vie privée du joueur. C’est un comportement puéril. Ni Saâdane ni Djebbour n’ont le droit de faire des déclarations déplacées et inopportunes. Ils auraient dû dire ce qu’ils avaient sur le coeur lorsqu’ils étaient en sélection, pas aujourd’hui. Si Djebbour n’était pas un bon joueur, pourquoi a-t-on compté sur lui. Et si Saâdane était mauvais, pourquoi est-il resté aussi longtemps à la tête de la sélection ?
En tant qu’ancien camarade de Djebbour, comment jugez-vous sa personnalité ?
J’ai côtoyé Djebbour, un gentil gars qui aime son métier. Saâdane avait toujours confiance en lui, même lorsqu’il était en manque de compétition.
Pensez-vous que Djebbour va payer le prix de ses déclarations même avec Halilhodzic, qui pourra faire l’impasse sur lui ?
Non, si l’entraîneur a besoin de Djebbour, il le jugera sur le terrain, pas par rapport à ça. C’est une affaire personnelle entre Djebbour et Saâdane, et je ne sais pas trop ce qui s’est passé entre eux, après mon départ de la sélection à l’issue du match contre la Serbie.
Djebbour dit qu’il s’est défendu en parlant de choses purement techniques, alors que Saâdane a dépassé les bornes en dévoilant la vie privée du joueur…
Djebbour était parmi les joueurs gâtés à l’époque de Saâdane. Franchement, je ne sais pas pourquoi Saâdane a voulu répondre, puisqu’il ne s’est rien passé entre eux à l’époque où j’étais présent. Ce n’est pas correct de leur part, j’ai comme l’impression que je n’ai pas vécu avec la sélection. Lorsque vous voyez un joueur qui était proche de l’entraîneur tirer à boulets rouges sur lui, vous restez bouche bée. J’ai connu les deux hommes et j’étais proche d’eux, je ne comprends pas ce qu’il leur arrive.
Parlons maintenant de l’avenir de la sélection. Avec des joueurs justement comme Djebbour, Feghouli, Cadamuro et Mesbah qui font parler d’eux en cette période, est-ce de bon augure ?
Je crois qu’Halilhodzic a de la chance. C’est la première fois qu’on a des joueurs qui jouent régulièrement dans les meilleurs championnats d’Europe. Vous savez, on s’est qualifié au Mondial 2010 avec peu de chances. Cette sélection est plus forte avec des jeunes joueurs qui promettent beaucoup. Elle peut se préparer à long terme, à la prochaine Coupe d’Afrique et au Mondial également. Halilhodzic possède des joueurs de talent, même au niveau local avec Djabou et mon coéquipier Gherbi.
Votre ancien coéquipier, Hillal Soudani, a opté pour Guimaraes où il a été marginalisé par la suite, un commentaire ?
Il n’a pas eu de chance. Il a été transféré dans le championnat portugais, l’un des meilleurs d’Europe, mais sa blessure l’a empêché de s’épanouir. Mais il commence à retrouver du temps de jeu ces derniers temps. J’ai vu le but qu’il a marqué et l’autre qui a été refusé par l’arbitre. Il a donc gagné en confiance et il lui reste quatre matches pour montrer ce qu’il sait faire et confirmer son réveil.
Etes-vous en contact avec lui ?
Absolument, après avoir marqué son but, je l’ai appelé pour le féliciter, avant notre déplacement à Kinshasa. On est contact aussi sur Facebook. Je lui ai conseillé de redoubler d’efforts et de saisir sa chance.
Si on parlait de la participation algérienne en compétitions continentales avec l’élimination de l’ESS et la JSMB (entretien réalisé avant-hier), quel commentaire faites-vous ?
La JSMB ne doit pas rougir de son élimination au deuxième tour, car elle est tombée sur une bonne équipe qui pratique du bon football. L’Entente, par contre, je ne crois pas qu’elle a sous-estimé son adversaire. Les Sétifiens pensaient plutôt à partager leur joie avec leurs supporters, avant d’encaisser un but assassin à la fin du match. J’espère que l’ESS n’en sera pas affectée.
Certains pensent que la grève entamée par les joueurs était la principale cause de cette élimination, qu’en pensez-vous ?
Personnellement, je suis contre l’idée de la grève. Le joueur possède un contrat professionnel qui le protège. Si vous êtes lésé, vous n’avez qu’à vous défendre en ayant recours à la justice. C’est un droit légitime et la grève n’arrangera rien.
L’ASO Chlef a perdu le championnat et la coupe, pensez-vous que vous traversez un passage à vide ou bien êtes-vous d’accord avec le président Medouar qui accuse Kerbadj de casser l’ASO avec ses deux poids deux mesures dans la programmation ?
En réalité, la programmation nous a cassés, mais il faut regarder les choses en face. Comme je l’ai déjà déclaré sur les colonnes de votre journal, l’ASO est entrée en guerre sans les armes. Jouer sur les trois fronts avec un effectif limité nous a compliqué la tâche. Vous avez vu l’effectif avec lequel on a joué contre Vita Club ou en Coupe d’Algérie contre le CRB ou bien avant face à l’USMH ? L’équipe avait besoin de deux ou trois joueurs capables de la tirer vers le haut.
Croyez-vous toujours au titre, après la défaite contre l’USMH ?
Mathématiquement, rien n’est joué. Mais la défaite d’El Harrach a faussé nos calculs, non seulement on a donné la chance à l’ESS de creuser l’écart, mais on a même été éliminés en Coupe d’Algérie. Nous avons une dernière chance de jouer le titre, à condition que le CRB gagne contre l’ESS en match en retard. Dans le cas contraire, nous devons nous battre pour la deuxième ou troisième place qualificative à une compétition continentale.
Vous avez déclaré que l’ASO ne possédait pas une équipe capable d’atteindre la phase des poules, qu’en est-il au juste ?
Oui, c’est une réalité, Chlef n’a pas montré cette saison le même niveau de l’année passée, que ce soit au niveau des résultats ou du rendement. Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Je n’accuse pas Saâdi, mais nous les joueurs n’avons pas joué à 100% de nos capacités.
Justement, Saâdi a été sévèrement critiqué par des joueurs et les supporters. Pensez-vous qu’il ne convient pas à l’équipe ?
Je crois que l’erreur qu’a commise Saâdi a été de libérer plusieurs joueurs lors du mercato hivernal. On n’a ramené que deux joueurs dont un seulement était prêt pour la compétition africaine. Il devait revoir sa copie au lieu de se précipiter dans ses décisions. Aujourd’hui, nous n’avons que 15 joueurs prêts à affronter le Vita Club, les autres sont blessés ou ont quitté le club. C’est la plus grosse erreur.
D’aucuns pensent que la professionnalisme en Algérie a échoué, quand on voit l’USMA, considérée comme la dream-team, qui n’a rien gagné après son élimination en coupe et ses difficultés en championnat, un commentaire ?
Haddad a dépensé beaucoup d’argent, et veut réaliser un projet à long terme, mais les gens ne ratent aucune occasion de le descendre. L’USMA est devenue l’équipe à battre, je ne suis pas un joueur de l’USMA pour défendre Haddad, mais c’est la vérité. C’est une personne qui est venue pour servir le monde du football. N’importe quelle personne qui a de l’argent aurait fait comme lui ou plus. Comme on dit chez nous, celui qui n’arrive pas à cueillir la grappe de raisin, il vous dira qu’elle est aigre.
Que voudriez-vous dire par là ?
Celui qui n’a pas l’opportunité de jouer à l’USMA vous dira que c’est une équipe faible. Ce qui est infondé. C’est un discours destructeur. On attend le moindre faux pas de l’USMA, pour commenter à la critiquer avec virulence, y compris Haddad et son argent. Il est venu pour travailler, tout le monde rêve d’avoir une équipe comme l’Espérance de Tunis ou Al Ahly du Caire, un club structuré et fort à tous les niveaux. Je veux transmettre un message à Haddad et lui dire de faire abstraction sur ce qui se dit dans la rue. Vous avez un bébé à faire grandir, et lorsqu’il sera grand, il vous renverra l’ascenseur en écrasant toutes les équipes lors de la phase aller.
Que représente pour vous la convocation de Seguer en sélection, pensez-vous qu’il y a d’autres joueurs capables de défendre la réputation du joueur local ?
Je suis content pour lui et je le félicite d’avoir retrouvé la sélection qu’il mérite, je lui souhaite bonne chance. Je crois que mon coéquipier Sabir Gherbi et Djabou sont les deux seuls joueurs capables non seulement de jouer en Equipe nationale, mais dans les meilleurs championnats d’Europe. Avec tout mon respect à Merzekane, je lui dirai que Gherbi assurera sa relève en sélection. Djabou, pour sa part, peut faire à lui seul la différence dans un match, c’est un véritable phénomène, il peut jouer dans l’un des meilleurs clubs d’Europe.
On comprend par là que vous êtes tout près de la retraite, n’est-ce pas ?
Vous voulez chassez Zaoui ou quoi ? (il rit) Tant que je me classe parmi les premiers au test physique de début de saison, je n’arrêterai pas de jouer. Lorsque le jeune joueur et ex -capitaine de l’Equipe nationale juniors Salah Nour El Islam sera guéri et prêt à prendre le flambeau, ce jour-là je m’en irai la conscience tranquille. Aujourd’hui, je fais bénéficier mon équipe de mon expérience.