« Ecoutez, je vais être franc avec vous. Tout le monde a suivi les stages de préparation qui ont précédé le Mondial. »
Tout d’abord, quelles sont les nouvelles ?
Elles sont excellentes et tout va pour le mieux. Je passe quelques jours de vacances auprès de ma famille et, croyez-moi, je les savoure vu que cela me manquait lors de la saison qui vient de s’écouler.
Entrons dans le vif du sujet. Saâdane a sélectionné des défenseurs pour le Mondial sans pour autant les faire jouer. Qu’en pensez-vous ?
Avant tout, je pense que l’entraîneur national a pris la décision de nous écarter, les autres joueurs locaux et moi, trop hâtivement. Il nous a privés d’une Coupe du monde alors que nous avions fait toute la campagne africaine comptant pour la qualification avec tous les sacrifices que cela a nécessité. Je ne pense pas que l’argument qu’il a avancé, à savoir un rajeunissement de l’effectif, tienne la route. Il nous a privés de Coupe du monde, c’est tout. Croyez-moi, c’est une situation difficile à vivre.
Il y a beaucoup d’amertume dans vos propos, non ?
Bien sûr et il y a des raisons pour cela. Personnellement, je pensais mettre fin à ma carrière d’international à la fin du Mondial. C’est quelque chose que l’on garde pour la vie. D’un autre côté, la façon avec laquelle nous avons été écartés est inélégante.
Pensez-vous que Carl Medjani et Bellaïd ne méritaient pas d’aller au Mondial ?
Pas du tout, je ne fais que constater. Zaoui, Raho et les autres ont laissé des larmes et du sang sur les terrains d’Afrique pour que l’Algérie soit au Mondial. En plus de cela, on nous félicite et on crie sur tous les toits que nous avons fait des prestations de tout premier ordre. Au moment où quelque part, on est sur le point de récolter les fruits de nos sacrifices, ce sont d’autres joueurs qui sont appelés.
Expliquez-vous…
C’est simple, les joueurs dont vous parlez, Carl Medjani et Bellaïd, dès qu’on leur a fait signe, ils se sont précipités pour venir en sélection. C’est comme si vous donniez un million de centimes à quelqu’un qui a faim. Je suis en droit de me demander s’ils auraient montré le même empressement s’il s’agissait d’aller jouer une qualification en Guinée, en Zambie ou dans une autre lointaine contrée africaine.
Est-ce que, quelque part, vous en voulez à ces joueurs qui, finalement, vous ont pris votre place de mondialiste ?
Pas du tout et, à leur place, j’aurais fait la même chose. On leur a offert sur un plateau la chance d’entrer dans l’histoire du football algérien, sans pour cela dépenser ne serait-ce qu’une goutte de sueur. Cela aurait été stupide de leur part de refuser.
Vous ne voulez quand même pas que ces joueurs refusent la sélection pour vos beaux yeux…
Ecoutez, je vais être franc avec vous. Tout le monde a suivi les stages de préparation qui ont précédé le Mondial. Des joueurs sont venus alors qu’ils étaient blessés et sans qu’ils aient la moindre chance de jouer. D’autres, et je me permets de le dire, ont un niveau tout juste moyen. Ces éléments ont été préférés à des joueurs ayant de l’expérience et bien préparés. Il y a, reconnaissez-le, quelque chose qui cloche quelque part. D’ailleurs des spécialistes et des gens au fait du football national ont remarqué tout cela et n’ont pas hésité à en faire part, à travers les médias, à l’opinion sportive.
Je voudrais, si vous le permettez, ajouter quelque chose.
Allez-y…
Je me rappelle que lors d’un entretien pour Le Buteur, le joueur ivoirien, Kolo Touré, s’était dit impressionné par l’esprit de groupe qui régnait au sein de la sélection algérienne. Il a même évoqué les remplaçants qui vibraient à chaque action et qui ne ménageaient aucun encouragement en direction de ceux qui étaient sur le terrain. Je doute qu’il y ait eu le même esprit en Coupe du monde et, je suis désolé, cela en est une force.
Pourquoi n’avez-vous pas dit tout cela auparavant ?
Parce que les autres joueurs et moi qui ont été écartés sommes des fils de famille. Nous aimons les couleurs nationales et il n’était pas question de perturber le groupe alors qu’il dispute une compétition très importante pour le pays.
Un mot en ce qui concerne le parcours de l’EN lors du Mondial ?
Sans trop m’étaler, je dirai qu’il y a de quoi nourrir des regrets.
Et pour ce qui est du sacre final ?
Il y a plusieurs prétendants, surtout qu’après le premier tour, certaines sélections sont vraiment entrées dans la compétition. Je souhaite seulement que le Ghana aille le plus loin possible. C’est un pays africain qui, en plus, a les joueurs qui n’ont rien à envier aux stars mondiales.