Zahir Ihaddaden livre quelques vérités historiques: « Messali a combattu le FLN »

Zahir Ihaddaden livre quelques vérités historiques: « Messali a combattu le FLN »

l’animateur essaye de faire interroger l’histoire en dehors de toute approche sentimentale, voire subjective.

L’histoire était l’hôte de l’association de «Mechaâl El Chahid» via le Forum de la mémoire lancé depuis des années maintenant. Cette fois-ci, le thème est plus ou moins singulier, puisqu’il traite du parcours du Parti du peuple algérien (PPA), et qui coïncide avec le 80e anniversaire de sa création en 1937. Le Forum de la mémoire se veut comme un espace pour rendre hommage aux symboles et aux figures de proue de Mouvement national et aussi une manière de redorer le blason des membres du comité central du PPA-MTLD à l’image de Sid Ali Abdelhamid, Larbi Dmagh Latrousse, Abdelmalek Benhabylès, Belaïd Abdeslem et Zine-Al-Abidin Mounji. Dans ce sens, le Forum de la mémoire a essayé d’approcher une histoire qui a été pendant longtemps occultée, voire sacrifiée sur l’autel des luttes intestines qui ont sanctionné le parcours du Mouvement national.

L’animateur Zahir Ihaddaden, reconnaît que la tâche n’est pas «du tout facile, surtout quand il s’agit d’un parti comme le Parti du peuple algérien (PPA), cela ne pourrait être traité et abordé en une heure ou quatre heures de temps», et d’ajouter que «le sujet du PPA est délicat et plein d’embûches sur le plan historique», note-t-il. Retraçant le parcours de ce vieux parti qui a été créé par Messali Hadj, Zahir Ihaddaden ne ménage pas ce dernier, à savoir Messali, il est allé jusqu’à le qualifier de «quelqu’un qui a perturbé le Parti du peuple algérien et qu’il était l’élément principal dans l’éclatement du PPA-MTLD», atteste-t-il. Pour mettre l’expérience du PPA dans le sillage historique propre, Zahir Ihaddaden ne veut pas être tendre avec le père fondateur du PPA, il dissèque la période dans laquelle Messali était responsable de ce parti indiquant que «Messali Hadj était réellement chef et un leader du PPA que depuis 1926 jusqu’à 1954, après cette date, Messali est mort politiquement. Plus grave que ça, «Messali a combattu le Front de Libération nationale (FLN)», assène-t-il.

Et pour étayer son argumentation par rapport à cette période historique durant laquelle Messali était le chef historique du PPA-MTLD, Zahir Ihaddaden souligne que «Messali et son PPA étaient le prolongement de l’Etoile Nord Africaine (ENA), où Abdelkader Yahiaoui et ses camarades étaient pour beaucoup dans l’ancrage de la conscience nationale qui a précipité la création du PPA en 1937», affirme-t-il. D’ailleurs, le conférencier s’est référé au témoignage de l’une des figures historiques du PPA-MTLD, à savoir Sidali Abdelhamid qui mentionne que «Messali Hadj n’a jamais été le chef et le président du Mouvement du triomphe des libertés démocratiques (MTLD), mais bien au contraire, «le MTLD était présidé à cette époque par Mezghena», précise-t-il.

C’est dans cet esprit que l’animateur voulait montrer que l’histoire est une arme à double tranchant, s’appuyant sur les données de l’époque, il souligne que «Messali Hadj et le PPA n’avaient pas un ancrage politique au sein du peuple algérien à cette époque, mais c’était bel et bien la Fédération des élus de Ben Jelloun et l’association des Oulémas de Ben Badis qui prenaient le dessus sur le plan politique et culturel», martèle-t-il. Zahir Ihaddaden révèle que la formation de Ben Jelloun et celle de Ben Badis, faisaient dans le rapprochement avec l’administration coloniale française, elles ont même essayé de trouver une forme politique adéquate pour assimiler le peuple algérien et l’imbiber dans la grande Fédération française.

Le conférencier fait rappeler que c’est grâce à «Messali Hadj et son parti, le PPA, que le courant qui prônait l’intégration et l’assimilation a connu un sérieux recul au sein de la population algérienne à cette époque, surtout après le Congrès musulman en 1936, c’est-à-dire juste une année avant la création du PPA», fait remarquer le conférencier. Mais dans l’ensemble, l’animateur essaye de faire interroger l’histoire en dehors de toute approche sentimentale, voire subjective même.

Et quand c’est l’Histoire qui atteste d’un événement ou d’une position, à ce niveau-là, Zahir Ihaddaden coupe court avec les supputations pour ainsi dire, replacer l’homme qu’était Messali Hadj dans son contexte historique qui lui sied, à savoir celui d’une personnalité politique qui a joué un rôle historique «Uniquement durant la période de 1926-1954; après cette période, Messali a consacré tous ses moyens et tout son temps pour combattre le Front de Libération nationale», déclare-t-il. Un autre témoignage, cette fois, est fait par l’historien Tahar Gaïd, néanmoins un ancien militant du PPA qui a fini par rejoindre le Front de Libération nationale.

Il considère que ce qu’a dit Zahir Ihaddaden à propos de la mise à mort du PPA-MTLD comme «faux, pour une raison simple que tous les militants qui adhéraient au FLN à cette époque, venaient dans l’ensemble du PPA-MTLD, même si ce n’était pas une condition sine qua non», précise l’intervenant. Quant à Saïd Chibane, il a répliqué par rapport à la position de l’Association des Oulémas en s’attardant sur la notion de nation qui n’existait pas pour l’ensemble des Algériens de cette époque: «A cette époque, les Algériens confondaient la nation avec la tribu, donc, la conscience nationale ne s’est pas encore cristallisée», déclare Saïd. Chibane.