Sélectionné ou pas au Festival de Cannes, l’Aarc, qui est le coproducteur, compte organiser le 18 mai prochain sur le stand de l’Algérie une journée dédiée à ce film, en présence du réalisateur et des deux comédiens principaux du film.
Pour la promotion du film Zabana, nouveau long métrage du réalisateur Saïd Ould Khelifa envoyé cette année pour participer au Festival de Cannes et dont les résultats seront connus le 19 avril prochain, sa boîte de production Laith Média a invité la presse dimanche dernier à son siège pour le visionnage en exclusivité de sa bande-annonce en plus de la projection de quelques extraits du film. Cet événement a été organisé à la veille du lancement de la bande annonce sur le site officiel du film Zabana. Le synopsis du film se présente comme suit:
15 février 1956:
Le gouvernement vote l’usage de la guillotine contre les nationalistes algériens, condamnés à la peine capitale. François Mitterrand est ministre de la Justice.
19 juin 1956:
Ahmed Zabana, trente ans, est exécuté à l’aube à Alger. La lame s’arrêtera deux fois, avant de décapiter, à la troisième tentative, celui qui deviendra le premier guillotiné de la Guerre d’Algérie.
Six mois après éclate la bataille d’Alger! En effet, «Il s’agit, nous a affirmé le producteur Yacine Laloui, d’une analyse du procès d’un militant nationaliste jusqu’à son exécution».
Le film relate les derniers moments du premier militant algérien, Ahmed Zabana, guillotiné en juin 1956.
Cette superproduction réalisée dans un contexte bien particulier, le cinquantième anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie pour les uns et fin de la Guerre d’Algérie pour d’autres, révèle aussi, et pour la première fois au cinéma, le rôle joué par François Mitterrand, ministre de la Justice à l’époque, dans cette affaire… Ce dernier avait été favorable lors du procès, à l’exécution de Zabana, comme on le voit dans cet extrait présenté avant-hier. «Dans tout les cas, l’Aarc, qui est le coproducteur, compte organiser le 18 mai prochain sur le stand (ou pavillon?) de l’Algérie(une première pour notre pays) la journée du film Zabana, en présence du réalisateur, des deux comédiens principaux du film, avec une mini-exposition de photos de tournage, etc.)», nous a confié aussi Yacine Laloui qui nous fera part aussi du problème majeur rencontré pour cette production.
En 2009, la télé avait intégré la production comme partie prenante et avait validé le projet. Or, au moment de la mise en place de la production il s’est avéré que le financement proposé par cette dernière était bien en deçà des attentes avec 30% de moins de ce qui était attendu. «Cela ne pouvait même pas suffire à financer un feuilleton télé». Il a fallu donc revenir aux ministères de la Culture et des Moudjahidine pour demander un soutien supplémentaire et combler cette carence budgétaire. Alors qu’on devait entamer le tournage en novembre 2010, on n’a pu le faire qu’en mai 2011…». Des aléas que connaîssent hélas beaucoup de producteurs en Algérie.
L’idée du scénario est partie d’une pièce de théâtre sur le héros Zabana, nous a confié son auteur Azzedine Mihoubi qui dira avoir regroupé les trois éléments nécessaires pour son écriture et au fur et à mesure qu’il soumettait tous ces puzzles au réalisateur, se constituaient les grandes lignes. Et l’idée grandissait…. D’abord, il a fallu aller à Oran, rencontrer le frère de Zabana, Abdelkader, sa fille, ses amis et compagnons et récolter ainsi toutes sortes d’informations sur lui et sur son enfance. Puis, rencontrer le dernier survivant qu’il a connu en la personne du moudjahid Stambouli pour en savoir plus sur la jeunesse de Zabana. Pour l’écriture du scénario, Azzedine Mihoubi s’est aussi intéressé à la lecture des Mémoires de Ali Zaâmoum dont un hommage est ici rendu à travers ce film, nous a-t-il confié (interprété par Khaled Benaïssa).
Les écrits historiques des Français ont été également une source tout aussi importante pour la documentation, a fortiori sur le rôle qu’a joué François Mitterrand dans l’exécution de Zabana.
Le scénario fini, Saïd Ould Khelifa s’est attelé par la suite au découpage artistique. Rappelons que pour les soins du film, beaucoup de décors ont été refaits, telle la prison de Barberousse qui a été reconstituée, ainsi que d’autres lieux phares. Interprété par le comédien Imad Benchenni, Zabana est présenté dans ce film non seulement comme un militant mais comme un jeune à part entière qui sort et s’amuse comme tous les jeunes de son âge.
Un parti pris du réalisateur afin de souligner «son côté humain et fragile à la fois», nous a indiqué le comédien principal. Ce dernier a dû perdre 7 kilos pour camper ce personnage, suivre une formation à l’Ecole de police Soummaâ de Blida durant 10 jours. Une préparation physique intense avant de s’atteler à se mettre complètement dans la peau du personnage en se basant principalement sur le scénario et incarner ce rôle: Zabana. «Bien sûr que je ressens la grande responsabilité que j’ai en incarnant ce personnage. J’ai vu les images. Le plus important est l’impact qu’aura ce film sur le public. Il s’agit de voir si le message est bien passé auprès des jeunes. On a voulu montrer le coté humain de Zabana. Ce n’était pas un robot prêt à tuer: il aimait se divertir, aller au cinéma, s’amuser, sortir avec ses amis. Le réalisateur a surtout tenu à montrer ce côté humain», a affirmé Imad Benchenni bien crédible dans son rôle et tout en sobriété et retenue.