Les derniers recensements ont conclu qu’il y a beaucoup plus de monde habitant les bidonvilles que ceux qui occupent des maisons à El Harrach.
Idem pour la commune de Semmar où poussent des bidonvilles à la vitesse de la lumière sur des terres censées être plantées d’orge ou de blé. Que faire ?
Telle est la question que les autorités se posent. La réponse est loin d’être trouvée car cette équation contient plusieurs variables. Le citoyens a raison, l’Etat aussi d’ailleurs… et c’est là que ça coince !
Une virée au beau milieu de ces cités «cartons» a été effectuée par notre équipe afin de tenter de comprendre un peu mieux ce phénomène qui a enclenché sa seconde vitesse. «Nous ne voulons pas profiter de l’Etat mais il faut savoir que nous vivons dans des conditions inhumaines», a tonné Abdeladhim qui vient de Tébessa chassé par le terrorisme durant les années de braises.

«Nous vivions bien à Tébessa mais le terrorisme nous a contraints à émigrer. Un éventuel retour au bercail n’est pas prévu par ce dernier puisque sa vie est à présent à Alger : «Je ne peux pas retourner à Tébessa, je me sens beaucoup plus algérois que tébessi».
Sur ce point précis, il est utile de souligner que durant la décennie 1980, période où l’exode rural a atteint son summum, le président de l’époque, Chadli Bendjedid, a ordonné le transfert, par force, des émigrants vers leur wilayas respectives.
Ce souvenir est ancré dans la mémoire de Aâmi Omar ; il fait le point : «Je me souviens à l’époque à Oued Smar, une dizaine de familles sont venues s’installer dans un champ non loin de l’actuelle école militaire, mais Bendjedid a décidé de les renvoyer dans leurs village à Sour El Ghozlane.
Mais avec le terrorisme, ce phénomène est revenu au galop». Le terrorisme a accéléré la «bidonvilisation» de la capitale et a généré d’autres fléaux qui ont eu raison d’El Mahroussa.
«Le point de chute des habitants de toutes les régions du pays, touchées par le terrorisme, est Alger. Cela a d’ailleurs des conséquences fâcheuses sur cette ville.
Ajouté à cela les vieilles bâtisses qui risquent effondrement à tout moment, du coup les gens fuient ces dangers, et ne choisissent pas ces conditions», a avancé Djamel. S’agissant du relogement de ces occupants de bidonvilles, Sofiane et ses amis sont catégoriques : «Nous sommes décidés à taper fort jusqu’à ce que nos doléances soient satisfaites, c’est-à-dire nous reloger comme ce fut le cas pour Diar Echams».
Au quartier Zaâtcha, le calme est revenu après une nuit tumultueuse, où citoyens et forces de l’ordre se sont affrontés. Rabah est habitant de ce quartier depuis 1958, et à ce jour, il n’a bénéficié d’aucun toit. Les graffitis sur les murs de cette cité gourbi indiquent un peu plus la détermination de ces derniers :
«Nous allons nous battre, on attend la satisfaction de vos promesses ou encore Diar Echams Zaâtcha, même combat». Il faut le dire, la gestion d’un tel dossier trop compliqué n’est guère une tâche facile pour les autorités, le train de vie des habitants des bidonvilles n’est pas facile à supporter. Que faire ? Wait and see.
Elias Melbouci