Zaâboub : «J’accuse l’ESS et la FAF»

Zaâboub : «J’accuse l’ESS et la FAF»

Sofiene Zaâboub, l’ancien joueur de l’ES Sétif, a un litige financier avec l’Entente. Il explique son affaire en portant de graves accusations.

Expliquez-nous, en quelques mots, le litige qui vous oppose à l’ESS

Après avoir gagné le doublé en 2012, l’Entente de Sétif me devait de l’argent, en tout dix mois de salaire qu’ils n’ont jamais voulu me verser. J’ai saisi la Fédération algérienne de football par le biais de la Chambre de résolution des litiges. Apparemment, ils étaient de mèche avec l’ESS. Ils m’ont fait attendre un an et demi pour prendre une décision qui pouvait être tranchée rapidement. Au final, ils m’ont donné une réponse négative, c’est-à-dire qu’ils n’ont même pas ouvert mon dossier.

Qu’avez-vous fait alors ?

Je me suis tourné vers le Tribunal arbitral du sport, le TAS comme on le dénomme communément. Pour tenter de se donner raison, l’ESS s’est fait établir des certificats médicaux indiquant que j’aurais été blessé pendant cinq mois, elle a aussi fait appel à un huissier de justice qui aurait constaté mon absence durant ces cinq mois. Lorsque j’ai jeté un coup d’œil au dossier, je me suis rendu compte des graves irrégularités qu’il contenait.

C’est-à-dire ?

On m’a reproché d’être absent pendant une période durant laquelle j’étais, en vérité, en stage avec l’équipe en Tunisie, moi et tous mes coéquipiers de l’époque. Ce qui était facile à vérifier. Pour l’attester par le biais d’un document officiel, j’ai pris contact avec l’établissement tunisien qui nous avait hébergés durant le stage en question, à savoir l’hôtel El-Mouradi Palace. On m’a aimablement envoyé une attestation de séjour, après avoir exigé que je leur donne au préalable une photocopie de mon passeport, ce que j’ai fait. Il était dès lors prouvé que le document de l’huissier de justice était antidaté. D’ailleurs, la feuille du constat de l’huissier de justice était toute neuve, loin d’avoir la « vieillesse » d’un document rédigé en 2011. Dans l’attestation de l’hôtel, par contre, on peut lire que M. Zaâboub Sofiene occupait la chambre 310 avec M. Benhammou Mohamed, en stage avec l’ES Sétif à telle date. Le plus marrant dans l’histoire, c’est que l’huissier de justice a constaté mon absence durant une date qui coïncidait avec l’Aïd. Par ailleurs, j’ai ramené une autre preuve qui dément les allégations du club.

Laquelle ?

Le médecin, dans un de ses trois certificats, a affirmé que j’étais blessé pour une période de deux mois. Il a mentionné une grosse lésion de 5 cm au niveau de la cuisse. Une grosse déchirure, quoi. Je m’aperçois que la semaine suivante, j’ai joué le match en étant titulaire. En fait, j’ai joué tous les matches sans souci. Où était donc la grave déchirure musculaire dont on avait parlé ? Pis, le médecin exigeait de me revoir au bout de deux mois pour juger l’évolution de la supposée blessure. Figurez-vous qu’il a décidé ensuite de prolonger mon indisponibilité de cinq semaines, alors que je jouais encore. La honte ! Le mec est rentré encore plus dans sa connerie. Vous savez ce qui les avait piégés ?

Dites-le nous…

Le problème, c’est qu’ils n’avaient pas les dates précises, ils ont agi dans la précipitation en se disant qu’avec un peu de piston, ils auront gain de cause et me priveront de mon argent.

Donc, selon vous, l’Entente a trafiqué des documents avec une complicité au sein de la Fédération algérienne de football ?

Bien sûr. Déjà, dans mon cas, ce n’était pas à moi d’aller chercher les preuves de ce que j’ai avancé, j’ai saisi la Chambre de résolution des litiges et c’était à l’Entente de Sétif de prouver que j’avais tort, de montrer qu’elle m’avait payé. C’était douteux au départ, déjà.

Que s’est-il passé ensuite au TAS ?

J’ai donc ramené toutes les preuves qui plaidaient en ma faveur. Le TAS nous a renvoyés vers la justice, expliquant que c’était elle qui devait trancher. J’ai alors saisi le tribunal pénal pour pouvoir ramener la décision prouvant le faux usage de faux, après quoi le TAS trancherait. Le tribunal a convoqué Hammar, le président de l’ESS, le docteur en question et l’huissier de justice, parce que je les avais attaqués tous les trois.

Quelle a été la sentence ?

Au final, il y a eu un non-lieu ! Cela veut dire que moi, avec toutes mes preuves, j’ai eu tort, et qu’eux, juste avec leur parlotte, ils ont eu raison. L’Entente a essayé de se justifier ensuite en disant que j’étais effectivement en Tunisie, mais que j’y aurais été de mon propre chef, alors qu’on ne voulait pas de moi. Et qu’en plus on m’aurait relégué dans l’effectif des espoirs ! Même si cela était vrai, il y a une procédure à respecter, notamment le conseil de discipline. Au tribunal, il faut des preuves, on n’est quand même pas au marché.

Où en êtes-vous maintenant ?

L’affaire est en cassation. Le juge d’instruction m’a rassuré, il m’a conseillé de ne pas parler dans les médias. J’ai envoyé une lettre au ministère de la Justice, adressée au ministre lui-même, avec accusé de réception. Mon avocat a plaidé pour mon appel, le délibéré sera connu le 26 février prochain. Entre-temps, j’ai pris la décision d’ébruiter l’affaire à travers la presse. Parce que là, c’est trop !

H. D.

– «L’huissier de justice a constaté mon absence, alors que j’étais en stage avec l’équipe en Tunisie»

– «Le médecin a attesté que j’avais une grosse déchirure alors que je jouais»

– «Et la CRL de la FAF a cautionné tout ça»