Le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, a présenté, jeudi dernier, aux membres de la commission économie et finances de l’APN, les grands projets de son secteur tout en donnant, encore, une fois, d’amples clarifications sur le dossier controversé du gaz de schiste.
Pour le ministre, l’objectif de son département est d’« assurer de l’énergie au pays, car sans énergie, il n’y a pas de développement », explique-t-il, ajoutant que cet approvisionnement du pays est basé sur des décennies, c’est-à-dire à long terme. Il faut, par exemple, « penser aux sources d’énergie qui vont faire tourner nos centrales électriques dans 50 ans », poursuit Yousfi dans un long exposé où il a évoqué les perspectives d’épuisement de nos réserves, de l’option des énergies renouvelables, tels le solaire et l’éolien, de ces immenses potentialités qu’il va falloir, avec les nouvelles techniques, mettre au jour.
Le ministre a fait observer que le solaire est coûteux et que chaque pays devra adopter une politique énergétique selon ses potentialités. « L’Algérie a des potentialités en hydrocarbures qu’elle devra exploiter », a-t-il ajouté, précisant que « l’énergie est garant de notre souveraineté ». Le ministre de l’Energie a ajouté que notre pays a besoin de connaître aussi ses potentialités. Sonatrach a intensifié ces derniers temps ses efforts d’exploration puisque « pour la première fois, elle a pu forer 101 puits en 2014 alors que la moyenne dans les années 70-80 ne dépassait guère les 30 à 40 puits », et cela « avec de bons résultats ». On a même touché « des bassins jamais explorés », a-t-il noté.
Des réserves qui ne suffiront plus dans 50 à 60 ans
Ces réserves ne suffiront pas dans 50 à 60 ans, selon le ministre, « ce qui nous pousse à davantage d’efforts d’exploration ». Pour Yousfi, « personne ne connaît la durée de ce potentiel et il faut donc se préparer à cet impératif ». Pour ce qui est du programme des énergies renouvelables, il a précisé qu’il devra constituer le tiers de la production globale en énergie d’ici à 2030. Il a, néanmoins, mis en garde contre le coût exorbitant de production de l’électricité à partir du solaire et qui se situe entre 10 et 12 DA le kWh contre 2 à 2,5 DA pour le gaz qui est cédé 20 fois moins cher par l’Etat et au coût de production (sans les frais de distribution et de transport) à Sonelgaz pour soutenir les tarifs. Pour ce qui est du dossier du gaz de schiste, le ministre, qui a ramené des échantillons de roches avec lui, a expliqué que « tous les hydrocarbures sont logés dans la roche ». Il faut savoir, dit-il, que « 75% de la roche à Hassi Messaoud est dure et que si on n’utilise pas la technique de fracturation, nous ne pouvons tirer que le quart des potentialités ». Il a réfuté « la mauvaise réputation » qui colle à ce gaz de schiste par rapport à son danger sur la santé et l’environnement. S’il y a eu des incidents dans les premiers temps aux USA, c’est du fait des petites compagnies qui n’observaient pas les règles que le gouvernement a obligées par un texte de loi ultérieur à respecter. Maintenant « des centaines de puits sont forés sans aucun problème ». Yousfi rappelle qu’il n’y a aucune crainte sur les additifs utilisés (qui sont naturels et utilisés dans l’industrie alimentaire) et que les arguments de pollution de l’eau sont « insensés et qu’il n’y a aucun danger de cancer ni de stérilité ». Il a invité les députés à relire le texte qu’ils ont adopté en 2013 et qui comporte « toutes les garanties ». « Si vous estimez que ce n’est pas suffisant, ont est prêt à en rajouter », dit-il. Sonatrach, selon le ministre, a toujours utilisé l’eau en l’injectant dans les gisements comme à Hassi Messaoud pour maintenir leur pression et « il n’y a jamais eu de problème de pollution ou de plainte quelconque ». Pour Yousfi, l’industrie des hydrocarbures comporte toujours des risques telle l’éruption d’un puits mais les moyens de contrôle et les compétences existent. L’usage de la technique de la fracturation est au cœur d’un immense enjeu. Celle-ci va permettre d’augmenter de trois à quatre fois la production dans des gisements en phase d’épuisement comme à Hassi Messaoud et facilitera la mise en exploitation d’autres gisements, à Hassi Rmel par exemple, où l’on vient de découvrir des indices de pétrole pour 75% logés dans la roche. « Est-il raisonnable de rester les bras croisés à ne rien faire et regarder cette richesse ? », s’est interrogé le ministre.
K. Daghefli