Youcef Yousfi, ministre de l’Energie et des Mines : “La création de l’Opep a constitué «un événement majeur» dans l’histoire de l’industrie pétrolière”

Youcef Yousfi, ministre de l’Energie et des Mines : “La création de l’Opep a constitué «un événement majeur» dans l’histoire de l’industrie pétrolière”

C’est en présence d’un parterre prestigieux d’anciens hauts responsables au sein de l’Organisation, dont son ancien président, le Dr Chakib Khelil, que le ministre de l’Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, a prononcé un discours hier, à l’occasion du 50e anniversaire de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP).

La célébration de cet anniversaire revêt une double importance puisque, comme l’a rappelé M. Yousfi, « l’Algérie a non seulement accueilli une première réunion de l’Organisation en 1970, mais elle a également été à l’origine au lendemain du relèvement exceptionnel des prix, de la tenue à Alger, du 1er sommet des Chefs d’Etat de l’Opep en 1975.

Un sommet historique au cours duquel l’Organisation a réaffirmé le principe intangible de la souveraineté pleine et entière des pays producteurs sur l’exploitation de leurs ressources naturelles.

Le ministre indiquera dans ce contexte, que la réunion d’Alger a été également « l’occasion pour les pays membres d’exprimer leur solidarité concrète et conséquente avec les autres pays en développement en créant le Fonds de l’Opep pour le développement international. » Ce Fonds accorde des prêts à des conditions préférentielles, et, aussi, des dons pour les pays les moins avancés.

M. Yousfi qui s’exprimait au siège de son département a souligné le fait que l’Algérie a contribué « activement » à l’action de l’Opep, dès son adhésion à cette Organisation pétrolière en 1969, précisant en outre, que l’Algérie a eu à jouer un rôle important « et parfois décisif » dans les décisions et orientations de l’Opep.

Il a estimé que la création de l’Organisation constitue « un événement majeur » dans l’histoire de l’industrie pétrolière et elle a permis de « libérer progressivement les prix du pétrole des mains d’une poignée de compagnies pétrolières. »

Evoquant les grands challenges auxquels fait désormais face cette Organisation, le ministre a mis en exergue les nouvelles donnes mondiales, expliquant que les prospectives doivent tabler sur de nouveaux défis jusque-là inconnus, tels que la préservation des ressources actuelles pour les générations futures, la protection de l’environnement et la maîtrise de technologies de plus en plus évoluées.

De même, il est question de préserver les intérêts des pays membres, d’œuvrer pour la garantie de recettes stables pour les pays producteurs et un revenu satisfaisant pour les investisseurs ainsi qu’une offre suffisante et continue de pétrole pour les pays consommateurs à des prix raisonnables et équitables, a-t-il estimé.

L’Organisation, a-t-il ajouté, «a instauré et a renforcé une coopération et un dialogue transparent entre pays producteurs et pays consommateurs.»

Par ailleurs, le ministre a passé en revue le parcours de l’Organisation durant le demi-siècle de son existence rappelant que l’Opep a survécu aux différentes crises avec l’objectif d’optimiser ses revenus pétroliers.

• Intervenant à son tour, le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, M. Moussa Benhamadi, a mis en exergue la participation de son département à ce 50e anniversaire à travers l’émission de deux timbres-poste à 15 et 38 DA consacrés à cet événement.

Une exposition de photos d’événements importants dans l’histoire de l’Opep a été organisée au siège du ministère de l’Energie et des Mines pour marquer ce 50e anniversaire de l’Organisation.

Il faut rappeler que cette Organisation est née le 14 septembre 1960 à Bagdad, à l’issue d’une rencontre entre cinq pays producteurs : Arabie saoudite, Irak, Iran, Koweït et Venezuela. Sa création s’inscrivait dans une dynamique d’émancipation des pays du Sud, sur un marché contrôlé par les compagnies anglo-saxonnes.

Un demi-siècle plus tard, l’Organisation compte 12 membres, qui produisent près de 40% de la production mondiale d’hydrocarbures et possèdent 70% des réserves prouvées de brut de la planète, de quoi lui assurer durablement une capacité d’influence significative.

A propos de l’Opep

Basée à Vienne, l’Organisation s’est pleinement imposée en octobre 1973 lorsque les membres arabes de l’Opep décrètent un embargo des exportations contre les pays occidentaux soutenant Israël.

En quelques mois, les prix du brut quadruplent : ce premier choc pétrolier consacre l’importance du cartel et incite les pays industrialisés à fonder l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour défendre leurs intérêts.

L’Opep restera ensuite un acteur incontournable même si sa puissance diminue avec l’arrivée de nouveaux acteurs : suite à un nouveau pic des cours du brut en 1979, des pays n’appartenant pas à l’Opep développent de nouveaux gisements (mer du Nord et golfe du Mexique, notamment).

A partir des années 1980, l’Opep représente moins de la moitié de la production pétrolière mondiale. Elle établit alors son fameux système de quotas qui lui permettra de peser encore ponctuellement sur l’offre mondiale.

La récente crise financière et le ralentissement de l’économie mondiale, qui ont provoqué l’effondrement des prix du baril à quelque 33 dollars en 2008, a représenté un coup de semonce : l’Opep a été contrainte de tailler dans sa production, ses membres appliquant la quasi-totalité (80%) des baisses décidées.

Et loin de s’en formaliser, Abdallah El-Badri se félicite aujourd’hui : « Nos mesures (en 2008-2009) n’ont pas seulement maintenu les prix et restauré un peu de stabilité sur un marché volatile, elles ont aussi conduit à soutenir la reprise économique mondiale. Tout cela confirme le statut de l’Opep comme l’une des institutions les plus influentes dans le monde ».

Il faut dire qu’à court et moyen termes, l’Opep peut compter sur ses immenses réserves pour maintenir son rang, surtout si la demande mondiale redémarre avec la reprise économique.

En effet, selon un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale d’or noir devrait atteindre en moyenne environ 86,62 millions de barils/jour en 2010, ce qui représente une augmentation de près de 1,9 million de barils par rapport à l’an dernier.

Amel Z.