Le gouvernement vient d’adopter un nouveau programme visant le renforcement de la production et de la distribution de l’électricité pour mettre un terme aux coupures récurrentes du courant électrique que connaît le pays ces dernières années.
C’est ce qu’a indiqué hier Youcef Yousfi, ministre de l’Energie et des Mines. «C’est un programme de développement visant à produire 12 000 mégawatts par an d’ici 5 à 6 ans. Nous allons consacrer 1000 milliards de dinars pour la production et 2000 milliards de dinars pour le transport de l’électricité», a précisé le ministre lors d’un point de presse animé hier à l’issue de la visite effectuée au siège de l’opérateur du système électrique de Gué de Constantine.
En attendant le lancement de ce programme, le ministre a appelé «les citoyens à faire preuve de patience et de compréhension des conditions d’approvisionnement des foyers en électricité».
M. Yousfi a reconnu que le pays traverse actuellement «une situation particulièrement difficile en matière d’approvisionnement d’électricité». «Nous produisons 11 000 MW annuellement, ce qui permet de satisfaire largement la consommation estimée à 7000 MW vu que nous devons maintenir 2000 MW pour faire face à une demande exceptionnelle», précise le ministre, qui souligne que l’Algérie connaît deux problèmes : en hiver en raison de l’utilisation du chauffage et en été pour l’utilisation massive de la climatisation.
«L’Algérie se développe. Les gens ont de nouveaux besoins. Nous sommes obligés de satisfaire la demande nationale et de s’adapter à la nouvelle réalité des algériens», dira le ministre. Il rassure que l’Etat va soutenir Sonelgaz dans la mise en place de ce programme. «Ça ne sert à rien de réduire les capacités de cette entreprise nationale. Cela nuit aux citoyens et à l’entreprise aussi. Il faut juste la renforcer» a dit le ministre. M. Yousfi s’est opposé catégoriquement à l’idée de revoir à la hausse les prix de l’électricité.
«Pour le moment, il n’est pas question d’augmenter d’un centime le prix de l’électricité», a-t-il dit. A propos des difficultés que connaît Sonelgaz pour la mise en place de ce plan, notamment en ce qui concerne les lenteurs de réalisation des centrales électriques, le ministre répond que cela va se faire en 3 ans au lieu de 4 ou 5 ans comme cela se faisait par le passé.
Pas d’augmentation des prix
M. Yousfi évoque d’autres difficultés, ne relevant pas de Sonelgaz, comme l’acquisition de foncier pour la réalisation de centaines centrales électriques, notamment en milieu urbain et l’opposition des populations à l’installation des canalisations de transport sur des terrains privés, qui risquent de ralentir la cadence de la mise en place de ce programme.
«Nous allons trouver des solutions pour permettre à Sonelgaz d’installer ces chantiers», a-t-il rassuré. Selon lui, «Sonelgaz doit faire plus», en matière de maintenance de ses lignes et de réparation de ses réseaux. Revenant sur la situation cruciale de coupures électriques dans l’est du pays, le ministre a tenu à rassurer la population des wilayas de Béchar et d’El Oued quant au rétablissement de la situation d’ici la fin du mois en cours. «La centrale de 150 KW sera opérationnelle d’ici la fin du mois», a-t-il dit.
Pour Noureddine Bouterfa, PDG de Sonelgaz, le principal problème des défaillances enregistrées dans l’approvisionnement électrique est «la hausse de la consommation». «En 2008, nous avons vu venir la climatisation qui a fait chambouler le rythme de la consommation. La situation a commencé en 2011 où nous avons enregistré un pic de 14%. Cette année, ce pic est à 14,5,
donc il est structurel et non pas conjoncturel», a-t-il expliqué. «La production seule ne suffit pas. Il faut développer et multiplier le réseau de transport», a-t-il suggéré, soulignant que «un tiers de ce réseau n’a pas pu être réalisé». Selon ses prévisions, «10 millions de foyers équipés en climatiseurs nécessitent 20 millions de KW».
Nouria Bourihane
